Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

vendredi 27 février 2015

Les 5W de Raymond Lessard

La machine de monsieur Raymond conduite par son fils Rock  qui faisait la promotion de ses Peugeot  pendant le défilé de la Saint-Jean de 1975.
Le trailer "triporteur" de monsieur Raymond est-il l'ancêtre du quadriporteur ? 

Le génie mécanique de monsieur Raymond faisait de lui un patenteux hors pairs.J'aurais bien voulu voir la face déconfite  du fonctionnaire qui a procédé à l'immatriculation de ce véhicule ? 

Mais il y a plus important. Toute invention devrait répondre  au 
5 W:  Who,What,Where,When,Why. C'est le Why qui manque ici.Le qui, le quoi, le où et le quand ont trouvé réponses. Mais  pas le Why: pourquoi donc monsieur Lessard avait-il inventé sa patente ?  
Utilité: un trailer toujours prêt à se rendre au dépotoir! Les sites d'enfouissement n'existaient  pas dans les années 70 : on disposait de nos ordures au dépotoir, soit une coulée située près de l'aéroport qui, fait surprenant de nos jours, longeait la rivière Bergeronnes ! 


Le vélocipède à vapeur  fut d'abord une patente. Puis , il y eut la moto!  
Le pourquoi est en partie répondu. Mais outre l'utilité de la patente, monsieur Raymond n'avait-il pas aussi grâce à sa machine fait la promotion d'une façon différente de se déplacer ? N'avait-il pas aussi en utilisant cette machine souligné  la particularité propre à tous les villages, c'est-à-dire  cette liberté  que nous avions de créer et de pouvoir essayer nos patentes sans se faire achaler par les règlements et les normes. 

La question reste entière :le trailer "triporteur" de monsieur Raymond est-il l'ancêtre du quadriporteur ? 

vélocipède à vapeur  1869



J'ai planté un chêne ...

 Madame Adèle avait 67 ans et monsieur Lessard , 53 ans .
Planté un arbre a toujours été un symbole fort. Aujourd'hui, planter un arbre est une revendication très claire:" il faut sauver la planète, je suis un vert..." C'est écolo, oui, mais ne soyons pas dupes, c'est aussi un geste récupéré par les entreprises : si un client accepte de recevoir une facture par courriel, on sauve du papier et en plus on plante un arbre ! Mais la même cie de téléphone vous vend un nouveau cellulaire amélioré et ne récupère pas l'appareil obsolète!  C'est un peu contradictoire...

Si j'ai commencé cet article par une argumentation, c'est pour souligner le caractère  de Charles-Edmond Lessard.  Il savait réfuter les arguments de ses vis-à-vis  et défendre son point de vue avec aplomb. Et souvent avec raison. 
Il était incontestablement un leader.
Cette scène remonte à 1975

Toute sa vie, il s'est impliqué dans sa communauté avec ce que tout cela suppose de travail, de suite dans les idées et de débats. En fut-il heureux ? J'oserais croire que oui. Celui qui qui fut maire de 1957 à 1969 et de 1971 à 1977 , n' a pas toujours fait l'unanimité. Mais c'est à ce prix que les hommes politiques prennent position, acceptent de faire face à l'opposition et font la promotion de leur idéal. 


En plantant un arbre en compagnie de madame Adèle Lapointe (Larouche), monsieur Charles-Edmond répétait un geste qui lui était familier: il préparait l'avenir.



1972, Le Progrès-Dimanche

 






dimanche 15 février 2015

Le Gala des Bergeronnais

Serge Anctil et Robert Bouchard
Les Arthur sont nés d'abord d'un vol inconscient. J'avais volé, sans le savoir, le pseudonyme de Pierre Rambaud.* Je signais dans le journal communautaire  Le Maillon des billets sur des sujets divers. Et j'y parlais de mon ami Arthur. De ce qu'il pensait, de ce qui l'animait ou  le faisait pleurer. Puis Arthur s'est mis à écrire et à penser par lui-même . En signant Arthur, je donnais la parole à des gens qui ne pouvaient pas écrire. Mes billets , si je les relisais aujourd'hui, pourraient être facilement liés à un Bergeronnais qui m'avait confié une pensée, un secret, en sachant très bien que je chargerais Arthur de parler à sa place.

La troupe des Arthur est né d'un Gala , le Gala des Bergeronnais qui avait lieu le 24 juin. Au tout début, nous remettions des Arthur pour honorer une personne dans le village . Je me souviens de beaucoup de récipiendaires, mais en particulier de madame Aurore Maltais. Elle avait gardé précieusement son document et l'avait accroché dans sa cuisine. Quand je me rendais à la salle de quille , elle m'appelait Arthur.

.




Que disait ce document :
La république de la joie de vivre de Bergeronnes est heureuse d'honorer ____________ pour sa contribution à la vie communautaire du village.

Et c'était signé: Arthur.

En appelant le ou la récipiendaire , on en profitait pour faire quelques gags , pour faire deviner son identité par le public en présentant des objets  qu'on avait "volés" avec l'aide d'un complice.








Madame Aurore vient d'en raconter une bonne!

La recette fonctionnait et on avait vraiment beaucoup de plaisirs à honorer des Bergeronnais .

Madame Aurore était une femme spéciale, les jeunes de mon époque se souviendront qu'on pouvait se confier à elle et recevoir des conseils qu'on ne suivait pas toujours, mais son oreille attentive suffisait à déclencher une réflexion...Voilà pourquoi son Arthur était pleinement mérité.

Puis est née, La troupe des Arthur. Mais ça , c'est une autre histoire!

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* Lire aussi : Made by Arthur Simard
http://bergeronnais.blogspot.ca/2015/12/made-by-arthur-simard.html


Genèse 

 (Faut imaginer que je parle à Serge Anctil, à Guy Anctil, à Luc Anctil,  à Réjean Bélanger, à Joris Gravel, à Aldo Bouchard, à qui encore ... je ne sais plus. Puis  s'est greffé plein de monde sur ce mode théâtral où les personnages du  village étaient à l'honneur... )

J’ai cherché à me souvenir comment tout cela avait commencé. Je me rappelle juste que j’avais trouvé la place pour faire le spectacle avant de l’avoir écrit, avant d’avoir formé la troupe,  avant d’avoir demandé la permission aux responsables des Fêtes Nationales locales si on pouvait s’inscrire au programme… Je me disais que de toute façon, je n’accepterais pas une réponse négative, et que dans le cas d’un non, je serais encore plus motivé à le faire. On ne perd jamais quand on veut gagner.

- T’es malade Bouchard. Crisse y reste trois semaines !

Ce sacre a été enseveli sous la montagne de bruits que seul un abat peut faire dans une salle de quille. Dans un film, on aurait entendu le tonnerre ou un train.

-Deux semaines : j’écris deux sketchs  en un soir, vous en écrivez deux aussi, ça en fera 12, à la fin y faudra en jeter au moins quatre !

Suis-je convaincu ? Pas le moins du monde. Mais j’ai déjà la salle, le nom de la troupe et la troupe. On est 6 à parler, qui dit quoi à qui ?

-De quoi on parle ?

-On parle du village... dis-je.

-Du garage à Ti-rock, de l’épicerie chez Marc, du moulin à Nazaire! On peut faire ça! ?

-Comme dans Séraphin.

-Bonne idée, mais plus comme les Cyniques mettons!

- On sera jamais assez de six .

-Pour écrire : oui.  Pour jouer, vous avez des sœurs, des frères , des blondes… Je suis maintenant convaincu, j’ai vu dans l’œil des gars la même étincelle  que dans la chambre des joueurs. Je suis assez convaincu pour laisser couler le reste du plan.

-On va jouer à l’Élan, dans la grande salle, notre troupe, c’est la troupe des Arthur.

-Crisse, Méo va trouver ça drôle , son père s’appelle de même.

Ce crisse-là, lancé plus fort et sans le camouflage d’un abat ou d’une réserve,  nous vaut les remontrances de madame Aurore . Je lui ai déjà expliqué que notre génération ne sacrait pas parce que pour nous il n’y avait plus rien de sacré. Dieu est mort , je l’ai lu dans un livre ! que je lui avais dit. Disons qu’elle en avait lu un autre qui prétendait le contraire.

-Méo, y va faire un bon acteur.

Pis la conversation se perd dans l’odeur enfumée de la salle de quille. Madame Aurore , la tenancière, nous épie avec tendresse, elle se demande comme à chaque fois qu’elle nous voit en petit groupe dans la salle de pool, ce qu’on peut bien encore inventer.

-Les gars avez-vous fini ? Je vais fermer là ! Cela dit sans autorité aucune.

Elle a déjà allongé la fermeture de trente minutes pour nous laisser la chance de jaser. On part en la saluant, sans oublier de s’acheter du lunch pour le chemin. En plus, elle nous fait crédit sur son bras.

-Jusqu’à demain pas plus ! Cela dit avec beaucoup d’autorité.

Dehors, on a une idée. On va remettre des certificats. Des trophées comme aux États, des Arthur! Madame Aurore sera la première Oscarisée !

-Les gars que je dis, on a une ostie de bonne idée.

Tout d'un coup, c’est comme au hockey! Tout à coup, on se fait des passes, on partage le puck , la rondelle roule pour nous autres, on se trompe , on rit , on joue large,  on back check !

On a jasé comme ça, assied sur le cran chez Patrick  jusqu’à deux heures du matin. On a même oublié d’envier ceux qui avaient l’âge d’entrer au Madisson Square Fortinne , le bar situé juste en face du cran, de l’autre coté de la 138, de l’autre coté du miroir !  On s’était saoulés de nos idées de théâtre.

Donc à cause de René, l’été  de 1977 fut inauguré sous le thème de La mémoire en fête , slogan d’une Fête Nationale toute neuve que s’était donnée les Québécois en même temps qu’un gouvernement séparatiste. Cet été-là  allait m’ouvrir toute grande les portes du théâtre.





dimanche 8 février 2015

Quand les gymnases étaient des lieux artistiques!

 André Simard a participé aux Jeux de Munich alors qu'il avait 27 ans!
Qui se souvient du passage d'André Simard au gymnase des Escoumins ? Jusqu'à preuve du contraire, j'oserai dire, personne! Quand en avril 1966, Raymond Hénault , professeur à l'académie Bon-Désir, l'a invité pour une démonstration ,  ce jeune homme se préparait à participer aux Jeux olympiques d'été de Munich en 1972. Athlète accompli, il fut aussi entraîneur de l'équipe canadienne de gymnastique. Aujourd'hui, Simard est un créateur international spécialisé dans les acrobaties aériennes. Pour les curieux, voir ce lien:des nouvelles de Simard .


Hénault à l'oeuvre.
Le professeur Hénault comme l'appelait les gens  du coin, était enseignant de gymnastique.  Pas d'éducation physique, de gymnastique! Il faut dire que l'homme ne disposait pas de plateaux sportifs très variés: une salle, l'aréna et tout le village! Fautes de gymnase, la gymnastique était à l'honneur. La grande salle du couvent était basse de plafond et présentait un plancher de terrazo: du ciment décoré! Et de plus , elle servait de salle de cinéma, de salle de réunion , de salle de théâtre, de salle du conseil , de salle d'accueil pour les élèves, de salle de réception,de salle de bingo et "in infinitum" aurait dit le curé Gendron ! Bref, Hénault, n'étant pas homme à se laisser indisposer par le manque de ressources,  y  enseigna la gymnastique et le karaté. Les sports de combat l'ont toujours attiré, si bien qu'en 1976, il est juge à la lutte lors des Jeux Olympiques de Montréal .



Hénault et une élève, Martine Hervieux .
Il faut dire que cet homme avait de la suite dans les idées , après son départ de Bergeronnes, il s'est investi dans sa communauté d'origine et a reçu en 2009," le Prix du bénévolat en loisir et en sport Dollard-Morin, pour la qualité de son engagement dans les domaines du loisir et du sport dans la région de Lanaudière. Tout au long de ses 46 années de bénévolat, Raymond Hénault a travaillé pour favoriser et accroître les activités de loisir et de sport offertes dans sa communauté. "(journal Hebdo Rive-Nord) Hénault aura enseigné pendant 39 ans, il prend sa retraite en juin1997! Qui dit mieux ?
Une pyramide humaine entre deux poutres!



Ce n'est qu'en 1977 que les élèves du secondaire pourront  enfin avoir accès à un gymnase. L'esprit de clocher aidant, les politiciens locaux n'ont rien fait pour aider la cause de l'éducation , le retard accusé par le secteur BEST dans le domaine du sport scolaire était effarant! Mais pas assez sans doute. pour faire unanimité autour du projet qui mena à la construction de la polyvalente des Berges.

À tous les Hénault de cette époque qui ont enseigné le sport sans gymnase, la chimie sans éprouvettes, la physique sans laboratoire... et qui ont préparé des centaines de jeunes aux étude supérieures, je dis  bravo!

GRANITE ET POÈME POUR VILMOND

J'ai toujours eu pour Vilmond Desbiens beaucoup de respect. Vilmond, c'était pour nous les petits Bergeronnais, le Camp à l'abbé.  L'abbé avec un petit a parce que Vilmond n'était pas du genre à s'élever au-dessus des autres, même qu'au contraire, il savait se pencher vers les plus petits pour les faire grandir.

Qu'est-ce que c'était le Camp à l'abbé ? C'était d'abord un duplex qui avait servi autrefois pour accueillir les familles des gardiens du Barrage de la coopérative  de la rivière Petite-Bergeronnes. Et puis quand Hydro-Québec a pris possession de toute l'affaire (11 février, 1964) , que le fonctionnement des barrages s'est automatisé , et là je résume très rapidement , Vilmond est devenu l'administrateur du site en vertu d'un bail emphytéotique. Vilmond alors abbé, a donné au site une mission : accueillir les jeunes élèves de l'Académie Bon-Désir à ce camp pour leur faire vivre une expérience de découverte. Vilmond était un prêtre  que je qualifierai de social, en ce sens où  il savait qu'un intellectuel ne peut être heureux que s'il touche à la vie, c'est à dire  au quotidien des êtres qu'il veut aider. Vilmond avait lu et étudié Alexis Carrel et sa vision de la vie en avait été à jamais teintée.

La beauté morale laisse un souvenir inoubliable à celui qui , même une fois, l'a contemplée. Elle nous touche plus que la beauté de la nature, ou celle de la science. Elle donne à celui qui la possède un pouvoir étrange, inexplicable. Elle augmente la force de l'intelligence. Elle établit la paix entre les hommes. Elles est, beaucoup plus que la science, l'art et la religion, la base de la civilisation. (L'homme cet inconnu, p.189, Livre de Poche , Paris,1935)

 
Le site du camp,  c'était aussi cette chute immense qui se jetait avec force dans une  vallée graveleuse et qui se laissait ensuite endormir pour former un lac propice à la baignade, pour finalement se jeter un peu plus loin dans les verdoyantes terres de la vallée des Petites-Bergeronnes. Entourés par des pics sablonneux et  d'un cap rocheux, le site profitait d'un micro-climat extraordinaire! Si le village voyait le vent
refroidir l'été, le camp à l'abbé était la destination à prendre pour gagner une dizaine de degrés et profiter d'une plage de galets .

Ce fut longtemps la destination préférée des amis du terrain de jeux , des 4H d' Adalbert et des élèves de l'Académie .




Puis le Camp fut un peu abandonné. Le lac Gobeil voisin, était plus facile d'accès et Vilmond se fit plus rare dans le village. Comme de nombreux prêtres , il avait quitté le sacerdoce et avait poursuivi son chemin ailleurs dans la région de Baie-Comeau. Il revint aux Bergeronnes pour diriger la polyvalente des Berges dans les années 80. C'est à cette époque que j'eus avec Vilmond , des discussions politiques et philosophiques fort intéressantes .J'étais un jeune adulte de 20 ans  et j'avais perdu mon père. Vilmond qui était aussi un ami de la famille et un cousin de mon père m'a alors  souvent aidé avec beaucoup de discrétion. Je puis dire de cet homme qu'il était étanche comme une tombe.



Claude Boulianne, Aldo Bouchard, Robert Bouchard, Guy Anctil et  un jeune campeur








C'est avec son appui que le Camp à l'abbé reprit du service . De 81 à 83, le camp à l'abbé devient officiellement un camp de vacances reconnu par les autorités provinciales. Gravitent autour du projet: Aldo Bouchard, Guy Anctil, Claude Boulianne, Line Gauthier (cuisinière accomplie qui a fait des miracles avec un budget limité !)... et beaucoup de bénévoles qui nous donnaient un coup de main comme animateurs ou animatrices d'un jour ! J'ai chaussé les bottes de Vilmond et j'ai pu vivre là, des expériences marquantes. Des moments que je n'oublierai jamais.Je me prenais pour Vilmondo Desbientos,(comme je l'appelais à la blague) le Dom Quichotte de Bergeronnes.

Puis le projet d'une usine de granit est venu mettre fin à l'idée de développer le site. Je n'entrerai pas dans les détails , mais disons que je n'ai jamais discuté de mon opposition à ce projet avec Vilmond. Il y travaillait avec tant de détermination  qu'il aurait été indécent de le troubler avec mes considérations écologistes! Je n'ai pas assisté non plus à l'inauguration officielle de l'usine présidée par Bryan Mulroney, alors Premier Ministre du Canada ...En 1989, j'ai écrit ce poème pour Vilmond.  


Photo :Pierre Rambaud




    La rivière de la vie a coulé
Sans jamais s'arrêter
    On n 'a pas vu le temps filer
Et le soleil s'est levé
     Sur un autre été

Pas loin du terrain de l'usine
Encore des cris d'enfants
Montent dans le ciel humide,
Au-dessus du grand camp!
Pour que papa n'oublie pas
Que gamin ,il jouait là
Il a amené Pierrot et Ti-Guy
Au pique-nique de la compagnie

Les enfants, on ne les voit plus,
Les outils mécaniques n'ont pas la mémoire
Des baignades éternelles
Des chants joyeux
Des ballons qui tournent
Au dessous  des étoiles
Des feux qui regardent les arbres

On ne joue plus à ces jeux-là!
Au bout du sentier de gravier
On a construit la belle usine
On ne joue plus qu'à la bourse
Pour que papa travaille
Et que la roue tourne autrement

Des tonnes de granite ont piétiné les jeux d'hier
Un bulldozer enterre les oiseaux
Et le soleil salue les dignitaires
Venus voir le Premier Ministre au ciseaux
Tailler l'avenir dans le passé

Les ballons sont crevés
On dit aux enfants de se taire
Pour écouter les dignitaires
Dans les yeux tristes d'un actionnaire
Soudain, la rivière coule à l'envers
Il aperçoit quelques enfants d'antan
Devenus des ouvriers trop grands,
On dirait qu'ils vont lui crier:
Hé! l'abbé, quand est-ce qu'on va se baigner?!

Merci pour tout l'abbé !

Robert 27 11 89

























Photos en vrac de l'album du camp 






















mercredi 4 février 2015

Hockey 1973:l'année de tous les dangers,


Que s'est-il passé en 1973 ? Bergeronnes a toujours eu un avantage "stade couvert" , mais en 1973 , Forestville prend son envol, le Centre Villuc  a ouvert ses portes et la saison de 1972 - 1973 révèle une nouvelle dynamique : les équipes de Forestville ont plus de temps de glace et évidemment  sur la patinoire, les résultats sont révélateurs! De plus, les villages voisins profiteront également de ce nouvel édifice, d'abord en louant du temps de glace, puis en rejoignant les équipes locales. Ainsi Bergeronnes et Tadoussac feront équipe pour regrouper les jeunes joueurs de chaque catégorie. On fera de même à Forestville. Le hockey est gagnant sur toute la ligne. Toutefois, on verra disparaître des horaires des tournoi de hockey mineur les noms de beaucoup de municipalités.Déjà, une certaine dévitalisation se fait sentir, le nombre d'enfants diminue et les regroupement pour pouvoir former des équipes sont devenus la norme.  L'aréna de Bergeronnes qui fut le berceau des tournois de hockey mineur en Haute-Côte-Nord est aujourd'hui fermé.

Juvénile 1973 :Bergeronnes perd contre Porneuf.

Pee-Wee 1973: Forestville gagne!

Mosquito 1973:Forestville gagne !



Bantan 1973: Bergeronnes gagne !

dimanche 1 février 2015

La légende du ruisseau Sirois.





Rosario , un cultivateur à la retraite, regardait chaque jour au bout de la route qui débouchait sur ses champs. Il espérait y voir surgir un loup , un loup qui croyait-il, était en fait le diable. Armé de sa carabine, jour après jour , il faisait le guet. Mais ce foutu diable ne se montrait jamais le bout du nez. Pourtant, il en était persuadé, c'était lui qui avait pris son fils lors d'un grand incendie dans la région de Forestville. Ce fils qui se destinait au ciel en devenant pilote d'avion avait fini noyé dans une rivière.

 Un jour, par temps gris, le brouillard l’empêchant de surveiller ses moutons, Rosario décida de se rendre au bout de la route qui menait à son champ. 

Marchant lentement , Rosario aperçut des traces  dans la  boue. C'était des traces fraîches , faciles à suivre  car elle longeait le ruisseau Sirois. Même s’il trouvait cela absurde, il ressentait une présence…Angoissé, son cœur se mit à battre trop rapidement. Il tremblait de tous ses membres et même s’il tentait de se convaincre du contraire , une ancienne peur vint encore le hanter. Cette atmosphère lui rappelait le tragique jour où son fils avait été attaqué par les flammes . Soudain, il sentit un souffle chaud dans son cou, tourna vivement la tête, fléchit les genoux et trébucha . Il releva les yeux et aperçut la source de son problème qui se dirigeait vers lui.

 La bête, de ses griffes acérées, tenta  de donner une griffade à Rosario. Celui-ci l’évita en se lançant vers l’arrière. Il pouvait maintenant voir  juste au-dessus de lui le museau suintant de l’animal , ses crocs pointus prêts à le mordre. Les yeux globuleux  et le souffle haletant, le monstre  lança un grommellement inintelligible . Rosario empoigna le quadrupède par le cou , il sentit que la bête allait maintenant lâcher prise…Alors qu’il allait la frapper jusqu’à ce qu’elle meure , il entendit une voix crier. 

 « Chéri , cesse de martyriser ce pauvre Fido!  Viens, il est l’heure de tes médicaments  », soupira –t-elle. 

 C’était sa femme . Décidément, son mari, Rosario , n’était plus le même depuis que leur fils avait péri pendant un incendie de forêt 

Au bout du champ, Fido hurla toute la nuit. Rosa eut l'impression qu'elle entendait à travers ces hurlements animals, les pleurs d'un homme.Elle n'en dit rien  et comprit que parfois le silence est obligé par les circonstances. Le chien fut retrouvé au matin noyé dans le cours d'eau qui marquait les limites des terres de Rosario.

Rosario vendit la terre. Et jamais il ne reparla  de ce jour fatidique où le diable lui avait ravi son fils. 

Quiconque longera sur sa longueur ce ruisseau, entendra le gémissement de ce vieil homme qui jusqu'à sa mort ne cessa de pleurer son fils. Oserez vous ?


  • Latitude: 48° 16' 36'' North   
  • Longitude: 69° 33' 7'' West   
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