Tirée de gen hcn |
Dans la poussière du grenier entre deux vieux numéros d’un magazine qui n’est plus à la mode, j’ai trouvé un vieux revolver. Un jouet de mon enfance, du temps où les jeux électroniques ne nous tenaient pas encore en otage.
Je me souviens. Le samedi nous allions chez Marc, moi, mon
frère , les voisins pour y acheter devant la mine amusée de l’épicier , des revolvers en plastique et
un rouleau de pétards. C’était pour jouer aux cowboys.
J’ai appris à faire le mort en venant au monde, ce qui fait
qu’à six ou sept ans et peut-être avant j’étais le champion du décès.
Si vous aviez vu ! Quelles cabrioles. À peine avais-je
entendu crier par un cowboy ennemi : « pow ! pow! T’es mort ! »
que déjà, j’improvisais ma pirouette.
Quelquefois je mourrais à genoux, les mains portées au ventre, la souffrance
sur le visage, fier comme un cowboy pour qui la justice n’a de prix que sa
propre mort.
Un jour, mille extravagances mortuaires passées, la fatalité
eut raison de mes singeries. Décidé à mourir
dans une bataille qui passerait à l’histoire du far-west de derrière le
cimetière, voilà que je me mets à chercher la mort. Et qui cherche rarement
trouve. J’ai donc survécu jusqu’à la fin
, croyant même pendant un moment devoir recourir au suicide pour enfin
atteindre la jouissance suprême que procure la fatalité.
Mais heureusement, un fûté, je ne sais comment , embusqué
derrière un monument funéraire est sorti tout à coup de sa retraite et à donné
le cri dernier : « pow ! pow! T’es mort ! » Quel bonheur
!
Aussitôt tombé par terre, écrasant quelques marguerites au
passage, me voilà qui déboule la butte, et quelle descente! Déjà je sais
que mes compagnons, jusqu’à la prochaine bataille ne parleront que de cette belle séquence. C’est l’apogée de ma
gloire western !
Je m’excuse au terme de ma roulade contre la clôture du
cimetière, souhaitant pousser plus loin mon audacieuse aventure, je feins de me
relever dans un dernier sursaut de vie pour me laisser choir à nouveau.
Quelle bêtise! Un frisson me traverse tout le corps, par
terre oubliée là sans doute par un buveur solitaire, une bouteille à demi
cassée, mon pantalon brisé à la hauteur
de la fesse est lui tout rougi…Triste fin pour un héros!
Les rares personnes qui ont aperçu cette longue cicatrice, témoignage de cette aventure , ont tous posé , intriguées , les mêmes questions. Qui ? Comment ? Et où? Et j’ai beau dire la vérité, on ne me croit jamais ! Et pour cause, qui peut croire une réponse pareille : « C’est la mort qui m’a coupé dans un cimetière ! »
Cette histoire est véritablement arrivée.J'y étais.
RépondreSupprimerD.B.