Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 26 novembre 2017

Bélanger: Nominé joueur de l'année JUNIOR B au Québec

J'ai souvenir d'un entraînement au baseball,  je devais être d'âge Mosquito (11 ans)   et je portais fièrement l'équipement bleu et or orné d'un gros B que fournissait gracieusement la ligue locale. André Bélanger, que je connaissais parce qu'il était le meilleur hockeyeur Bantam de la région , et aussi parce que dans un village tout le monde connaît tout le monde, -André donc s'était mis dans la tête de me montrer à bloquer une balle à l'arrêt-court. 
Mars 1972

Je devais plier la jambe , placer mon genoux par terre et faire écran avec mon gant. Mon corps servait ainsi de barrage à la balle que frappait André à partir du marbre . Disons que ce ne fut pas un succès. D'ailleurs, je me demandais bien ce que je foutais ce matin-là sur le terrain graveleux situé juste devant mon école primaire. Mon frère Mario qui excellait dans tous les sports, me poussait toujours à participer à ces camps de début de saison . J'aurais de loin préféré regarder Yogi l'ours à la télé plutôt que de fixer une balle et de me démancher le bras pour la rendre au premier but avant que le coureur ne touche le coussin. Mais ma mère insistait pour que je prenne l'air ! 

Pour pallier à mes manques, Bélanger m'avait conseillé de jouer avec une balle de tennis que je lancerais contre le mur de la maison familiale afin d'aiguiser mes réflexes. Ce que je ne fis jamais. J'étais aussi à l'aise sur un losange qu'une fourmi peut l'être sur un étang gelé. 

Voilà pour l'anecdote . Laquelle me fait dire qu'un sportif ne peut en aucun cas comprendre que sa  passion  n'est pas toujours transmissible. C'est pareil pour les passions artistiques. 


"Toute une équipe !"  de dire Roger Gagnon . (coll. Barbier.)

Le sport , le  hockey en particulier, est chez les Bélanger, un art. Réjean comme André son frère, avait cette facilité à manier la rondelle, lire le jeu, et enfiler des rondelles derrière le gardien. Pourquoi était-ce ainsi ? Bagage génétique ? Habitude ? Patience à l'apprentissage ? Même, leur mère,  madame Rosianne (Gagnon), était une fanatique du hockey. Avait-elle attrapé cette maladie de par ses frères Bruno, Marc, Jacques, Claude, Fernand, Rosaire  ou Raymond ? Pas de réponse.🔉😉 Combien de fois ai-je vu André, Réjean et quelques voisins de la rue de la Mer,  jouer à la balle ou au hockey sur le terrain adjacent au bureau de poste? Assez souvent pour que cette image se soit imposée dans mes souvenirs vieux de plus de  40 ans.  

L'Oeil Régional, Vallée du Richelieu, 20 avril 1977
En 1977, André qui évoluait avec les Chevalier de Forestville dans la ligue Junior B Côte-Nord  fut choisi comme candidat aspirant au titre de meilleur joueur junior du Québec. Titre qu'il n'obtint pas. Je vous jure que si j'avais été son "avocat", ce titre lui aurait été décerné. Drummondville où se tenait le Championnat  provincial  n'aurait pas résister à mon dossier!🙌 ;) 

Le courrier de Saint-Hyacinthe , 27 avril 1977


















FB Famille Bélanger-Deschênes









Tout cela pour dire que ce Bélanger était pour les jeunes de notre génération,   un sportif inspirant et qu'aujourd'hui encore, il mérite le titre de meilleur . Meilleur père, meilleur frère, meilleur conjoint, meilleur coéquipier,  meilleur ami, meilleur collègue de travail, meilleur meilleur. Choisissez, l'éventail est largement ouvert. 🏅Un mot : gentilhomme.












jeudi 23 novembre 2017

Témoin de l'histoire et inventeur...

René Otis est le fils de François Otis , il est né le 20 décembre 1896 à Bergeronnes et est décédé à Arvida le 18 janvier 1975. Marié à 17 ans à Roselda (Azilda)  Emond de Chicoutimi , ces deux amoureux eurent 16 enfants , en plus d'en adopter un dix-septième!










Banq




vendredi 17 novembre 2017

Pierre Laporte et les demi-prisons entre Bergeronnes et Forestville


Avant que d’être un pont et un ministre , avant que de perdre la vie de façon tragique pendant les événements d’octobre 70,  Pierre Laporte, avocat,  fut  journaliste et chroniqueur - 

"Pierre Laporte reste un homme mal connu. Audacieux journaliste, il s'est distingué dans sa démarche d'enquête, particulièrement dans ses éditoriaux au Devoir et ses Lettres de Québec. Il était un farouche opposant de Duplessis. Il fut un excellent journaliste."- Éd. Le Septentrion-

 Duplesssis déclarait en 1954, suite aux demandes pressantes des citoyens    pour parachever la route Tadoussac -Chicoutimi:

" On ne construit pas de route où il n'y a pas de monde..."

Suite à cette boutade, le Saguenay-Lac-Saint-Jean,le  préfet du conseil de comté, Laurent Brisson, et la Chambre de commerces du comté sont montés aux barricades et ont présenté un mémoire pour débloquer la région. De là , l'intervention de Pierre Laporte , alors journaliste vedette au Devoir et ennemi juré de Duplessis.




La politique provinciale 

Le Saguenay  en a assez de ses trois murs infranchissables .

par Pierre LAPORTE (Le Devoir )-- 13 avril 1955


La population de la Côte-Nord croit que la "deuxième partie du siècle actuel sera celle du Saguenay". Et elle se demande pourquoi "on ne prend pas les moyens de libérer les gens de l'atroce délaissement dans lequel ils se trouvent depuis tant d' années".


Le problème se résume facilement: la route Baie-Comeau Québec est bloquée par la rivière Bersimis et par le Saguenay Au premier endroit il serait possible de construire un pont. Mais sur le Saguenay, rien à faire; il est trop profond et les courants sont trop violents. I! faut s’en remettre au traversier.Lequel est à la merci de la brume, du vent.- des glaces. Pour résoudre la difficulté il n’y a qu’un moyen, passer ailleurs, construire une route vers Chicoultmi. Cette route est commencée. Il ne reste qu’un tronçon de 28 milles à construire Mais rien ne bouge. Et le Saguenay reste coincé entre la montagne, le fleuve et la rivière! 

Dans un mémoire qu’il vient de préparer sur le sujet, le Conseil du comté de Saguenay déclare que cet isolement nuit au bien-être des 45.000 citoyens du comté, et qu’il retarde le développement de la région.


Des* exemples*

  On n’en finirait plus d’écrire tout, ce qu’on raconte sur ces demi-prisons que sont Tadoussac, Forestville, les Grandes-Bergeronnes ou Sacré-Coeur. Cet hiver des gens ont eu affaire à Québec Normalement le voyage ne doit prendre que trois jours. Mais il en a fallu dix jours pour le compléter, car le traversier ayant été immobilisé par la brume, puis par les glaces qui s’étaient entassées au confluent du Saint-Laurent et  du Saguenay. Des femmes malades ont dû être transportées à Québec en avion. Dépense considérable pour une population qui n’est pas riche.

 Le transport lourd est à peu près impossible dans le comté de Saguenay. Il doit entrer via le traversier entre Baie-Ste-Catherine et Tadoussac. Mais le bateau-passeur n’est pas équipé; pour le matériel lourd, il faut démonter les pièces trop lourde*... ou renoncer tout simplement à les transporter…


Trêve de lyrisme


Depuis quelques années la population du Québec entend parler des progrès fantastiques de la côte Nord. Le premier ministre surtout nous en sert plein les oreilles. Mais les gens du Saguenay voient les choses avec plus de réalisme. Dans leur mémoire ils disent: “45900 Saguenéens (NDLR : Nord-Côtiers)  et plus tirent de leur cœur, le courage de bâtir, sur une terre séparée du reste de la province par le Saint-Laurent, le Saguenay et les Laurentides, un royaume industriel. On vante les richesses qui viendront de leur Saguenay, on parle de leurs pouvoirs électriques, de leurs mines, des belles vacances en perspective dans un endroit aussi poissonneux, tandis que sur les lieux mêmes, les groupements de citoyens parlent de la vie réelle de leur vie entre trois murs infranchissables, de leur délaissement pendant la saison d’hiver, de leur précaire situation économique.”


Pas de faveurs

Depuis plusieurs années les Saguenéens ont voyagé sur des promesses. Leur mémoire, adressé à M. Duplessis, le rappelle en termes mesurés :
 “Depuis quelques années, dit-il, la question de la route Ste-Rose-Sacré Coeur est discutée par différents organismes sociaux des régions de Chicoutimi et Saguenay. Des délégations sont allées vous rencontrer à Québec, des mémoires vous ont été soumis et depuis, des milliers de gens attendent avec désir la réponse favorable à la réalisation de ce projet de route qu’ils désirent tellement .. Pourtant ce tronçon de route qui manque (28 milles) ne doit pas leur arriver comme une chance, mais comme réponse à des besoins essentiels et pressants.” 



dimanche 5 novembre 2017

Comment l'amour vint à Gérard Lessard à Joseph

Gérard Lessard et Marie-Mance Champagne
Le mot " représailles" et le petit r roulé   lancés par madame  Gérard Lessard , m'avaient vraiment impressionné. J'avais la certitude  d'avoir entendu une langue étrangère s'élever au-dessus de tous les babillages prononcés autour de la table de cuisine. C'était vers 1971  , quelques employées du foyer Mgr Gendron s'étaient réunies  à la maison familiale pour parler des conditions de travail qu'elles souhaitaient voir s'améliorer. Ma soeur Lynda, nouvellement diplômée en soins infirmiers, avait gracieusement offert le local de réunion... 


Après le départ de ces revendicatrices, j'avais demandé à ma mère d'où venait madame Gérard Lessard. À cette époque, toutes les femmes d'un certain âge  portaient le nom de leur époux. Souvenez vous : madame Charles-Edmond Lessard, madame Laurent Bouchard,,madame Ovila  Bouchard, madame Patrick Gauthier, madame Camille Boulianne , madame Toussaint Larouche, madame Philias Savard, madame Victorien Maltais  ... C'était ainsi.  



Ma mère m'apprit donc que cette dame portait le nom de Marie-Mance Champagne et qu'elle avait été éduquée par les religieuses.  D'où cette accentuation portée sur les r et ce langage châtié. Là, s'arrêta ma curiosité. De toute façon ma mère n'en savait pas plus. 




Les mémoires de Gérard Guay, colligés par son neveu Pierre-Julien Guay à Marcel  à Victor, ajoutent aujourd'hui à nos connaissances.  


Extrait 


"En avril 1940, le contracteur Éthier ne veut plus avancer de l'argent pour que les colons (de Colombier)  se procurent des marchandises. À l'assemblée coopérative, il est décidé que j'irai avec Omer Boudreault à Québec en m'embarquant sur le Bergeronnes Trader, une goélette de 75 tonneaux, pour essayer d'obtenir des avances. Nous visitons A. Simak qui avait l'habitude d'acheter du bois à Bergeronnes et Escoumins.
 Nous n'avons aucun trouble pour obtenir 5000$ et nous embarquons des provisions pour ce montant. 

Au couvent de Saint-Laurent de l'île d'Orléans, Marie-Alice avait connu sœur Sainte-Laure. Comme elle allait avoir un autre bébé, elle lui avait demandé d'essayer de lui trouver une orpheline assez grande pour l'aider un peu dans la maison. Après que nous avons fini nos affaires, j'appelle sœur Sainte-Laure et, dans l'après-midi, je vais au couvent où l'on me présente Marie-Mance Champagne de l'orphelinat de Rivière-du-Loup qui a accepté la proposition et qui veut bien venir avec moi pour essayer si on peut, elle nous rendre service et nous, lui servir de foyer. 


En descendant, la goélette s'arrête à Bergeronnes pour débarquer des marchandises. J'en profite pour visiter mes parents et ma famille et Marie-Mance m'accompagne. Nous rembarquons le soir même et le 8 mai, nous sommes à Sainte-Thérèse. Marie-Alice accouche cette même nuit de France et, pour faire plaisir à Marie-Mance, nous lui donnons aussi le nom de Ghislaine, sa sœur aînée."



Puisque la coopérative forestière et agricole de Colombier n'arrive pas à payer le salaire de son secrétaire ,  Gérard Guay et son épouse Marie-Alice Gauthier  seront de retour aux Bergeronnes avec leurs enfants , au printemps de 1941 . Marie-Mance Champagne qui fait toujours figure d'aidante familiale dans la famille de monsieur Guay, rencontrera Gérard Lessard, fils de Joseph ... et à la suite des hasards de la vie, vinrent:  Berthe, Jacqueline, Jacques, Betrand, Elizabeth, France, Francis et Serge . Une belle continuité pour la famille Lessard , au grand bonheur de madame Joséphine.   



Merci spécial à Carol Guay à Adrien à Victor, un ancien Bergeronnais  à la mémoire imparable.

Un événement qui ne fut pas sans bouleverser la vie des Lessard  (le Soleil, 12 mai 1983)