Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

mardi 30 décembre 2014

UNE ABSENCE

Une caisse est vide chez Ti-Marc Tremblay. Une de ces caisses qui sert de support aux longues conversations "entre hommes" qui s'y déroulent chaque soir. 


Aux rendez-vous, sans heure fixe, de chez Ti-Marc, viennent se rencontrer, un peu du canton un peu du village...Des clients d'occasion, des habitués et parfois un "étranger" de passage, dont l'arrivée ramollit la conversation qui reprend de plus belle à son départ.



Économie, religion,température, politique,catastrophes, accidents...tous les autres sujets sont âprement débattus. L'un accoudé sur l'étagère, un autre assis sur des caisses de bières, un autre juché sur la poche de patate et un dernier accoté sur la porte qui "gling gling" quand on l'ouvre.Sans oublier Ti-Marc la tête dans les mains, les deux coudes sur le comptoir et le crayon à l'oreille.

C'est dans cette atmosphère que chaque soir , ou presque , le sort du monde sans être réglé est au moins fortement discuté. Mais depuis plusieurs jours maintenant, il manque un voix dans cette assemblée quotidienne. Celle d'Ovila.

Une caisse est vide chez Ti-Marc Tremblay.

"Perqué, Ovila ?"Ovila, Ovi-Lait, comme on disait parfois pour se faire plaisir sans méchanceté.Ce lait qui d'ailleurs, depuis quelques temps, a un petit goût amer. Roger et Jeannine n'y sont pour rien...c'est juste le goût d'un souvenir... quand Ovila faisait "la run" avec son éternel sourire.


Mon souvenir à moi, c'est celui de ce sourire derrière lequel s'effaçait le contestataire, le politique,afin de respecter le coté public de son commerce. Il lui fallait tout son courage à Ovila , pour ne pas vendre du lait péquiste, mais du lait pasteurisé.Il transgressait parfois , rarement, la règle commerciale du silence pour glisser quelques "considérations" politiques ou économiques.

Mais il se retenait, Ovila...Il se retenait jusqu'à son petit rendez-vous quotidien chez Ti-Marc. Là , il se laissait aller . Là avec d'autres, il a rebâti Unifor, réorganisé l'hôtel Élan , transformé les loisirs, analysé la situation de la scierie Nazaire Gagnon, élu de nouveaux conseillers (qui n'ont jamais siégé),  légalisé la pilule, réinventé Dieu, ou fait l'indépendance du Québec... Il rêvait Ovila, comme nous tous, à la démocratie...

Maintenant une caisse est vide chez Ti-Marc Tremblay. Vide ? Pas tout à fait. Ovila n'est pas de ceux qui partent sans rien laisser.Il nous laisse un grand vide peut-être mais il nous a aussi  laissé de quoi le remplir...

 Pierre Rambaud , Le Maillon, novembre1981.

Pierre est un portraitiste. Il peut en quelques mots saisir un homme. Ses portraits sont souvent  faits à titre posthume. Le mien attendra.  

samedi 27 décembre 2014

LE POUVOIR DES PHOTOS (3) IMPOSTURE ?!

Midget, mars  1978, tournoi de Bergeronnes
Ô Capitaine ! Mon Capitaine !
Notre voyage effroyable est terminé
Le vaisseau a franchi tous les caps, la récompense recherchée est gagnée,
Le port est proche, j'entends les cloches, la foule qui exulte

(extrait , poème de Walt Whitman, 1865 )

Cette photo prise par mon ami le Cyclope est assez étonnante . Un inconnu dirait sans doute que ce jeune homme de 17 ans était  un joueur de grande qualité, un leader, un buteur de première classe. Il aurait à peu près tout faux. Dans mon journal ,j'ai exprimé maintes fois mon désir de devenir meilleur au hockey. J'avais un bon coup de patin, par contre  mes habiletés manuelles étaient plutôt limitées. Ce qui faisait de moi , selon mes copains, un Bob Gainey. Un touriste sur la patinoire. Je ne m'en suis jamais plaint parce que pour moi le hockey était une façon singulière de m'affirmer. Mon coach préféré de l'époque , Augustin Bouchard, dont j'admirais la grandeur d'âme , avait fait en sorte que je sois le capitaine de mon équipe. Il savait ce qu'il faisait. En appuyant ma candidature, il fouettait ses troupes, le message était clair : je n'étais pas le meilleur , loin de là, mais je travaillais avec coeur,  je pouvais grâce à mon coup de patin  faire  s'écouler deux minutes de punition et ainsi remettre mon équipe sur les rails. J'étais un joueur défensif. Mon leadership  se manifestait par ma fougue. Mon peu de connaissance du hockey était flagrant: je ne pouvais pas lire le jeu puisqu'en fait, le hockey ne m'avait jamais intéressé.Je n'ai jamais lu les pages sportives, ni les statistiques, je passais mes samedi soir loin de la télé ! Le hockey fut pour moi  un véhicule pour passer mon adolescence à me faire des amis. 

Personne ne doit savoir que je ne connais rien au hockey. Heureusement que mon frère collectionne les cartes (que j'apprends par coeur), il me sauve la vie sans le savoir, il fait de moi un être à part entière dans ce village de la Côte-Nord où l’aréna rythme la vie de tous les adolescents. Comment moi pourrais-je échapper au monstre, alors que tout le village ne vit qu’en fonction de cette idole ?
(Extrait de mon journal , 1974) 

Cette photo pourrait être celle d'un imposteur, une mise en scène, mais je vous le jure, mon étiquette de travailleur acharné justifie cette photo. Un plombier, finalement, ne fait pas beaucoup de finition, mais il est essentiel.

 Et grâce au hockey , j'ai appris à mémoriser des textes et à me mettre en scène. Ce qui est beaucoup. Merci hockey.

vendredi 26 décembre 2014

Dieu

Il y a un passage que j'adore dans  ce poème  de Jean-Paul Desbiens sur le Lac. ( Journal d’un homme farouche, Boréal 1993)

  Poème farouche
Béni, sois-tu, Seigneur,Pour le lac Saint-Jean 
Je te remercie de me l’avoir donné.Gratis. 
Il était avant moi;Il sera après moi. 
Je te remercie de me donner le pouvoir 
De marcher dessus.

Desbiens était un homme de Dieu. De ceux qui savent recevoir ce qu'ils ont déjà. Si je retiens quelque chose de positif dans mon passage chez les catholiques, c'est cette incomparable foi qui permet à des hommes de croire. De se donner une fois  mort à cet espoir de résurrection . J'ai une admiration sans bornes pour les saints. Pas pour ce qu'ils ont fait, mais parce qu'ils le font pour le Seigneur. Avec humilité souvent. Sans fla fla. Au-delà de cette récompense intrinsèque que procure le travail bien fait, les saints reçoivent ce que Dieu leur donne , c'est à dire ce qu'ils ont déjà !

Si les saints se syndiquaient, Dieu devrait payer pour tout ça . Ma boutade est stupide ,je sais. Mais  Dieu m'a donné le pouvoir d'être un peu beaucoup frondeur . Alors, j'accepte son cadeau que j'avais déjà ! 

  


Le pouvoir des photos (2) Voyages interdits !

Coralie (la fille)et Chantal (la mère) entre 3 et 4 ans
34 ans séparent ces deux photographies. 34 ans c'est beaucoup de temps à l'échelle humaine, à l'échelle du monde ce serait et cela a déjà été dit, un clignement d'oeil . Notre vie est d'une durée de 150 millisecondes. Si nous avions le loisir de voyager dans le temps, nous pourrions enfin rencontrer nos ancêtres ou encore nos descendants . 


Ce qui serait en soi, une expérience un peu traumatisante. Comme Boris Cyrulnic  le disait :"Un enfant n'a jamais les parents dont il rêve."(La résilience ou comment renaître de sa souffrance ? ) 

Or, un voyage temporel serait très néfaste, le traumatisme serait tel que certains s'en trouveraient blessés pour le reste de leurs jours.Ce que  cherche l'enfant c'est un parent idéal et non l'idéal du parent. Un voyage dans le temps suppose que Coralie pourrait voir sa génitrice  quand elle avait 16 ans ,et cela  à un moment qui pourrait être désavantageux pour celle-ci  ! L'image que nous construisons de nos parents est une immense légende lavée de ses scories , qui ne montre comme le disait l'historien Mgr Victor Savard que le bon coté des choses. Un parent idéalisé, donc.

L'image que nous avons de nos parents est-elle un mensonge pour autant ? C'est une construction alimentée de diverses archives:des photographies, des textes, des ouìe-dire , des légendes , des paroles de trop dans un souper de famille... En principe, pour la majorité d'entre nous , un parent idéal  a réussi à nous transmettre des valeurs fortes, elles-mêmes issues de la  construction d'un idéal du moi. 

Bref, ce que votre mère est aujourd'hui , ce qu'elle a réussi à être  en regard de ce qu'elle voulait être , c'est cela que vous connaissez.
Le reste est un chemin, intéressant certes, mais que vous ne devriez visiter que le jours où vous serez vous-mêmes des  parents! 

Les voyages dans le temps ne seront donc autorisés qu'aux parents biologiques. Comme le dit Chantal , la mère de Coralie, un voyage dans le passé est un coup de dés ! 


Et  un coup de dés jamais  n'abolira le hasard. (Mallarmé, 1914) 

Bye , faut que j'aille dans le présent construire le reste de ma légende...

dimanche 21 décembre 2014

Le pouvoir des photos 1.Mario,Castro et Ovila


Visite de mme Hénault
Je crois beaucoup au pouvoir des photographies.  Cette photo de Mario avec mon père révèle déjà  tout l'avenir de mon frère. Cela peut paraître tout à fait impossible, mais c'est bien le cas.  

Mon père est né en 1926. Mon frère Mario, le premier des trois garcons, est né en 1957. À 31 ans mon père après avoir accueilli trois filles que ma mère avait beaucoup câlinées, se retrouvait avec un gars qui le suivait partout, et ce serait comme ça jusqu'à la fin de sa vie. 

Mario et Ovila avaient vraiment beaucoup de points en commun. Mario était un entrepreneur tout comme mon père.

S'il fut enseignant un temps,je crois simplement que c'était parce que les services d'orientation étaient déficients ou absents pendant son adolescence. Même si ses études universitaires en langue ne lui sont pas directement de bon secours dans son commerce, on peut dire que ce parcours particulier lui a ouvert l'esprit, en plus de lui avoir permis d'aller voir du coté des fonctionnaires. Laquelle visite lui a confirmé qu'il était tout à fait comme notre père: un gars de commerce, à l'esprit indépendant et dont la fidélité dans le service à la clientèle était égal , sinon supérieure, à celui de son géniteur.



Mario et Ovila  en 1966
Ovila n'avait pas de patron, Mario, non plus. Il y a un tribut à verser pour cela: travailler, travailler et travailler. Et quand on travaille , on voit le résultat de ses efforts et on se surprend que des gens puissent toute leur vie occuper un travail qu'ils n'aiment pas. 


Mon père avait une préoccupation qui s'élevait au-dessus de toutes les autres: l'éducation, il était essentiel que chacun de ses sept enfants soit instruit. Mon père disait qu'un homme d'affaires prospère n'avait  réussi qu'à moitié si sa progéniture ne pouvait pas à la fois faire marcher le commerce et en plus choisir un avenir qui lui soit propre. "Il faut aller à l'école le plus longtemps possible. L'instruction ça ne se mange pas, mon argent, oui. "

Ovila était un laitier, un livreur de lait, mais aussi un humaniste. Mon père aimait ses clients, il adorait sa run de lait et si les dernières années de sa vie furent difficiles en raison de la maladie, jamais il n'aurait changé de travail. Mario aura été en ces jours plus sombres, c'est le cas de le dire, son poteau de vieillesse. Et notre père, sans le savoir, son mentor. Il lui a tout appris. Mario aura été au première loge pour se rendre compte que le commerce était un art. Comme me disait monsieur Vilmond Lessard, dit Castro, en 1986:



"Le commerce, c'est un cours d'université. On finit par connaître le monde au quart de tour!"


Crayons publicitaires  retrouvés dans les murs d'une maison
construite en 1965 Coll. Doris  Lapointe  (FB) 
En plus d'un baccalauréat, Mario a aussi une maîtrise es commerce ! Et monsieur Castro aurait bien mérité  un doctorat honorifique en psychologie. 







  

samedi 29 novembre 2014

Mon temps , c'est déjà l'ancien temps...

  1. Ben est une bande dessinée quotidienne créée en 1996 par Daniel Shelton et publiée partout au Canada.





Dans mon temps, cette expression, je la croyais réservée à tout jamais à mes parents et à leurs contemporains. Je me trompais. Tout comme l'arthrose m'a rejoint, l'ancien temps est devenu mon temps. En lisant Ben, j'ai compris que les choses avaient changé à mon insu ! Je ne pourrais identifier avec certitude le moment où je suis devenu vieux, mais je puis au moins constater que j'y suis arrivé sans effort aucun.



CE QUI A CHANGÉ DEPUIS 1968 


Les céréales: quand j'étais petit, les céréales les plus populaires étaient les céréales Tintin. Et évidemment chacune des livraisons du magasin Victor Guay et Fils contenait la fameuse boîte. Je ne crois pas que ma mère qui était une véritable ménagère multi-tâches (infirmière, comptable, cuisinière, femme de ménage, psychologue et diététiste) était favorable à ce genre d'achat. Disons qu'elle aimait à me faire plaisir, et voyait en Tintin , une excellente façon de  faire lire son garçon. Toutes les boîtes de céréales  Tintin contenaient une surprise. Des lunettes pour marcher sur la lune, un Milou mécanique, une figurine, une bague... Jouets dérisoires aujourd'hui, mais qui à cette époque  occupaient les enfants pendant des jours. Tintin, je vous jure, était un bon vendeur ! 


Vers 1978. Photo : Le cyclope


Au magasin de monsieur Victor -on appelait très souvent monsieur Marcel par le nom de son père- on trouvait de tout. C'était un magasin général: jouets, quincaillerie, vêtements, nourritures... Un espèce de Wal-Mart finalement! En beaucoup moins grand, il faut le dire. Quand j'avais 7 ou 8 ans, ma mère y faisait la majorité de ses achats. Souvent par téléphone,  nous en profitions alors pour faire nos demandes. La livraison se faisait dans la journée même.  Comme un achat sur internet, mais en plus rapide !



1953




Nous étions nombreux, très nombreux. Les familles de 4 enfants étaient considérées comme petite. La norme: 5,6,7 ou 8 enfants. En comparaison, nos parents provenaient de famille de 11 ,12 , 13 ou 14 enfants !

mardi 18 novembre 2014

Familles

Les familles décomposées sont de ma génération. Comme on entend depuis des années parler d'abord et ad nauseam de famille recomposée , mon titre peut vous paraître un peu hors norme. 

Mais qu'est-ce donc qu' une famille décomposée ? Ce ne sont pas des familles issues du divorce de leurs parents, ce serait là plutôt des familles éclatées. Ce sont tout simplement des familles où plusieurs des membres sont en orbite les uns par rapport aux autres. Ils se voient  de loin, se parlent rarement avec les mots du coeur et deviennent les uns pour les autres de quasi étrangers. Je qualifierai ces relations pour rester dans la métaphore spatiale, de relations satellitaires. 

Il y a trois sortes de satellites: 

a. Le membre qui  a coupé les ponts. On sait où il est, ce qu'il est ,mais on ne peut lui parler, le vaisseau spatial ne répond plus. 

b. Le membre qu'on a perdu de vue.  Il ne donne plus de signes de vie. On peut croire qu'il a tout de même un trajet satellitaire , par contre, il n'apparaît plus au radar.

c. Le membre dont les signaux sont hésitants. Dès que leur orbite elliptique se rapproche de la base ,ils émettent clairement, mais ils brouillent vite leurs signaux , car ils ne veulent vraiment pas ressentir  les douloureux moments que cachent parfois les rapprochements. 

Si en lisant ce texte , vous avez reconnu votre famille, soyez rassurés ,  tous ces comportements sont NORMAUX. Le contraire est inquiétant. 

« Familles, je vous hais ! 
Foyers clos;
portes refermées;
possession jalouse du bonheur. »
André Gide, Les nourritures terrestres  ,1897.

Pour André Gide, la famille est le lieu possible pour une " socialisation primaire", mais cette même famille est aussi un  lieu refermé sur lui-même qui a sa propre logique. Les événement de l'enfance  sont des fondations qui nous suivent toute notre vie et dont l'analyse démontre une logique propre à chaque famille. Ceci dit, la singularisation des individus passe par un éloignement de la base.On communique mieux à distance.
Bref, la distance a de l'importance !

Bye , faut que j'appelle mon frère.

lundi 17 novembre 2014

Trophées

Dave Delaunay, meilleur joueur atome en 1972
Il fut un temps où les trophées étaient rares. Ils représentaient alors beaucoup. Puis, je ne sais pas trop pourquoi, ils se sont multipliés. Sans doute que le niveau de vie aidant, les organisateurs de tournoi trouvèrent de nouveaux commanditaires. Vers 1975, les équipes gagnantes se mirent à recevoir des trophées, pas un seul trophée que toute la troupe pouvait soulever à bout de bras pour célébrer, mais un chacun. 


CHACUNUN! 
C'était nouveau. Reste que j'ai toujours eu un faible pour les trophées individuels et les trophées soulignant le travail de l'équipe gagnante. Il me semble que ces trophées annonçaient quelque chose. Vrai que j'ai choisi le trophée reçu par Dave Delaunay pour servir mes propos.Parce qu'on le sait il y a des exceptions à la règle.

 Pas en ce qui concerne le gars de Portneuf. Ce jeunes homme devenu un adulte n'a cessé de faire du sport. Comme si cette photo et ce trophée avaient été des signes annonciateurs.





Mais il ne faut pas s'y tromper, ce que nous sommes devenus est souvent le fruit du travail des autres: un père, une mère, ou encore une figure parentale qui n'aura jamais hésité à s'impliquer chaque fin de semaine pour que des jeunes puissent s'épanouir. Pierre Hervieux , jadis directeur des loisirs aux Bergeronnes , prétendait et avec raison, que la passivité ne donnait jamais de résultat positif. Nos parents l'avaient compris.





Ci-contre Aldo Bouchard ,
 ci-haut, Denis Maltais   
Leur rendre hommage sans oublier personne serait en soi un exploit extraordinaire  ! Ils ont été si nombreux. Toutefois,  je vous donne à lire cette page extraite du programme souvenir du septième Tournoi de Hockey Mineur de 1972, et vous comprendrez alors que si une photo vaut mille mots, une liste de noms fait naître mille images!









"Le hockey avait cette capacité de rassembler une communauté et d'apprendre aux jeunes non seulement à concourir, mais aussi à jouer selon leurs plus hauts standards."

Bobby Orr






Tout ce que j'espère c'est que nos petits et grands exploits auront été pour vous des trophées . Des trophées pour CHACUNUN de vous!

vendredi 14 novembre 2014

Peinture à l'eau et poésie.

Bergeronnes , aquarelle , Mélanie Paquet 








L'accent d'Amérique.   Deux mots pour vendre Québec. 

I am Amsterdam. 
I  Love NY. 


Des slogans , des signatures pour une ville ou une mégapole.
Alors,  je tente la même chose pour Bergeronnes. 


 Il y a aussi cette strophe: 

j'en parle à cause d'un village de montagnes
d'où s'envolent des rubans de routes fragiles
toi et moi nous y fûmes plusieurs fois la vie
avec les bonheurs qui d'habitude arrivent

-extrait de Jeune fille , poème de  Gaston Miron.  


Au sujet de l'auteure de cette toile

Mélanie peint et dessine depuis l'enfance, sous l'influence de sa mère. Elle se souvient avec joie des cours au Musée du Québec. L'aquarelle est venue après la peinture à l'huile, mais Mélanie trouvait ce nouveau médium difficile et les résultats peu satisfaisants. 

Elle a donc pris des cours avec Lisette B. Cantin à Québec et sa mère lui a offert des godets de couleur de qualité, du bon papier et cela a fait toute la différence. Mais, le véritable déclencheur a été un moment particulier de sa vie. Il y a sept ans, Mélanie commence des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie pour soigner un cancer du sein. «J'ai passé cet été-là à peindre avec ma mère. J'ai pu me recentrer et peindre en paix».


Depuis, elle a réalisé une centaine d'œuvres, sur le motif ou d'après photo, et s'inspire de la nature et des Bergeronnes, son village d'adoption auquel elle est très attachée. 

(Texte de Christine Gillet)



jeudi 13 novembre 2014

Sauver l'Église ou sauver une église.

Bergeronnes 1954

















Bergeronnes 1977  (J.M. Cossette)


Bon, j'avoue que mon titre est un peu biaisé. C'est exprès que j'oppose le temple et la spiritualité. Il faut bien se rendre à l'évidence, les églises sont vides. Et quand elles se remplissent , ce n'est pas toujours avec des fidèles.En tout cas, ce sont des fidèles si infidèles, qu'ils peinent à suivre la cérémonie. Je n'ai rien contre les touristes, j'en ai été un pendant au moins 10 ans de ma vie sur une patinoire de hockey.
Barrière, Félix. [1900]
Collection Félix Barrière
L'escalier est fait de bois.


Bref, je voulais surtout attirer votre attention sur les nombreux projets de transformation concernant les églises au Québec. Il y a vraiment une tendance vers les salles multifonctionnelles. Certains plans sont vraiment épatants et permettent même de conserver la vocation première des lieux. D'autres sont des virages définitifs: condo, salle de spectacles, musée, usine ... Je préfère les solutions mitoyennes.

Intérieur 1954 (BANQ)





 Ce sont celles-ci qu'on devra privilégier dans notre milieu. Tadoussac, déjà , le temps d'un festival , a ouvert la marche. Puis, Bergeronnes qui avait enlevé ses bancs dans les années 70 et les avait remis dans les années 90 , partage le lieu avec la chorale profane. À Forestville, on a pensé à profiter du fait que le projet de salle de spectacles n'aboutissait pas pour tenter d'y faire la promotion d' une salle de spectacles multi-fonctionnelle.   Ce sont des idées qui viennent. Elles sont pour le moment fugitives -les idées de changements- mais elles seront un jour incontournables ,je vous en passe un papier ! ON a bien un jour démoli des presbytères centenaires... 

Yves Tremblay , Les yeux du ciel, La Presse ,25 oct 2019. L'Église de Bergeronnes, vue du chevet. 


Sauver l'Église : voilà une autre histoire. Histoire que je n'aborderai ici que pour affirmer ma foi . Affirmation faites déjà dans un tout autre contexte à l'Université de Sherbrooke vers 1999 :

   Je suis né en 1961 dans une famille pratiquante. Comme la plupart de mes contemporains j’ai connu l’Eglise triomphante, je l’ai vu être désertée, jugée dans ses erreurs du passé, décriée dans son intolérance … et comme j’habitais la campagne, tout cela s’est fait au ralenti. Ce fut une occasion en or d’observer à l’échelle d’un village, les restes d’une institution qui ne semblait plus répondre aux préoccupations des fidèles. Mais je ne sais par quel hasard, j’ai eu la chance de ne pas faire partie du troupeau infidèle. Tout comme le rapporte le sociologue Fernand Dumont, j’ai pu observer le déclin de la pratique religieuse de l’intérieur et constater que ce phénomène une fois chiffré nous renseigne mal « sur les complexes appartenances, les recherches personnelles, les doutes et les refus »[1]..



[1] Dumont, Fernand, Une foi partagée, Bellarmin,1996, page : 273 

Ceci et cela dit , je dois prier pour transformer les deux : Église et église ! 





lundi 10 novembre 2014

J'ai connu la mort parue dans IMAJ , 1985.


Tirée de gen hcn
Dans la poussière du grenier entre deux vieux numéros d’un magazine qui n’est plus à la mode, j’ai trouvé un vieux revolver. Un jouet de mon enfance, du temps où les jeux électroniques ne nous tenaient pas encore en otage.

Je me souviens. Le samedi nous allions chez Marc, moi, mon frère , les voisins pour y acheter devant la mine amusée  de l’épicier , des revolvers en plastique et un rouleau de pétards. C’était pour jouer aux cowboys.

J’ai appris à faire le mort en venant au monde, ce qui fait qu’à six ou sept ans et peut-être avant j’étais le champion du décès.
Si vous aviez vu ! Quelles cabrioles. À peine avais-je entendu crier par un cowboy ennemi : « pow ! pow! T’es mort !  » que déjà,  j’improvisais ma pirouette. Quelquefois je mourrais à genoux, les mains portées au ventre, la souffrance sur le visage, fier comme un cowboy pour qui la justice n’a de prix que sa propre mort.

Un jour, mille extravagances mortuaires passées, la fatalité eut raison de mes singeries. Décidé à mourir  dans une bataille qui passerait à l’histoire du far-west de derrière le cimetière, voilà que je me mets à chercher la mort. Et qui cherche rarement trouve. J’ai donc survécu jusqu’à  la fin , croyant même pendant un moment devoir recourir au suicide pour enfin atteindre la jouissance suprême que procure la fatalité.

Mais heureusement, un fûté, je ne sais comment , embusqué derrière un monument funéraire est sorti tout à coup de sa retraite et à donné le cri dernier : « pow ! pow! T’es mort !  » Quel bonheur ! 

 John Philip Falter, 1910 - 1982



Aussitôt tombé par terre, écrasant quelques marguerites au passage, me voilà qui déboule la butte, et quelle descente!  Déjà je sais que mes compagnons, jusqu’à la prochaine bataille ne parleront que  de cette belle séquence. C’est l’apogée de ma gloire western !

Je m’excuse au terme de ma roulade contre la clôture du cimetière, souhaitant pousser plus loin mon audacieuse aventure, je feins de me relever dans un dernier sursaut de vie pour me laisser choir à nouveau.

Quelle bêtise! Un frisson me traverse tout le corps, par terre oubliée là sans doute par un buveur solitaire, une bouteille à demi cassée,  mon pantalon brisé à la hauteur de la fesse est lui tout rougi…Triste fin pour un héros!


Les rares  personnes qui ont aperçu cette longue cicatrice, témoignage de cette aventure , ont tous posé , intriguées , les mêmes questions.  Qui ?  Comment ?  Et où? Et j’ai beau dire la vérité, on ne me croit jamais ! Et pour cause, qui peut croire une réponse pareille :  « C’est la mort qui m’a coupé dans un cimetière ! »

Ebenezer, le misanthrope.

Un chant de Noël  , ce récit que Dickens avait écrit en feuilleton pour rétablir les rentrées d'argent qui se faisaient rares , a été adapté de bien  des façons . 

On a fait de ce texte une histoire destinée aux jeunes enfants. En fait,  l'auteur voulait dénoncer le sort fait aux populations les plus pauvres.


Au cœur du conte, en effet, Dickens a un message à faire passer : une société dont les maîtres ne se préoccupent que de rentabilité sans se soucier du bien-être général est une société mortifère                (Field lane ragged school)

Sans oser comparer  les conditions économiques des Londoniens de 1843 avec celle de mes contemporains (pour mémoire, Bergeronnes a été colonisé dans des conditions encore plus difficiles en 1844) , il faut bien que je signale que cette dénonciation est souvent cachée sous ce qu'il est convenu d'appeler le miracle de Noël, soit cette propension que nous avons à penser que cette fête chrétienne peut momentanément  effacer les pires injustices sociales. 

Mais ce qui m'étonne encore plus au sujet de ce conte, c'est qu'on oublie souvent de souligner le trait le plus caractéristique d'Ebenezer. Sa misanthropie est manifeste et est certes,  parmi les nombreuses actualisations que l'on peut produire à partir d'une analyse de ce texte,  le phénomène  qui a le moins vieilli dans cette oeuvre. Au lieu d'y retenir une leçon d'humanité , sans doute serait-il plus usité d'y explorer un épiphénomène relevant des rapports  sociaux. 


   « La misanthropie apparaît quand on met sans artifice toute sa confiance en quelqu'un parce qu'on considère l'Homme comme un être vrai, solide et fiable. Puis, on découvre un peu plus tard qu'il est mauvais et peu fiable... et quand cela arrive, l'intéressé finit souvent … par haïr tout le monde. »(Platon)

 Au-delà des conventions, des politesses et du partage , gestes éphémères dont est porteuse la période de Noël, il est facile de constater que notre société si elle ne permet guère de s'isoler socialement, est un terreau tout désigné pour développer des comportement haineux.



 Persuadés qu'elles ne peuvent guère fournir une satisfaction chrétienne du corps et de l'âme à la multitude, quelques-uns d'entre nous s'efforcent de réunir une petite somme pour acheter aux pauvres un peu de viande et de bière, avec du charbon pour se chauffer. Nous choisissons cette époque, parce que c'est, de toute l'année, le temps où le besoin se fait le plus vivement sentir, et où l'abondance fait le plus de plaisir. Pour combien vous inscrirai-je ?
- Pour rien ! répondit Scrooge.

 Pour rien! Voilà ce que nous répondons cinquante semaines par année aux reste de l'humanité. Ebenezer, lui, le fait 52 semaines par année.Notre imposture relève de  notre méconnaissance des inégalités sociales ou plus exactement de notre mépris .

Bye, faut que j'aille acheter mille dollars de cadeaux à mes enfants !

dimanche 9 novembre 2014

Saison de hockey 1972 Boston 1 Bergeronnes 0

Le logo des Noir et or qui étaient en or!
En 1972,  si vous êtes un féru de statistique ,vous vous souvenez que Boston avait remporté la Coupe , que le Canadien n'avait pas fait  bonne figure , que le Noir et Or de Bergeronnes avait dû baisser pavillon devant Hauterive, que le tournoi de Hockey mineur de Bergeronnes avait été l'occasion pour plusieurs villages de s'illustrer.


Pour mémoire . 
Les Mosquitos de Forestville en finale.


2. Atomes: nette domination de Porneuf , leur joueur vedette est Dave Delaunay. Son père est l'entraîneur.

Les Atomes de Porneuf  en 1972
                              






3. Mosquito: Bergeronnes balaie tout: Aldo Bouchard (centre) et Denis Maltais (défenseur)sont les joueurs du tournoi. Bruno Gagnon est un technicien du hockey et toute l'équipe en profite.

4. Pee-Wee: Forestville s'illustre. L'aréna de Forestville est alors en construction. Guy Lévesque , malgré sa petite taille est le pilier de Forestville.




Guy Brisson , Sylvain  Bouchard, Alain Savard, Vianney Michaud, Marc Gauthier,
Jean Savard, Pierre Jean, Germain Bouchard, ? Mario Bouchard , André Bélanger,
Sylvain St-Laurent, Luc Gagnon, Germain Boulianne.,Carol Samson
5.Bantam: Bergeronnes domine , mais vraiment, il suffira de se souvenir des exploits des buteurs que sont Vianney Michaud et André Bélanger pour comprendre que cette équipe est une véritable machine. De plus, le jeu d'ensemble de cette édition est à signaler: BEAU À VOIR.

6. Midget: Les Escoumins alignent des joueurs talentueux. Pensez aux Dufour, Racine, Chamberland...
On remarque la présence d'Alain Imbeault qui fut
 certainement la nounou la plus dévouées en HCN.
En 1972, le tournoi de Bergeronnes existait depuis 7 ans. Le Centre Civique de Bergeronnes aura été pour la plupart des Bergeronnais un lieu de culte. Le hockey était à cette époque au centre de nos vies. 




Cet extrait de mon journal ( j'avais 11 ans en 1972)

Dans le village de Bergeronnes, il y a un aréna. Le printemps venu, on le ferme pour le reste de la belle saison. Cet aréna sent le ciment et la pierre à plein nez. Il est froid et humide même en été. Comme une cave à légumes. Ce sont les gens du village qui l’ont érigé au début des années 60. Au même moment où René Lévesque criait pour libérer nos eaux des mains des Anglais et que le barrage de Bersimis 2 initié par Duplessis achevait d’être construit, les Bergeronnais libéraient leur énergie pour occuper leurs enfants trop énergiques. Le village avait maintenant deux temples, même que le curé disait la messe à l’aréna les dimanches de tournoi de hockey mineur. Ce  qui ne change rien au fait qu’aujourd’hui, ceux qui ont construit l’aréna, l’ont fermé puisque les enfants trop plein d’énergie sont partis jouer au hockey ailleurs. Mais l’église, elle, est encore ouverte. Même l’été. 

Bye, je dois aller à la messe. 

"Je vous aime et je ne vous oublierai jamais."

J'ai tant écouté Languirand à la radio qu'encore aujourd'hui , sa voix, même si elle s'est tue, m'est restée familière . Pour moi Languirand , c'est une tonne de documents dont je n'aurais jamais entendu parler sans son intervention. Ce sont des réalités nouvelles auxquelles j'avais accès à travers sa voix chaude et son rire apaisant.
Languirand, c'est un vulgarisateur extraordinaire. Un homme dont la curiosité était comme un virus et j'étais, moi, une de ses répliques.

Je ne vais pas lui rendre hommage. D'autres l'ont fait déjà. Et à sa mort, on partira le tape qui est sur pause et toute sa vie sera résumée en deux ou trois minutes au téléjournal. L'essentiel de Languirand en peu de temps...

Heureusement , vous pouvez toujours lire ce livre magnifiquement bien documenté : mais là, ce sera un peu plus long que de regarder le téléjournal.

Ma mère souffre de l'alzheimer . Languirand aussi.




"Je vous aime et je ne vous oublierai jamais."


Ma mère aussi croyait cela. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Et ce n'est pas ce que vivra monsieur Languirand. Ma mère occupe aujourd'hui  une chaise gériatrique et ne nous reconnaît guère. Je dis guère parce que je n'ose dire jamais.Parce que ce serait comme la condamner au néant et je ne veux surtout pas que ce soit de ma bouche que le mot jamais sorte . Je sais . c'est bête.



Quand ma mère est tombée malade , je suis tombé avec elle et j'ai débuté le journal de la maladie de ma mère. En voici un extrait.

Journal sporadique de la maladie d’Alzheimer de ma mère.
6 juin 2006 

Ma mère, maman. Si ces mots que j'ai si souvent dits ne veulent plus rien dire à son oreille, devrai-je continuer de les dire ? Je suis partagé entre la honte et la colère. Cette femme est ma mère et elle ne l'est plus, j'ai honte de ne pouvoir traverser ce chemin qui nous sépare: elle est de l'autre côté et moi, je tarde à l'y rejoindre ! C'est ma colère qui m'empêche de l'accueillir. Je ne veux pas que ma mère disparaisse dans ses souvenirs ,qu'elle perde les mots qui la distinguent, qu'elle s'efface avec la maladie. Non, je ne veux pas !




Elle, qui parlait tant. Avec la justesse de ses expériences, la noblesse de ses sentiments; elle me quitte lentement et tout ce que j'ai à lui offrir, c'est ma colère parce que je ne comprends pas...Et pourtant, ce n'est que le tout début de la maladie.

(...)

J’ai perdu mon père, subitement, au bout de son cœur et voilà que je perds ma mère, lentement, au bout de sa mémoire.

Depuis j'ai bien cheminé , je pourrais dire que grâce à Languirand, j'ai trouvé moi aussi, mes quatre chemins.



vendredi 7 novembre 2014

Le palmarès des écoles avec Joel Denis !

Authentique mur de briques d'une école
 de l'ère Duplessis.
Quand j'avais  huit ou neuf ans , il m'arrivait de me caler sur le divan du salon entre deux de mes grandes soeurs pour écouter Jeunesse d'aujourd'hui. C'était malade comme disent les jeunes. La tv était en noir et blanc et on voyait de la couleur quand même ! 


C'est fini ce temps-là ! Aujourd'hui, les palmarès ont changé de goût: plus de chanteurs , plus de danseuses à gogo , que des directeurs d'école qui s'énervent les poils des jambes en lisant la fameuse liste!

Comme disait un de mes trépassés amis: "Une cravate ça peut étouffer l'intelligence!"


 Il y a des directeurs d'école qui y croient dur comme fer à cette indigeste et très controversée liste.

D'accord, c'est porteur de deux trois vérités. Peu importe le directeur, peu importe les profs, peu importe la localisation de l'école, on aura beau faire et beau dire, d'une fois à l'autre, les succès sont difficiles à expliquer ! 

Puis , à quoi ça sert ? On nous dit que les parents s'en trouvent mieux informer pour choisir une école. Dans ma famille , on était 7 : 3 gars et 4 filles, on a tous fréquenté l'école  du village de Bergeronnes, on a vraiment pas eu les mêmes profs et pourtant nous sommes tous des diplômés universitaires ! 

Qui choisit prend pire , disait mon père.


Enfin, troisième vérité : les directeurs d'école parlent de ce palmarès quand leur école est en haut de la liste , dans le cas contraire ,ils se fondent dans les premières neiges de novembre et dégèlent le printemps venu quand ils se rendent compte que leur école après tout est un lieu extraordinaire où l'année scolaire durant , vivent des jeunes qui seront eux aussi un jour, directeur d'école! Tout passe.


Morale de cette histoire: 1. Il n' y a pas de recette miracle! 2. Qui choisit prend pire! 3. Un palmarès,  c'est comme une chanson , ça finit par passer! 


Pour les amateurs de statistiques ce lien.





jeudi 6 novembre 2014

Bobby ORR : Pour l'amour du hockey ...et pour garder Albert en vie!

Je suis un nostalgique.  Je me surprend souvent à regarder des photos du passé et à rêvasser en  essayant de me souvenir des bons et mauvais coups de mon enfance.Je ne sais pas pourquoi mais quand j'ai vu le livre de Orr, j'ai eu envie de l'acheter. La photo du 10 mai 1970 n'y était pas pour rien. Je crois que la nostalgie a une fois de plus eu  raison de moi... 

Pour moi lire Albert Camus et lire Bobby Orr , c'est pareil. Je sais , je suis en train de me mettre à dos toute la sacro-sainte tribu internationale des littéraires et des philosophes! Mais que voulez vous , je suis comme ça , je vois dans tout ce que je lis du Camus.

Bobby Orr n'est pas un absurde. Il a poussé le cailloux , il a eu mal aux genoux, il s'est maintes fois mesuré à des épreuves pal mal plus importante que le hockey lui-même , mais il n'est pas absurde.

Bobby n'a pas été condamné par les dieux a effectué une tâche inutile et sans fin; Bobby est un héros du quotidien. Et là je cite Camus pour que personne ne me perde: 




La seule façon d'être utile ,c'est de bien faire son travail, sinon le reste ne sert à rien. (Camus, La peste)  


Et je crois que Orr a bien fait le sien, il l'a fait , direz-vous,  dans la gloire du hockey professionnel ! Et oui, comme,je fais le mien dans une classe au secondaire.Le public est moins nombreux mais l'éclairage tout aussi intense. Il n'y a pas je crois de mauvais endroit, ni de condition de vie spéciale,  il n'y a partout que des hommes qui veulent faire de leur mieux.  Encore Camus : 


Ce qui compte c'est d'être vrai et alors tout s'y inscrit , l'humanité et la simplicité. (Camus, Carnet 1 page 22)

Je lis Orr en pensant à Camus et il me semble que l'un éclaire l'autre. 


C'est loin de mes pensées adolescentes où je croyais que la littérature et le sport ne pouvaient être frères d'armes, comme le révèle cet extrait de mon journal de 1970 .


Les cahiers collés de mon frère sentait la colle Lepage brune et au bout d’un certain temps, les photos imprimées sur du mauvais papiers et un peu trop imbibés se mettaient à gondoler. Le beau Bobby Orr de ma grande sœur Rose  avait le nez suffisamment déformé pour être laid.

Je dois tout apprendre par cœur. Mais je suis intelligent. J’y vais par à–coup . Ce soir, c’est Jean Béliveau. Je saurai tout, j’ai une mémoire d’éléphant. 

C’est ce que ma mère,  Madeleine, prétend. Les éléphants, ont-ils toute la mémoire qu’on leur prête ? Je ne pose pas ce genre de questions à ma mère.

Reste l’encyclopédie Quillet, la verte, divisée en thématiques, j’y ai rien trouvé, mais quand même j’y accorde beaucoup de crédibilité puisque c’est  dans le volume sur la littérature que j’y ai rencontré Baudelaire. Mais, je n’en parle pas à mes amis boutonneux, ils préfèrent par-dessus tout Jean Béliveau , il est vivant, lui et il passe à la tv.  


Méa culpa ! Méa culpa! Lisez Bobby, ne serait-ce que pour rien n'y apprendre ! Prétentieux que vous êtes!

Bye, je vais voir Bobby avec les lunettes d'Albert.