Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

vendredi 24 décembre 2021

Conte de Noël : 101 CHATS - 1973

 

101 chats 

Conte de Noël 

S’il y a une chose que je n’aimais pas dans ma vie d’adolescent, c’était d’avoir la supposée chance selon mes amis, d’avoir un job assuré pour me faire de l’argent de poche. La plupart de mes chums me demandait pour embarquer dans le truck de mon père pour pouvoir passer le lait. 

Il voyait ça comme un privilège, alors que moi, je détestais ce travail. Que ce soit Coco, Saucisse ou Bardarot, leur demande recevait toujours un oui de la part de mon père. Pour moi, la compagnie d’un gars de mon âge était un baume sur la plaie laissée par l’haïtude entretenue envers cette tournée commerciale quotidienne.  


Histoire de ne pas sombrer dans le désespoir à chaque fois que j’embarquais dans le camion, j’avais pris l’habitude de me fixer un objectif pour que ce temps passé à vendre des produits laitiers me soit profitable. Les thèmes variaient selon mon humeur : faire la liste des repas que je voyais sur les tables, retenir des mots entendus, imiter la prononciation des gens ou leur démarche, vérifier le nombre de maisons équipées de boutons de sonneries… Faire des listes.


Puis un jour, j’ai compté les chats. Dans tout le village, il y en avait 101. Comme les 101 Dalmatiens. Puis un jour, il  en eut que cent.

Je vous raconte la disparition du chat de madame Louise. D’abord faut que je vous dise que ce chat-là n’était pas disparu tout seul, on l’avait aidé un peu. C’était vers le début décembre, cette partie du mois où à part le patinage à l’aréna et les pratiques de hockey, nous les gars du cran, on manquait d’activités.  Et en plus,  fatigués par les devoirs et les leçons que les profs de l’école Saint-Marcellin inventaient et réinventaient, on attendait les vacances avec impatience.

 

Or, vint l’idée de pogner un chat et de le faire flamber. D’autres avant nous avait eu cette idée de génie : voir un chat flambant déguerpir en miaulant ! C’est de la cruauté animale, il faut l’avouer, mais à 12 ans, cet âge qui marque le début de l’adolescence, la compassion n’était pas encore au rendez-vous.


Ce qui fut pensé, fut fait. Ce chat dont on ne connaissait pas les propriétaires avait été saucé dans la gazoline qu’on avait scrupuleusement récupérée dans un des bazous qui traînaient le long de l’ancien hangar grisonné de l’aéroport de Pagé au village. 

Y mettre le feu fut un jeu d’enfant, un chat on le sait, c’est comme le gaz, c’est prime. Puis on a perdu le chat de vue. Le gag : si un singe peut aller sur la lune, pourquoi pas un chat ! ?

Et puis, le lendemain, on avait oublié tout ça. C’est aussi ça l’adolescence, cette faculté de passer à autre chose rapidement. De rebondir comme un chat. Mais voilà l’histoire ne se termine pas avec ce rebond. Oh! que non.


Le vendredi suivant, donc deux semaines avant Noël, je fais la tournée avec mon père, et j’entre comme chaque vendredi soir chez madame Louise. Je crois que c’est une vieille fille. En tout cas, sa maison sent l’au-dessus de soixante ans . Elle me demande,  sa voix traînant une lourde anxiété, si j’ai vu son chat. Caramel qu’elle l’appelle. Elle m’en fait le portrait. Sa description additionnée au souvenir de la traînée de feu du chat qui déguerpit me lance à la figure toute la culpabilité dont mes douze ans sont capables. Osti! On a privé cette femme de son chat. Elle est seule dans la vie et son chat n’y est pas. 


Je me sens con. Ce n’est pas possible, je compte par deux fois le total de sa commande, moi qui d’habitude suis plus rapide que la calculatrice Réalistic aux chiffres rouges de mon grand frère Mario !


 Dans le camion, mon père me demande ce qui ne va pas. Je ne vais pas lui dire que j’ai une autre vie   où je suis un flambeur de chats !  Non, j’ai juste mal au ventre, ça va passer. Et ce n’était pas une invention.

 

Je me torture en solitaire au sujet de ce foutu chat pendant quelques jours : faut-il trouver un autre chat pour madame Louise ? Mathématiquement, déplacer un chat créerait un déficit ! Contenter la vieille fille laisserait une autre famille sans son chat. Je m’ouvris de mes remords à mes chums : ils rirent de la chose. Je fus l’objet de farce plate :

- Arrête de penser à chat !

-Prends pas chat de même !

-À force de reculer et avancer comme tu le fais, tu vas danser le cha-cha.

- Fais pas cette mine !

-À Noël, tu chanteras le minou chrétien avec monsieur Welleston !

Mes amis n’avaient pas eu à subir cette image. Théoriquement, un chat de moins ne changeait rien au fragile équilibre du village, mais un chat de moins nommé Caramel pouvait débalancer la vie d’une personne solitaire.  Mes amis n’ayant pas eu à subir cette image ne pouvaient faire la nuance.

 

Puis, samedi le 22 décembre, journée bien remplie puisque mon père ne reprenant sa tournée régulière que le 26, avait décrété qu’il ’était opportun de faire une run double. Tous les clients sans exceptions furent servis ce jour. En soirée, il devait être près de 7 heures, j’entrai chez madame Louise les bras chargés. Je lui remis ,compliment de son laitier, le calendrier 1974 lequel, ironie du sort, montrait l’image d’un chat léchant du lait !

-Mon Caramel est revenu dit-elle en regardant le calendrier que j’avais déposé sur la table. Elle appela le minet. Caramel apparut au bout du passage chassant de sa queue émincée par le feu, l’air renfermé du logis. C’était le chat. Je ne voyais pas par quel miracle ce chat avait survécu . Mais je voyais bien l’autre miracle, madame Louise avait retrouvé sa quiétude.

-Tu oublies ta pinte de lait, me signala la femme aux cheveux gris.

Je ne l’avais pas oublié. Je lui dis simplement que celle-ci était pour Caramel et que c’était un cadeau.

-Tu es un bon garçon. Dis-lui merci Caramel.

Le chat aux poils brulés vint se faufiler entre mes jambes.

Je venais d’obtenir ma rédemption.

 


Le 23 décembre 1973, le prix du gaz doublait, c’était le premier grand choc pétrolier.        

Mon deuxième !

 



lundi 8 novembre 2021

1948 :trois Bergeronnais veulent être député du nouveau comté de Saguenay


Ovide Gagnon et Laurent Brisson   



L'Action Catholique  15 juillet 1948


 Laurent Brisson candidat de l'Union Nationale à titre d'indépendant

En 1948, huit candidats se présentent comme "Indépendant- Union Nationale". briguent aussi les suffrages sept candidats "Indépendant-Libéral". C'est un phénomène courant, suite à des assemblées d'investiture dont l'issue est l'affaire  du chef , des citoyens férus de politiques et souvent mécontents se rangent du coté des candidats non retenus et forment une coalition encourageant un Indépendant à faire campagne. Fait assez étonnant en 1948 ,  les candidats UN indépendant de la province  récoltent 8,649 voix (0,6 %)  , à lui seul, Laurent Brisson se rallie  2,565 électeurs  (0,2 % ) ! 




Le Soleil ,8 juillet 1948

Le Soleil , 3 juillet 1948


Ovide Gagnon,  
militaire  en 1939.
(Photo famille Gagnon )


Ovide Gagnon , candidat de l'Union des Électeurs 



L' Union des électeurs (UE) est un mouvement de protestation de droite, tant sur le plan social qu'économique, qui appuie des candidats respectant ses orientations lors des élections générales provinciales de 1944 et 1948.

Dans un manifeste paru en 1944, les créditistes, qui sont à l'origine de l'UE, expriment leur opposition à tous les monopoles, de l'argent comme de l'État. Critiques à l'endroit du capitalisme et du socialisme, ils défendent une vision économique se fondant sur les idées du major Clifford H. Douglas, un ingénieur écossais. Celui-ci a développé la notion de crédit social qui consiste en une « distribution à tous les membres de la société, à titre égal, des surplus de la production du pays ». Ce surplus, versé par le gouvernement, permet aux citoyens d'acheter « les biens et les services produits en abondance par l'entreprise capitaliste ».

Les électeurs de l'UE se retrouvent surtout chez les Canadiens-français pratiquant la religion catholique et vivant en milieu rural. Ils s'expriment particulièrement lors des élections provinciales de 1948 alors que les 92 candidats de l'Union des électeurs obtiennent 140 000 voix, soit 9,2% des votes exprimés.   (Source: Bilan du siècle , Université de Sherbrooke)


Le Bergeronnais Paul-Émile Therrien, candidat libéral dans Saguenay, se désiste 


Le Devoir, 15 juillet 1948




Slogan qui montre Adélard Godbout (LIB)
sous un mauvais jour ! Duplessis remporte en
1948 son second mandat.
  




Résultats des élections de 1948 dans le nouveau comté de Saguenay

29 juillet 1948, Le Devoir

samedi 6 novembre 2021

PRODUCTION


Sec 5

 1993 La déprime

1994 La visite

1999 L'île Noire

2000 La déprime

2001 Tintin au pays du décrochage

2002 La visite

2003 Un grand pas pour l'humanité 

2004 Le sous-sol des Anges

2005 Burlesque  et L'année du Big-Mac

2006 La déprime

2007 Meurtre à l'anglaise

2008 La visite

2009 L'île noire

2010 Remington ,la fabuleuse machine à écrire

2011 Nuit Blanche

2012 La chaise de la vérité

2013 Une pièce de trop sur l'amour

2014 Le divan

2015Big Mac

2016 Nuit Blanche

2017 Banc public

2018 Une pièce de trop sur l'amour

 Sec 4

1993 Mc do pital

1994 Magasin général

1995  La cour est ouverte

1996 Police 

1997 Co-Loc

1998 Camping ROULOTTE

1999 Week end à l'île Noire

2000 Slush noire et les 6 nains 

2001 N'ajustez pas votre appareil

2002 Week-end à l'île Noire

2003 objectif météorite

2004 Le crime parfait 

2005 Tiotanic LA croisière s'affole

2006 Western pour la planète

2007 l'agence starStock

2008 Sale accueil à la salle d'accueil

2009 annulé

2010 L'amour toujopurs l'amour

2011 La peur

2012 Absurde et légendes

2013 Duo (textes choisis)

2014  L'île Noire

2015 La visite

016 Déprime

2017 Meurtre à l'anglaise

2018 L'île Noire


 










dimanche 15 août 2021

ÉCUSSONS de Bergeronnes

Sobin : Société bergeronaise d'investissement.
Les autres écussons n'ont pas besoin de présentation. 

 

dimanche 8 août 2021

Garnier Villeneuve, prêtre : une dernière lettre

 

Garnier Villeneuve 
1927-2013 
    Garnier  Villeneuve était natif de Sainte-Rose de Lima, il fut baptisé  par l’abbé Félix-Antoine Savard  à Bagotville  

     Études    classiques au Séminaire de Chicoutimi et à Saint-Victor de Beauce. Théologie : Grand-Séminaire de Rimouski 

Ordination :    Monseigneur Gérard Couturier, évêque de Hauterive.
 
 Ministère :        Curé de Rivière Saint-Jean, de Pointe-aux-Outardes. 

    Études      en sciences religieuses aux universités Laval et  Sherbrooke( maîtrise). 

   Responsable de pastorale scolaire : Grandes-Bergeronnes et Sept-Iles. Prise prématurée de sa retraite, cause de Parkinson. 

 Garnier était humain et humaniste. Il s’est donné sans compter dans le respect absolu des personnes. 

Comme François d’Assise,  il a aimé notre mère la nature et nos frères les oiseaux.


Le seul Pacer du village en 1975


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Voici une lettre personnelle reçue de l'abbé Garnier en 1994 . Il y raconte un peu de sa vie aux Bergeronnes.                Les sous-titres sont du rédacteur.


Mon ancienne adresse : rue principale

   Je suis resté plusieurs années dans le loyer de monsieur Luc Guay...deuxième étage...j'étais bien, j'avais d'excellents propriétaires et des voisins ,on ne peut trouver mieux...Marie-Paule (Hovington) avait un petit cadeau à ma fête, le même jour que la sienne. La maison me plaisait,   monsieur Adrien Guay prenait soin de mes fleurs. Les voisins : monsieur et madame Rock Bouchard, Marc Tremblay, en face le restaurant,  (comme je partais les soeurs du Bon-Conseil y ont pris loyer ) et leur voisins : Ovila Bouchard, le laitier,  et Camille Boulianne .

  Le seul handicap: l'escalier extérieur. Quand mes parents arrivaient , je craignais toujours pour ma mère, qui prenant de l'âge s'alourdissait , elle faillit tomber une fois. Je n'avais pas le choix, il me fallait me reloger. 

UN DÉMÉNAGEMENT AU PARADIS

Les événements se précipitèrent , Alfred Anctil acheta les Thaddée, (rue St-Joseph) ; Raymond Gagnon déménagea sa roulotte, et je louai immédiatement le terrain ...j'ai acheté une maison mobile. À cette époque je n'étais pas difficile : une Champion. Pruneau Gilbert vint me déménager, dès le début de juillet. Je découvris rapidement que les murs n' avaient que  trois pouces d'épais. Je me contentais de peu  et je n'envisageais pas quitter Bergeronnes.


  L'homme qui vit seul ..un toit, une vie de camping. Mes neveux et nièces venaient souvent passer des fins de semaine. Ou encore des entre session comme Danièle qui m'arriva en pleine tempête de mars ! Francis, Donald, Pierre vinrent à leur tour.

  J'ai vécu deux ans dans l'endroit le plus étrange de ma vie: je ne me doutais pas que je me trouvais dans un merveilleux site, le paradis des oiseaux, en  plein coeur  . Je découvris l'ornithologie malgré moi.

L'ornithologie 

  Deux petites rivières, une colline, bondée d'arbres, tout près en haut une maison ancienne de style canadien et des voisins des plus charmants. Une famille de sept beaux enfants , tous intelligents et gentils. 

  Le cours d'eau, je le sais maintenant, attirait d'innombrables volatiles dont les Fauvette (Parulines) jaunes: le midi ,elles se donnaient rendez-vous ans un tremble à deux pieds de la ma fenêtre. Je le sais aujourd'hui, c'était les flamboyantes et les masquées, je trouvais le spectacle éblouissant. cependant on a beau aimer les oiseaux, quand un merle te tient éveiller à partir de cinq heures du matin ,,,c'est un inconvénient, mais passons.

  J'avais besoin de me rattraper dans ce domaine,: ma connaissance des oiseaux dépassait peu le nom de moineau, il me fallut commencer l'identification des pinsons , j'achetai un disque : Les oiseaux du Québec. Je fis jouer le son du pinson (bruant) des marais et l'oiseau vint se poser ,je commençai alors à faire tourner le cirque . Bientôt je pu identifier le pinson chanteur, la buse à queue rousse qui se pavanait au-dessus du ruisseau, le pis doré qui avec son cri de poule des bois, l'hiver , venait manger du suif. Il lui fallait déloger les écureuils qui étaient devenus effrontés ...Chacun son tour ! 

  Quand je revenais de l'école ,j'imitais tant bien que mal, les mésanges:"keti, kein, kein". Alors les charmants petits habitants des arbres n'attendaient que leur pitance. J'étais en charmante compagnie. 

LES VOISINS 

   Quand ma mère tenait maison ,je recevais la visite de deux ravissantes petites sortant d'un conte de fée ou de la maison voisine...et aussi la petite demoiselle de l'autre coté du pont, la fille d'Arnold Gagnon. Parfois, c'était les deux grandes qui passaient un coup de balai et je ne sais pas ce que pouvait leur dire la grand-mère  mais les attirances agissaient.

   Je dégustais le bon lait frais, il ne me manquait que le miel. j'avais donné la technique à l'aîné de la famille pour traire la vache.  Madame Céline avait fait un jardin et Alfred avait le cheval dont il rêvait .Tout allait à notre aise. La vie se continuait sans heurt. Un bon matin, subitement le vicaire général me téléphona qu'il passerait me voir, je pensai tout de suite à une mutation...on m'offrait Sept-Îles. 

Du village de Bergeronnes à  la ville  de Sept-Îles

   Le huit avril 1977, j'avais une première entrevue et j'y retournai en juin. En septembre , je me retrouvai dans une école de 2500 élèves . À trois cents milles, les liens s'effritent. Alfred m'aida dans le déménagement.

  Voilà une minime partie de mon histoire , elle est bien ancrée dans mon coeur  et depuis déjà dix-sept ans, j'y pense souvent . Ces événements ont pris de l'importance parce que j'ai souffert avec eux leurs peines, j'ai partagé leurs joies et maintenant je suis heureux du succès de leurs enfants. J'ai reçu un téléphone de madame Madeleine , elle était de passage à Sept-Îles , elle m'apprit  que Robert  et Chantal  avaient  pris une route  parallèle à Forestville. Je ne pouvais m'imaginer que la Chantal Anctil de l'annuaire diocésain était mon ancienne voisine.... 

 Bonjour chers Robert et Chantal , je vous envoie ces souvenirs maintenant que le Parkinson me donne un sursis. 

 

Votre ancien pasteur scolaire,

Garnier Villeneuve, prêtre 

12 avril 1994, Sept-Îles

dimanche 11 juillet 2021

L'oeil d'un ancien Bergeronnais sur son village en 1954

Monsieur Lessard est le fondateur de la  de la Mercerie Lessard sur la cote de Chicoutimi.
 Conseiller municipal, sa lutte pour ouvrir une route entre Chicoutimi et la Côte-Nord est un fait maintes fois rappelé par les chroniqueurs politiques du Saguenay.

  

9 septembre 1954

Fait à noter, le développement de la Côte-Nord aura été le début d'une migration pour beaucoup de familles de l'ouest vers l'est , les villes de Forestville, Baie-Comeau, Port-Cartier et Sept-Îles offrent alors des emplois bien rémunérés et des services de qualité. Nommons les Bouchard, Gauthier, Gagnon, Simard, Guay, Lessard, Tremblay, Savard, Brisson , Larouche... Bref, qui ne peut nommer un membre de sa famille ayant pris racine dans une de ces villes ? 








Textes en lien avec ce  Lessard : Jean Gauthier ,oncle de l'homme d'affaire

Sa soeur Adéla Lessard, fille de Ernest Lessard et Marie Gauthier 




jeudi 10 juin 2021

Gabrielle à Robert (Chantal Anctil) à Ovila (Madeleine Sirois) à Jean-Charles (Marie Lapointe) à Barnabé ( Caroline Gauthier)

                                                                                                          

 CRIMINOLOGUE 


vendredi 28 mai 2021

LES HÉROS DE LA FORÊT en guise de FESTI-LIVRE DESJARDINS

 

Le Festi-Livre Desjardins des Bergeronnes, la Coopérative forestière La Nord-Côtière et l’Association forestière Côte-Nord publient « Les héros de la forêt ».

 Ce recueil regroupe les textes des concours d’écriture organisés en 2019 et 2020, sur le thème de la fierté de travailler en forêt, ainsi qu’un témoignage spécial pour le 50e anniversaire de la Coopérative. 

L’illustration de la page couverture représente des travailleurs forestiers comme sur une affiche de film de superhéros. Elle a été magnifiquement réalisée par l’artiste visuelle Emy G. St-Laurent. 

« Nous remercions tous les auteurs pour leurs textes intéressants, de qualité et diversifiés, que beaucoup de lecteurs prendront un grand plaisir à parcourir. Merci de contribuer ainsi à assurer une activité littéraire dans le cadre de Festi-livre Desjardins pendant cette pandémie au cours de laquelle nous avons dû remettre à deux reprises le mini-salon du livre. » Jacques Gagnon, président, Festi-Livre Desjardins 


« Pour notre 50e anniversaire, nous voulons honorer tous les artisans forestiers qui ont contribué à notre sylviculture à travers les années. Soyons fiers ! » William Lebel, directeur général, Coopérative forestière La Nord-Côtière

 « Nous espérons que le recueil inspirera la fierté aux travailleurs forestiers et l’admiration du public POUR nos travailleurs forestiers. » Marie-Eve Gélinas, directrice, Association forestière Côte-Nord

SOURCES:  Marie-Eve Gélinas, directrice, Association forestière Côte-Nord

CLIQUEZ pour avoir accès  

recueil à lire   

vendredi 21 mai 2021

Grande-Bergeronnes à l'heure des Maritimes

 

Le Saguenay en 1963


Aussi étrange soit-il , il fut un temps où traverser le Saguenay à Tadoussac en direction de Québec se faisait à une vitesse record : le traversier partait à 10 heures de Tadoussac et accostait à Baie-Sainte -Catherine à 9h 30 !   Que ce soit sur le Saguenay qui embarquait 21 voitures ou le Charlevoix qui en faisait monter 27 , la traversée prenait 30 minutes ... Quel était donc ce phénomène étrange  qui dura jusqu'au 26 octobre 1961? 

Le Charlevoix en 1961


Une invisible frontière reliait la Rivière Saguenay  à la ville de Rivière-du-Loup et constituait le fuseau horaire de l'Atlantique .

Cette    différence était imperceptible si vous ne voyagiez pas  régulièrement vers l'ouest .  Toutefois, les émission de télévision provenant de Rimouski marquaient le retard: les jeunes auditeurs écoutaient Bobino à 5 h pm plutôt qu'à quatre heures ! Et il fallait veiller tard pour écouter le téléjournal à minuit ! Et de plus, la soirée du hockey finissait un peu plus tard pour tous les admirateurs de Maurice Richard !


HORAIRE TÉLÉ DE CJBR EN 1961  



Le progrès du Golfe de Rimouski 
22 janvier 1961 



La terre compte 24 fuseaux horaires, le Canada en compte cinq ordinaires et un petit spécial pour Terre-Neuve ( 30 minutes au lieu d'une heure)  . Le centre de notre fuseau horaire est le méridien 75 qui passe à Papineauville , sur la rive gauche de l ’ Outaouais, entre Montréal  et Gatineau.e

centre
de
notre
fuseau
horaire
est
le
méridien
75o
qui
passe
à
Papineauville,
sur
la
rive
gauche
de
l
Outaouais,
entre
Montréal
et
Hull.
Le
centre
de
notre
fuseau
horaire
est
le
méridien
75o
qui
passe
à
Papineauville,
sur
la
rive
gauche
de
l
Outaouais,
entre
Montréal
et
Hull.

Recule ta montre , on vient d'arriver
à Baie-Sainte-Catherine ! 




Le Soleil 26 octobre 1961


mercredi 19 mai 2021

Chemin de Damas avec l'abbé Richard Staniforth au volant.

        

Photo tiré de  Prêtre de Service ,
 disponible sur You Tube

J'avais écrit dans un numéro du  Maillon que Dieu  nous avait envoyé un Yvon Deschamps pour dire la messe à l'église paroissiale. C'était presque vrai. Il faut  avoir entendu l'abbé Richard Staniforth pour comprendre toute l'étendue de ses talents de communicateur. 

En ce qui me concerne, Richard Staniforth m'aida à trouver ma voie. C'était au printemps de 1980, le 3 avril,  la date exacte est facile à retenir puisqu'il s'agissait du Jeudi Saint . Je fréquentais alors le collège de Hauterive et il m'arrivait de chercher un pouce pour faire la route jusqu'aux TGB . Ma mère qui était alors marguiller, m'arrangea  le voyage, elle était bien contente que je puisse être présent pour son 51 e anniversaire de naissance . 

Ce fut toute une descente, l'aiguille du compteur ne voyait que rarement le 90,   je dois dire que l'abbé Staniforth connaissait la route par coeur  puisque  depuis le 10 décembre 1978 , il roulait chaque vendredi et lors des temps forts, de Baie-Comeau à Grandes-Bergeronnes. Trajet qu'il fit jusqu' au 29 juin 1980. 

Roulant sur les trois chiffres, on discutait de choses et d'autres. 

Qu'appris-je ce jour sur sa vie ?

L'abbé Staniforth avait été ordonné en 1966 et avait rejoint la Côte-Nord presqu'aussitôt. Et chose assez étonnante , lui qui travaillait pour la Défense nationale avait eu droit à un congé de deux ans pour fréquenter le Séminaire, car personne ne croyait à sa vocation. Tous le revoyaient revenir à son travail sur les radars et la télégraphie.  Même pendant tout son séjour au Petit et au Grand séminaire , on lui déconseilla de continuer , sa vocation prétendaient ses supérieurs, ne semblait pas assez solide...  




La Presse, 18 mai 1966

Pourtant qui donc ayant fréquenté ce prêtre pourrait prétendre ne pas avoir constaté son engagement ? Sa singularité en fera un personnage inoubliable. 



À son arrivée dans la région, l'évêque en poste est Mgr Couturier , sans ambages , le jeune prêtre lui raconte les doutes qui pèsent sur son cheminement et le prélat décide de  lui faire confiance. Destiné à être un prêtre itinérant, le jeune homme se verra confier des tâches variées : pastorale jeunesse, pastorale des vocations, pastorale scolaire...  Il sera appelé à tenir le fort dans les paroisses de toute la région. C'est de cette façon qu'il se retrouve au village , à la Paroisse Bon-Désir, et découvre la vie  Bergeronnaise. 



Est-il pour autant , un prêtre classique ? Pas du tout. Sa force réside dans son accueil et un sens de l'humour particulier. Il a l'art de raconter la vie avec un grand V et aussi celle avec un petit v. Il est vite apprécié par tous les paroissiens même si ses passages au village se font à vitesse grand V. 

Il a aussi le sens de la formule , lors de funérailles célébrées à la suite d'un événement tragique arrivé sur la route de Sacré-Coeur et qui décimera une famille , il trouve les mots justes pour inviter les fidèles  à se recueillir.








Qu'appris-je ce jour sur ma vie ?

Tout au long du parcours entre Hauterive et Forestville, je n'avais pas cessé d'observer le tableau de bord. Il connaissait la route, et il me semble que la route lui rendait bien, malgré l'eau ruisselante sur une chaussée aux ornières prononcées , jamais la voiture ne fut déstabilisée. À mon grand étonnement, le prêtre si pressé d'arriver à Bergeronnes, fit une halte au restaurant Le Forest ! Plus rien ne pressait, il fallait manger. 


Restaurant  Le Forest, propriété de David Berher  - 1980

 Lors du repas, je demande à  Richard Staniforth s'il a toujours trouvé facile de s'exprimer en public . En guise de réponse, il me raconte qu'il est aussi  enseignant . Pendant 18 ans , il enseignera la religion à la polyvalente de Hauterive , lui qui pourtant s'était juré de ne jamais  toucher à cette profession.  Il me précise que les adolescents sont un public extraordinaire qui ne demande qu'à être conquis. 

C'est à ce moment-là que je comprends qu'il me faudra moi aussi trouver mon public. Je me savais alors attiré par les communications mais le domaine était si vaste que je n'arrivais pas à mettre le doigt sur le bouton qui me propulserait dans la vie. 

En sortant du restaurant, alors qu'intérieurement je me demande si l'abbé sera à l'heure pour la cérémonie du Jeudi Saint, le prêtre me regarde et me dit en me voyant regarder ma montre " Tu vas voir, on ne sera par en retard, la messe commence jamais avant que le curé arrive. " 

Et effectivement, la messe débuta à son arrivée. Il me fit servant de messe sans me demander mon avis et je l'assistai, histoire de payer mon passage ! 

Quand je suis devenu enseignant, que j'ai eu trouvé mon public , après avoir comme l'abbé, changer d'orientation par trois fois, j'ai vite compris que ma vie ne pouvait pas comme la messe, commencer sans moi ! 


Quelques faits d'arme de l'abbé Staniforth

2012 -Le Manic


Le Soleil, 30 octobre 1996



Le Soleil, 18 mai 2006


Son travail auprès des vivants à l'heure de notre mort 

Un rapport paru en 2000 où Richard Staniforth se confie au sujet de
son approche "à l'heure de notre mort".