Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

vendredi 31 juillet 2015

Je veux le 34.

Thermomètre en Fahrenheit 
Aux Bergeronnes , avant 1957 lorsqu’un abonné du Bell décrochait l’acoustique , c’est madame Vitaline Lapointe responsable de la centrale téléphonique qui répondait (épouse de l’illustre  cordonnier  René Simard).  Il suffisait alors de lui indiquer le numéro qu’on voulait rejoindre. Et si vous aviez oublié le numéro de votre correspondant, elle le trouvait rapidement, elle les savait tous par cœur ! Ainsi, pour faire une commande chez Victor Guay ,on demandait le 34.  

Selon la Revue d’Histoire du Bas-Saint-Laurent, les compagnies reconnaissaient
« l'importance du secret des conversations téléphoniques puisqu'un règlement exige (alors ) d'assermenter à cet effet deux personnes à chaque central. » (NDLR : on disait un central téléphonique .)  

Pour établir une communication, il fallait décrocher le récepteur et tourner la manivelle située sur le côté de la boîte. L’opératrice établissait la communication.

Picasa V. Quinn : collection famille Simard
Selon la  Chronique un Brin d’histoire ,  «  il arrivait très souvent  que des abonnés se partagent la même ligne téléphonique, et chacun avait son code. (…) Bien entendu, tout le monde savait qu’il y en avait qui écoutaient les conversations des autres, aussi les gens prenaient-ils mille et un détours verbaux pour parler de choses graves, du genre :
  «Tu sais la jeune fille dont je t’ai parlé l’autre jour? Eh bien, elle est partie en vacances chez sa tante à Québec, pour six mois»,
 -Tu m’en diras tant!
 Et elles étaient tout heureuses de croire qu’elles étaient les seules à se comprendre. »  

Quoi qu’il en soit le téléphone fut pour nos ancêtres, l’internet de cette époque . Imaginez : on pouvait sans quitter son domicile savoir si le marchand du coin avait en stock ce que l’on désirait. Et les nouvelles allaient plus vite ! Pas aussi vite qu’avec les réseaux sociaux…mais tout de même certains secrets étaient vite passés sur le fil qui parle !  

Jusqu'à preuve du contraire...

jeudi 30 juillet 2015

On est passé dans le Plein-Jour- Article Éric Savard (à Gilbert) 1978

Aujourd'hui, les enfants n'ont pas un an et voilà qu'ils ont été médiatisés aussi souvente fois que Winston Churchill ! Quand j'étais adolescent, passé dans le journal était un exploit. Il fallait avoir gagné quelque chose ! Il fallait gagner sa place dans le journal ...Le petit article que je vous livre aujourd'hui , remonte à février 1978 ! Et je vous jure que même si on avait rien gagné cette fois-là , on méritait amplement notre place dans le journal . Ce fut l'un des matchs les plus rudes que j'ai connu lors de mon passage au hockey mineur.(Il y en a eu d'autres mais j'étais trop assommé pour en garder le souvenir !) 

Je n'ai jamais autant parlé aux arbitres que ce dimanche après-midi . Les punitions furent nombreuses, mais pas assez ! Cette partie de hockey que Bergeronnes avait facilement dominée dans les deux premières périodes s'est soldée par la victoire de Forestville malgré les efforts incessants de mes coéquipiers .  

Harcelés sans cesse et souvent déroutés par les décisions injustes et l'aveuglement volontaire des arbitres, les joueurs bergeronnais ont capitulé ! Les punitions ont amené notre équipe à présenté un jeu défensif improductif , il va de soi, et les erreurs provoquées par la pression de l'équipe adverse qui était en avantage numérique , ont fini par nous clouer le bec. Evidemment, c'est mon point de vue, n'importe qui à Forestville vous racontera le contraire.

Mais peu importe , la semaine suivante en arrivant de la poste où j'avais recueilli le journal ,  j'ai quand même pu crier en entrant dans la maison  : "Maman , on est passé dans le journal !"


L'article est de Éric Savard (Fils de Gilbert et  Éléonore Fortin)



samedi 25 juillet 2015

J'ai vu le loup , le renard ,le lièvre .

Journal Plein-Jour sur le Saguenay, 29 juin 1977.  Photo: Pierre Rambaud. 


Pour les amoureux de Félix :une photo sur laquelle vous pourrez reconnaître Clément Gagnon , Mme Joséphine Lessard , (doyenne du village ) de dos , probablement- à son port gracieux-, Lydie Bouchard , et l'autre, Leclerc. On a remis au troubadour , une baleine sculptée par monsieur Herménégile  Gagnon . 

Monsieur Gagnon était un artiste autodidacte qui  reproduisait la faune bergeronnaise avec passion. Je ne sais pas si ses sculptures furent un jour,  l'objet d'une exposition ? Quant à moi, j'ai eu la chance   de voir quelques oeuvres  lors de la livraison du lait sur la Côte-à-Bouleaux. Mon père,Ovila,  préférant aller en face, chez Rénald, j'avais droit à une livraison culturelle! 

1977 , l'église était devenue un centre communautaire.
Pour preuve, ce billet de ma collection . $4.00 pour voir Félix !
Une pinte de lait (pas un litre !) se vendait 33 cents à cette époque . 

Plusieurs personnes furent déçues de Félix, non pas que sa prestation ait été de moindre qualité, au contraire , on connaît les qualités sonores de l'Église Notre -Dame de Bon Désir , les déceptions vinrent du fait que Félix passa chez-nous comme un lièvre. Félix n'était pas jaseux. La présence de Gilles Vigneault aurait été pour le jasage plus satisfaisante ! Personnellement , je me souviens que ce spectacle fut une découverte. J'ai gardé mon billet et depuis je les collectionne. 



Saint-Pierre des Bergeronnes :berceau des Bouchard Barnabé


Famille (Bouchard) et Langelier 
Ne vous brisez pas les yeux à lire ce document, j'ai tenté d'en faire une version. Incomplète certes, mais très révélatrice. 


Le 20 janvier 1882, après  publication de deux bans aux prônes de nos messes paroissiales ainsi qu'aux prônes des  messes paroissiales de Saint-Pierre des Bergeronnes comme il appert par le certificat respectif du Révérend C.G. Parent , Curé des Escoumins et desservant Saint-Pierre des Bergeronnes, en date du sept  du courant entre Barnabé Bouchard, cultivateur domicilié à Saint-Pierre des Bergeronnes ,fils majeur de Julien Bouchard cultivateur et de Rose Délima Raymond de cette paroisse (Saint-Irenée) et Caroline Gauthier domiciliée en cette paroisse, fille mineure de Augustin Gauthier , cultivateur et Artémise Perron de l'Isle d'Alma , Saguenay , d'autre part et (illisible ) la dispense du troisième ou quatrième degré de consanguinité accordée par le Très Révérend Narcisse Doucet, Vicaire général du Diocèse de Chicoutimi et curé de la Malbaie  en vertu d'un (illisible ) accordé à Rome le deux juin mil huit cent soixante dix huit, en date du seize du courant (illisible) déclaré aucun autre empêchement au dit mariage agréé des parents de l'épouse .(illisible ) Prêtre  ,Curé de cette paroisse avons reçu (illisible ) consentement de mariage et avons donné la bénédiction nuptiale en présence de Julien Bouchard, père de l'époux et de Elzéar Gauthier , beau-frère de l'épouse, l'époux ayant signé(illisible) Le père de l'époux ayant déclaré ne savoir signer .Lecture faite...
(signatures ) et date incomplète .









Julien Bouchard





Tiré de Description des cantons arpentés et des territoires explorés de la province .par Elzéar Boivin, le 21 mai 1883.



Les Éboulements une ressemblance avec Les Bergeronnes 




6 février 1988

La vie dans le ce rang était très difficile, en tout cas elle le fut pour mon père et mon grand-père qui y perdirent Marie Lapointe .Elle n'était âgée que de 26 ans quand elle mourut au printemps de 1928. Mon père fêta ses trois ans, un mois plus tard sans sa mère . Jean Charles put compter sur l'aide de Rosalie Lessard ,mais celle-ci avançait en âge et , mon père se retrouva vite à être confié ici et là , dans la parenté proche ou éloignée afin que son père puisse en travaillant, subvenir à ses besoins.
Acte de baptême Marie Antonia Lapointe , née le 18 janvier 1902. (décès le 4 avril 1928)




Marie Lapointe , la mère d'Ovila est décédée à l' âge de 26 ans le 4 avril 1928. Jean Charles avait alors 28 ans et un seul fils vivant. Elle est la fille de Nazarin -Audet Lapointe , premier maire de Bergeonnes. À noter que Nazarin est le frère de Théophile Lapointe, le premier industriel Bergeronnais (Moulin et pouvoir électrique) . Les deux familles sont originaires de Charlevoix . Les Lapointe ont séjourné quelques années à Bagotville et à Tadoussac avant de s'installer définitivement aux Bergeronnes.Quant aux Bouchard Barnabé, l'installation dans les terres du rang Saint-Pierre se fait 4 ans avant l'autorisation officielle du Gouvernement du Bas-Canada . Vous êtes des Squatters mes amis ! 


Nazarin est né en 1870









Jean-Charles Bouchard 1900-1976  ,vers 1962




Marie Lapointe , la mère d'Ovila est décédée à l' âge de 26 ans le 4 avril 1928. Jean Charles avait alors 28 ans et un seul fils vivant. Elle est la fille de Nazarin -Audet Lapointe , premier maire de Bergeonnes. À noter que Nazarin est le frère de Théophile Lapointe, le premier industriel Bergeronnais (Moulin et pouvoir électrique) . Les deux familles sont originaires de Charlevoix . Les Lapointe ont séjourné quelques années à Bagotville et à Tadoussac avant de s'installer définitivement aux Bergeronnes.Quant aux Bouchard Barnabé, l'installation dans les terres du rang Saint-Pierre se fait 4 ans avant l'autorisation officielle du Gouvernement du Bas-Canada . 





Texte adressé à Amicale de Bergeronnes (Bernard Lefebvre conjoint de Suzanne Bouchard à Antoine à Alexis à Julien suite à des fouilles sur les terres du Rang Saint-Pierre par son petit-fils Xavier)

 Lequel Barnabé, fils de Julien, était le frère d'Alexis. Son mariage en 1882 et son installation dans le rang St-Pierre se fait fort probablement à la suite de son frère qui est son aîné. Les autres membres de la famille se sont dirigés vers Delisle ou ont préféré s'établir à Saint-Irenée. Fait étonnant , l'épouse de René Simard (Vitaline) est la fille d'Albanas Lapointe fils de Théophile Audet dit Lapointe , or la mère d'Ovila (mon père) ,petit -cousin de votre épouse puisque Jean-Charles à Barnabé est le cousin propre d'Antoine à Alexis, Marie Lapointe donc, est la cousine de Vitaline Lapointe (Nazarin est le frène de Banas, comme l'appelait ses contemporains(nes). ) . On parle ici de bottines à boutons qui ont dansé sous le son du même violon et sous l'interdiction du curé Louis Mathieu! Tout ça sans un plan synoptique, est bien mélangeant ! Les trouvailles de votre petit-fils , vous voyez , revitalisent des racines endormies. (Robert , squatteur depuis 1830)


Acte de la sépulture  de Barnabé Bouchard , décédé le 7 mars 1916 








Aux Bergeronnes , la descendance de Barnabé Bouchard établi comme cultivateur dans le rang Saint-Pierre, se décline comme suit.  Mon tableau est à compléter , aidez-moi .(Je ne veux faire mention ici que des descendant qui y sont à ce jour.)

Joseph Liguori père de Bouchard Gilles Bouchard  Guylaine Bouchard
Léon Bouchard (décédé à 3 ans )
Ludger Bouchard (Éva Desbiens)  père de Noel,Raymond,Marcel,Marcelline,Ronald, Aurel,Maxime, Jean-Marc, Francoise, Angelo...  grand-père de Layna B et Danielle B, Gérald , Francine, Paolo Langelier
Alfred Bouchard (décédé à 8 mois)
Marie (Anne)  Alice Bouchard , (mariée à François Desbiens) mère de Vilmond
Louis Bouchard,Charles-Eugene, Rose-Aimee Berangere Micheline Jeanne-d'Arc Fernande Georgette, Jean-Paul , Florient, Lucien (Charles Eugène Bouchard ,père de Renaud )
Louisianne Bouchard, (mariée à Albani Maltais) Les Michaud
Églantine Bouchard (décédée à 2 ans)
Jean-Charles Bouchard (Marie Lapointe)  père d'Ovila  , ( avec Léda Tremblay)  de Théo, Fernand Francine, Claudette, Jean-Guy, Reine, Bernadette   grand-père de Claire, Robert ,Mario, Jean, Rose,Linda,  Claire,  Caryne
Aimée Bouchard (mariée à David Desbiens)
Henri Bouchard
Marie Bouchard  (mariée à Eugène Sirois)



2 = Barnabé Bouchard 

lundi 20 juillet 2015

Ce que Forestville fut pour Bergeronnes

J'entends souvent les gens poser des jugements très durs à l'égard de la ville de Forestville. On la dit laide. Il est vrai que c'est une ville qui s'est développée de façon un peu anarchique ! Une ville qui a été abandonnée par une cie qui l'avait mise au monde .Ce départ a laissé des traces: sentiment d'appartenance dilué,  développement en sursis, perte de vitesse économique marquée, et pour la Ville , un territoire à administrer qui souffre du manque de revenus fonciers. Gérer la décroissance n'est pas chose facile. Mais Forestville ne perd pas espoir.Sa devise  pourrait dans l'avenir passer de Per sylvam à Per petram ! 

 Revenons dans le passé 
En 1947 , ma mère travaillat à la buanderie du Staff House. Elle avait quitté Bergeronnes pour occuper un emploi permanent . 





Elle écrit :"Je suis à Forestville, je travaille fort mais je suis bien payée et bien logée, je joue aux quilles , je vais veiller et danser. Le paradis, c'est le cinéma. "
1946

Madeleine comme beaucoup de Bergeronnais se déplace pour travailler. Il n'est pas question à cette époque de voyager entre son village natal et son lieu travail ! Les villages de la Haute-Côte-Nord  tirent à cette époque , une partie de leur  subsistance dans les  villes de cie qui poussent pour fournir les gros moulins à papier de Québec, ou pour envoyer du papier à Chicago comme le faisait  le moulin de Baie-Comeau. C'est l'ère du papier , on aura jamais autant imprimé de journaux qu'à cette époque ! 


Les vieux centres des Escoumins, Bergeronnes, Sault-au-Mouton, Saint-Paul-du-Nord et Sainte-Anne-de-Portneuf groupent bien encore quelques douzaines de gros cultivateurs dont le travail de la terre et l'élevage laitier constituent la seule ressource suffisante mais il faut dire qu'il se trouve plusieurs autres centaines de familles pour qui la culture de la terre n'est pas plus qu'un à côté profitable. On jardine, on élève quelques animaux dont on dispose l'automne ou qu'on consomme l'hiver ; l'argent vient d'ailleurs. (Paul Bussière , Cahiers de géographie du Québec )





Forestville la mal-aimée d`aujourd'hui , était  dans les années 40 et 50 une destination prisée pour gagner sa vie. 

Cette remarque de Paul Bussière publiée en 1963 a de quoi faire réfléchir sur l'attachement des Nord-Côtiers au littoral...

Le nord-côtier n'est généralement pas un bon bûcheron et ne se résigne à entrer dans le bois que lorsque l'obligation l'en presse ; par goût et par tempérament il affectionne la proximité de la mer et se plie difficilement à une routine de travail ; il souffre d'instabilité et accepte parfois difficilement de jouer longtemps les subalternes. En 1959, les compagnies Anglo-Canadian Pulp et Québec North Shore ne trouvaient à employer que 1,292 hommes originaires du comté de Saguenay, sur une main-d'œuvre totale qui dépassait 9,000 hommes. Dans les autres compagnies, de bien moindre envergure, les gérants de personnel sont presque tous unanimes à dire que 70, 80 et même 90% de leurs employés forestiers viennent d'ailleurs que de la côte. On retrouve le nord-côtier à l'usine d'écorçage et au quai de chargement des barges. Et quand il trouve quelque emploi dans l'industrie de la construction et des transports, il n'hésite habituellement pas à le prendre. 


Ce tempérament est à mon avis hérité du fait que les Charlevoisiens qui aimaient la forêt avaient suivi Price au Saguenay , alors que ceux qui étaient restés sur le bord du Fleuve , de l'autre coté du Saguenay , étaient eux des hommes et des femmes qui ne pouvaient se résoudre à quitter le littoral...la mer comme disait nos ancêtres. C'est une hypothèse ...

Sautons quelques années... 
Si aujourd'hui la forêt est un secteur en crise, c'était le contraire dans les années 70  ! On cherchait de la main-d'oeuvre, on faisait tout pour l'attirer, comme en témoigne ce dépliant. 65% de la main-d'oeuvre de la Reed provient du Bas-Saint-Laurent. Et en ces temps où l'extraordinaire potentiel hydroélectrique de la région est en développement , le recrutement devient plus difficile. 



Si ma mère a travaillé à Forestville, d'autres y ont trouvé l'occasion de continuer à développer leur entreprise et à y exprimer leur leadership. Marcellin Savard a choisi de s'y installer, son entreprise y est encore présente.  Il fut même maire de la municipalité, tout comme Vincent Tremblay, (Concessionnaire Dodge-Chrysler ). Les Bergeronnais avait le sens des affaires et même loin de leur village natal, ils s'impliquaient dans le développement de leur ville d'accueil avec le même enthousiasme dont ils avaient fait preuve aux Bergeronnes.

Les maires de Forestville



   

vendredi 17 juillet 2015

Art éphémère

Le divan  de Jimmy Doucet: Swann Wun Brassard et Anthony Desbiens.
Quelle belle photo . Un moment de théâtre où l'on sent l'opposition. En y regardant de plus près ,on peut apprécier l'ombre projeté sur le tissu, on peut aussi associer ce face à face au jeu de serpents et échelles qui est derrières les protagonistes... Qui gagnera ? Il faut avoir vu la pièce pour le savoir. Mais nul besoin d'avoir assisté à la représentation pour sentir la force des personnages.

Antoine de Lassale que je ne connais pas personnellement puisqu'il a rendu l'âme et le corps depuis plus de 200 ans , écrivait en 1788 : "Celui qui commence un livre est l'élève de celui qui le termine. " 

Je dirai ici que celui qui commence une production théâtrale est l'élève de celui qui la termine . (Paraphrase réussie.Stop. Entre à la maison. Stop.)


Sauf qu'un livre on peut le relire , le refeuilleter, le revoir, le renoter, le humer... Une pièce de théâtre , une production, n'est guère de ce type d'oeuvres qu'on peut facilement revoir...
Molìere disait que le théâtre est fait pour être joué!  Il n'est pas fait pour être lu, ou encore pour être filmé. Une expérience théâtrale doit être vécue dans une salle. En direct. Sans filet ni publicité! D'où l'importance de la photo en théâtre. 


Photographier le théâtre c'est comme photographier le hockey, il faut saisir la bonne fraction de seconde, l'acte qui transportera  l'émotion , qui sera le support du sourire, des larmes , de la colère , du désarroi, de l'impertinence ou de la petitesse d' un personnage... 

La photographie donne du temps à cet art si éphémère. 


jeudi 16 juillet 2015

Foyer MGR GENDRON1966

Architecte: Paul André Caouette; Contracteur : Rock Michaud ,(Saint-Sébastien);
responsable des travaux : Arthur Simard 







C'est en 1966 que les travaux du Foyer Mgr Gendron ont commencé. En janvier 1968, le Foyer ouvrait ses portes.  C'était après l'aréna, le deuxième projet d'envergure qui occupera la décennie 1960.



17 novembre 1966 -L'Action , Québec

Dans le bas de vignette du journal, on apprend que le chèque de 10,000 dollars , une grosse somme à l'époque* ,  provient  de la Fondation Bourbonnais , le village de Rollet est à l'origine de ce chèque , ce village de l'Abitibi compte tout au plus  450  habitants... Comment est-ce possible ? 

*En 1966 , on construit une maison avec 10,000. $

UN DON VENU DE L'ABITIBI

12 juillet 1966, Le Nouvelliste (à Rollet, Abitibi)
Le curé Gendron est invité à bénir l'usine dans le village de Rollet par le curé Albert Simard .


La présence du curé Gendron  lors de l'inauguration de l'usine Lewis (production de bâtons de pop sicle et d'abaisse-langues )  quatre  mois auparavant, explique peut-être le geste posé par le curé Albert Simard ?  Autre observation qui peut-être n'a rien à voir avec le projet : Rosaire Gendron , député de Rivière-du-Loup au fédéral  de 1963 à 1983 est un contemporain de Réal Caouette (1962 -1976) Ces questions se posent inévitablement ? 

Ce qui unit Les Bergeronnes et Rollet ? L'ambition. 
Profitant des travaux divers, un programme canadien pour contrer le chômage, Bergeronne se dote d'un aréna. Quant à Rollet , c'est un parc d'attractions qui  garde au travail plus de 90 personnes. Le Walt-Disney du nord verse 100, 000 dollars en salaire, et on ne compte pas les matériaux ! Le curé estime le tout à 135,000 $ .


  
La Tribune 9 NOV 1963 



Le curé Albert Simard et ses petits trains  









La construction du Foyer était à la fois une oeuvre née de la  responsabilité collective et une manifestation marquée de ce qu'il est convenu d'appeler la Révolution tranquille.

On devinera facilement , statistique à l'appui , que les emplois destinés aux femmes se font rares dans le coin. Au Québec en 1975, 50 % des femmes occupent un emploi. 10 ans avant, en 1965,  seulement une femme sur quatre avait rejoint le marché du travail.

La construction de cet édifice fut pour Bergeronnes , on le constate aujourd'hui , un tournant en ce qui concerne l'employabilité des femmes.


    



Vendredi, 11- 11- 1966 L'Action 





 


 

En chiffres: 


48,050 dollars (part de la population)
Prêt de la SCHL  :280,000 $
41 places
5 religieuses
2 cadres
26 employés
7 occasionnels










En 1965, avec l’adoption du Régime de pensions du Canada, l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse baissa de 70 à 65 ans. L’ajustement devait être apporté un an à la fois au cours des cinq années suivantes. Les prestations de la Sécurité de la vieillesse étaient encore fixées à 75 $ par mois, mais elles étaient désormais indexées automatiquement d’un maximum de 2 p. 100 par an en fonction du coût de la vie. (sources: Musée de l'histoire du Canada.)

Pour terminer, cette lettre qui nous plonge dans le quotidien d'une femme à la maison qui est aussi la préposée aux bénéficiaires   !


Le Soleil, novembre 1966












mardi 14 juillet 2015

Ma période impro partie 2


Danny Blouin, Yannick Charette, Dave Gagné,
 Jean-François Perron,
Sébastien Dufour, Pierre-Luc Pigeon,
Jean-Sébastien Roy, 
Jean-Rock Barrette, Mélanie Marineau-Harnois
L'équipe médaillée d'argent du tournoi provincial de 1993: les cadets . Quelle équipe ! 




Ce dream-team pour emprunter au vocabulaire sportif , était assez singulier. Il y avait de tout. Les joueurs  et les amateurs se souviendront que cette équipe était capable de relever tous les défis.




 Le duo Blouin-Charette pouvait nous faire passer du rire aux larmes. Jean-Sébastien Roy était désarmant : un cérébral qui pouvait en une phrase marquer un point, tant son adversaire restait désemparé devant ses réflexions.Je dirai de JF Perron qu'il avait la gâchette facile. Il nettoyait une patinoire en un rien de temps...J'ai toujours aimé l'humour de Pigeon, il construisait un récit facilement et finissait par en rendre toute l'absurdité en référant à des  faits d'actualités! L'influence de Taquinons la planète  ? Sébastien Dufour était mon joueur défensif, au début d'une impro chacun doit prendre sa place sans imposer un rôle à l'autre joueur, le défensif sait attendre et finit par ouvrir le jeu à ses coéquipiers: Barrette et Gagné qui savaient prendre une situation , un lieu et des personnages en otage , transformaient le jeu à notre avantage...


Enfin, dans ce lot de futurs barbus, j'avais ma joueuse , une musicienne qui était capable de lire le jeu et  d'entrer au bon moment.Cétait  une compétitrice qui soulignait avec force le fil conducteur de l'histoire ; elle a  ramené plus d'une fois une improvisation échevelée dans le bon chemin , elle avait une culture solide ! 



Une équipe intense ! 




Encore une fois, une seule fille dans l'équipe, c'était souvent de fois le cas . Je ne pourrais l'expliquer. La seule chose que je puis affirmer c'est que les filles qui ont foulé l'aire de jeu étaient des performantes. Souvenez vous de Carine Blouin,de Annick Lallemand, de Caroline Lapointe ! Elles avaient chacune leur style , et avouons-le, les gars, elles nous ont sortis du pétrin très souvent quand il s'agissait d'aller ravir un point pendant une improvisation dramatique ! Caroline rageait avec son coeur, Carine broyait les coeurs et Annick savait désarmer les coeurs de pierre avec son sourire mélancolique !




Je vous raconterai dans un autre texticule, la meilleure impro jouée par cette équipe !

vendredi 10 juillet 2015

Ma période impro. partie 1

J'ai découvert l'improvisation  en 1978. C'était au Cégep de Jonquière où sévissait  Dominique Lévesque . Il ne savait pas à cette époque que le Groupe Sanguin changerait sa vie ni que Robert Gravel donnerait au mot improvisation un sens plus sportif . L'improvisation à l'époque était plutôt un exercice de création: on improvisait, on ramassait le meilleur,on recommencait jusqu'à ce qu'une histoire , des répliques et peut-être une mise en scène  s'imposent ...

C' est à partir de  1980 et les années suivantes que je fais de l'impro . Nous en jouions partout, à l'Hôtel Élan , à la polyvalente , à Forestville à la Brasserie Le Carafon, à Essipit dans la salle communautaire... Disons qu'au moment de créer la L.R.I. (la Ligue Régionale d'Improvisation ), ligue qui  regroupait les polyvalentes de Baie-Comeau et Forestville , j'avais par la force des choses inventé des tonnes d'univers et des centaines de personnages... C'était en 1993, 15 ans après avoir été initié à cet art au Saguenay .

De gauche à droite en haut : Michel Roy, Patrice St-Louis, Pascal Pelletier, Pascal Tremblay (passi), Sophie Tremblay, Steeve Deschênes (laitier), Robin Vigneault, Yannick Bérubé.
Je puis affirmer sans l'ombre d'un doute, pas même une virgule d'hésitation, que c'est à la Poly des Rivières que j'ai rencontré les plus fervents joueurs d'improvisation au Québec. J'exagère comme d'habitude, mais je  dois  bien une petite note de folie à cette gang de flos qui m'a vraiment fait vibrer pendant au moins une dizaine d'années ! Il faut que je le dise, sans impro , mon début de carrière n'eut pas été le même. Il aurait manqué de la saucisse dans le hot-dog , du steak-haché dans le hamburger et de la fantaisie dans ma vie! Je sais que mes tropes font un peu fast-food , mais n'allez pas croire que mes équipes d'impro n'étaient pas originales.

Une anecdote: dans la région de Montréal au Tournoi Provincial , nous improvisons avec l' équipe de la LNI ,lors du match des étoiles, le thème annoncé: Tondeuse,   et on impose un handicap: à la manière de Michel Tremblay ! On leur a fait une impro qui nous a valu une mention de la part des juges . Un choeur avec une choryphée, une fil conducteur solide , des retours dans le passé...Mes joueurs savaient qui était Tremblay, en tout cas les joueurs de l'école secondaire  Jeanne-Mance n'en avait aucune idée! Michel Tremblay était leur voisin , batège! N'empêche que le souvenir le plus heureux de cette impro revient à un joueur étoile de Portneuf ,  Steeve Deschênes, qui a déclenché un grand rire ! Il raconte directement du Burkina Faso:

  L'équipe de la LNI faisait une tondeuse , appuyée par des voix en choeur, comme une conscience..... Moi, j'ai été dire que les bougies étaient fini sur cette machine- là. " 

Gros rire dans la salle! Sauf qu'à la fin laitier s'est fait dire par l' arbitre qu'il avait démoli l'impro ! Ponton fut cinglant et laitier un peu cinglé!

dimanche 5 juillet 2015

Patrick et Françoise

1976, Hotel Élan 

Cette photo de Patrick Gauthier et Françoise Gaudet-Smet n'est pas le cliché d'un fan auprès d'une vedette . Monsieur Patrick fut pour Bergeronnes l'émissaire obligé  de madame Gaudet-Smet. Cette rencontre est donc celle de deux vieux routiers qui en avaient vu d'autres.

Madame Gaudet-Smet a voulu toute sa vie faire des traditions quelque chose d'actuel. Elle  a fait passer l'artisanat du folklore à la modernité. Il n'est donc pas étonnant qu'elle fut de la première mouture de la Semaine du Patrimoine. Une semaine où non seulement -comme elle l'avait souvent expliqué- les Bergeronnais purent se rendre compte de tout l'héritage de leur passé, mais aussi des influences extraordinaires de ce passé  sur le présent. Simplement exprimé ,on disait à cette époque qu' il n'y avait pas de pays sans grand-père et madame Smet venait ajouter qu'il n'y avait pas de pays sans grand-mère ! 

En tant qu'agronome , Patrick Gauthier  avait certes  partagé les idées de cette dame. Les agronomes n'étaient pas seulement des commis de la Province de Québec. Ils étaient dans leur milieu des facilitateurs.

 

1922 : Patrick Gauthier est dans
la classe de dame Albani Gagnon
(Coll. Martine Imbeault) 

L'émancipation de la femme passait pour elle, en milieu rural, par les Cercles des Fermières, une place où enfin les femmes pouvaient échanger, construire, produire et casser l'isolement. Monsieur Gauthier fut comme beaucoup d'agronomes en milieu éloigné une courroie de transmission importante pour diffuser les idées "féminines"  de madame Gaudet-Smet . En aidant à la fondation des  Cercles  des Fermières , il contribua à  transfomer le quotidien des femmes de milieu rural.


Monsieur Gauthier était un homme d'un autre temps, pour moi qui avait 15 ans en 1976, entendre cet homme chanter en grégorien, ne ramenait rien à ma mémoire.  Si ma mère avait la mémoire en fête devant l'interprétation de Monsieur Patrick; j'étais, avec d'autres jeunes , devant la découverte , je faisais un saut dans le passé et je découvrais un patrimoine extraordinaire ! 

L'expression "y' a pas de pays sans grand-père" prenait là tout son sens !


Bulletin des Agriculteurs NOV. 1960

Patrick Gauthier est né en 1910, le 19 janvier en pleine froidure. Ce qui la neige une fois fondue, ne l'empêcha pas de s'intéresser à la botanique. Il fait comme tous les siens ses études primaires au village et complète son éducation au séminaire de Chicoutimi. Les études commerciales ne satisfont pas sa curiosité, il se dirige alors à l'École d'agriculture de Sainte Anne de La Pocatière. Il devient agronome. Il enseigne une année au sein de son alma mater et revient dans son village d'origine pour prêter main forte à Adélard Potvin comme assistant-agronome.

Le territoire couvert par les deux hommes  s'étend du Saguenay à la rivière Betsiamites. En 1938, il devient agronome dans un territoire couvrant toute la région ! Ce qui lui vaudra de participer à la fondation de la plupart des cercles des Fermières de la Côte-Nord. Certains furent institués par l'agronome Pierre Blouin.


 En 1975 ,il prendra sa retraite. On le retrouvera alors  auprès de sa compagne de vie, madame Aurore Maltais qui l'entraîne dans ses tâches commerciales ,  de la cantine à la salle de quille !  Il redevient un assistant! 

Il fut douze ans membres de la ligue du Sacré-Coeur . Un cercle cher au coeur du curé Thibeault et du père Maurice Ouellet. Il sera marguiller et prêtera sa belle voix à de nombreuses  cérémonies religieuses. Son engagement dans la Paroisse sera récompensé par la réception de la  médaille Benemerenti en 1959.




L'organisation des loisirs pour la jeunesse l'ont particulièrement intéressé: il n'hésitera pas à prendre la défense des jeunes qui se heurtent souvent à la rigidité des moeurs religieuses de l'époque. Le cinéma et la danse sont souvent mal vus par le clergé mais monsieur Gauthier sait se rallier le curé.

En 1949,il participe activement à l'organisation des pageants, spectacle grandiose qui rend honneur aux colons de 1844.

25 ans durant, il s'implique au C.A. de la Caisse Populaire du village.

Il recevra enfin l'Ordre du Mérite Nord-Côtier pour ses nombreuses activités .


samedi 4 juillet 2015

Une part d'éternité.

Stéfane :
J'ai six ans en 1974 et nous sommes, mon père et moi, seuls, derrière la stèle déjà vieille de ma grand-mère morte depuis longtemps. Un trou, une boîte blanche, en carton, une température exécrable, je ne comprend pas vraiment ce qui se passe et je n’ai pas le souvenir que mon père m’ait parlé. Ni expliqué vraiment ce que nous faisions. Je revois seulement son visage en contrition et son incapacité à émettre un son. Figé par la douleur probablement.
Robert:
En 1974, j'ai 13 ans. Je passe le lait avec mon père. Chaque semaine, je monte l'escalier pour aller chez monsieur Roger Guignard. Mon père me trouve un peu difficile comme helper: je choisis mes clients ! J'aime aller chez Madame Mimi parce que je la trouve rigolote et que je peux jaser une minute avec mon chum Coco en passant.  Souvent Claude saute dans ses souliers et vient finir la run avec moi. Mon père en est ravi. 
Je choisis d'aller chez les Guignard pour d'autres raisons : monsieur Roger me parle comme à un adulte. Habituellement, il joue avec son petit mousse. C'est lui Stéfane qui s'accroche au sac de lait et qui le traîne dans le passage menant à la cuisine sous l'oeil amusé de sa mère. Mais ce soir-là ,personne ne joue,  la mère du petit Stéfane est assise au salon et elle pleure. Je fais l'air de ne rien voir comme me l'a souvent conseillé mon père. On entre dans la vie des gens mais on reste discret.

Stéfane:
Ce n’est que des années plus tard que j’ai vraiment réalisé ce que ma mère avait vécu, elle avait porté cet enfant dans son ventre pendant sept mois et trois semaines, tout ce temps à le bercer de rêves, à imaginer le mieux pour lui, à penser comment il jouerait avec sa soeur de deux ans et son grand frère de six; tout ce temps pour ma mère à l’attendre avec tout l’amour de son corps-montagne et de son coeur-Everest.
Un accouchement bâclé, des explications nébuleuses, 1-2-3 go on tire la « plogue », allez vous-en chez-vous madame, bonne chance pour la prochaine fois.

Robert:
En 1981, j'ai 20 ans. Je ne passe plus le lait. La run de lait maintenant, c'est Roger et Jeanine qui s'en occupent. Mon père a été  malade et il a tout vendu: un camion, un frigo et un peu de lui-même. Cet été, j'ai demandé au petit Guignard  de venir s'occuper des rideaux pendant le spectacle de la troupe des Arthur. Il a 13 ans maintenant. On peut lui faire confiance. S'il réussit à faire chanter la caisse enregistreuse du dépanneur d'Anthonin, il pourra tirer les rideaux!  

Stéfane:
J’ai souvent pensé à ce frère que je n’ai jamais eu, à ma vie qui aurait été différente avec lui, à ce petit David que j’aurais aimé comme j’aime ma soeur. J’aimerais, encore aujourd’hui, pouvoir imaginer quelle serait la forme de son visage, la couleur de ses cheveux, voir son sourire mais j’ai, dans ma caboche, le flashback de cette câlisse de boîte blanche qui disparaît sous terre. Et de ce frère que je n’aurai jamais serré dans mes bras. 

Robert: 
J'ai souvent pensé à mon père que je n'ai pas eu assez longtemps, à ma vie qui aurait été différente avec lui à mes cotés, à mes enfants qui l'auraient aimé comme je l'ai aimé.
J'aimerais encore aujourd'hui ,pouvoir imaginer ce qu'il serait devenu en vieillissant: ses cheveux blancs, son visage épanoui,son sourire rieur, mais j'ai dans la caboche , le flashback de cette câlisse de civière en stainless froid sur laquelle on roule mon père, blanc comme un drap , vidé de sa vie. Il me reste à dire à mes enfants la chaleur de ce  grand-père qu'ils n'auront jamais serré dans leur bras.


 Épilogue: 
Les mêmes émotions, les mêmes questions, les mêmes incompréhensions...mais aussi ce sens inouï de la justice qui habite les hommes et qui les fait espérer- pour la suite du monde- le meilleur, même pour ceux qui auraient pu être là et qui ne l'ayant pas été, ont continué de faire signe à travers leur absence.


Les mêmes émotions devant un fait : 58 ans contre sept mois et trois semaines. Il faut bien admettre que la vie telle que nous la mesurons, n’a pas le sens absolu qu’on lui prête.