Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 31 janvier 2016

Pointe-à-John (Duberger) ?


Source: Julien Lapointe

Quel est l'origine du nom de la Pointe-à John ? Il ne se passe pas une journée sans qu'un touriste demande l'origine du nom de cette fameuse pointe... 

Le quai de la Pointe-à-John pourrait porter le nom de monsieur Morel Lapointe et cela réglerait une fois pour toute la question.  On pourrait répondre, sans rire : c'est  la pointe à Morel parce que Morel Lapointe , une façon d'inverser les choses !


La Pointe-à- Morel parce qu'il y venait tous les jours; parce qu'il y regardait partir les croisiéristes ; parce qu'il y humait les odeurs fortes des marées basses; parce qu'il y mesurait les stocks de morues avant Ottawa ; parce qu'il  y voyait le bleu de son pays à venir ; parce qu'il savait que l'image transportée par son iris serait tout le jour présente à son esprit. -Ce quai construit en 1906 a subi une rénovation importante en 1983.-


Ce serait trop simple d'inventer ,alors, j'ai cherché à faire parler l'Histoire .

  

J'ai fait des recherches à ce sujet et j'ai interrogé bien des toponymistes  tant à Ottawa qu'à Québec...Selon Chrystine D'Amours,  géographe et toponymiste, la Commission de toponymie ne possède malheureusement pas l’origine du nom de ce lieu. L'organisme  a officialisé ce toponyme sur la base de son usage local.  Je continue cependant de faire des recherches. Faire parler l'histoire n'est pas une tâche facile. J'ai une hypothèse qu'il me reste à vérifier.


La première fois qu'apparaît sur une carte l'appellation "Pteà John ", c'est en 1847 . Une carte de Georges Duberger ,dessinée à la demande de Charles Pentland, en fait mention. Le grand-père de Georges Duberger est Jean Baptiste Duberger ( le père de George Duberger porte le même nom ) , un cartographe émérite qui a marqué l'histoire de la Ville de Québec .



Un extrait pour vous convaincre :
DUBERGER, JEAN-BAPTISTE , arpenteur, cartographe et dessinateur, né le 7 février 1767 à Detroit, fils de Jean-Baptiste Duberger, dit Sanschagrin, boulanger, et de Louise Courtois ; décédé le 19 septembre 1821 dans la paroisse Saint-Thomas (à Montmagny, Québec).



Né d’un père originaire de Vivonne, en France, Jean-Baptiste Duberger se révéla dès son jeune âge un élève doué. Envoyé de Detroit au petit séminaire de Québec, il y suivit les trois dernières années du cours classique entre octobre 1785 et l’été de 1788. En juin 1792, il décrocha un emploi temporaire d’arpenteur adjoint et travailla sous la surveillance de l’arpenteur général Samuel Johannes Holland . L'oeuvre maîtresse de Jean-Baptiste Duberger est la "maquette Duberger" exposée en permanence depuis 1981 au lieu historique national du Parc-de-l'Artillerie à Quebec. 


Duberger , le grand-père signait ses cartes du nom de John comme le rapporte le Dictionnaire biographique du Canadail signait John B., Jean B. ou J. B. Duberger(...)

De là , mon hypothèse: Georges Duberger aurait donné à cette pointe le prénom de son grand-père. Peut-être trouverai-je dans les notes de son petit-fils, Georges , une remarque à cet effet . La recherche se poursuit.
 

Donc , en l'honneur de Jean-Baptiste Duberger , arpenteur et cartographe, qui signait John ! 


Jusqu'à preuve du contraire ... 

samedi 23 janvier 2016

Rosa a déjà eu 20 ans, comme toi , ma fille .


Ma fille, quand ta mère et moi te disons que le temps passé à étudier est le plus beau de ta vie , tu penses que nous sommes un peu fou. Nous sommes seulement vieux. Expérimentés,  si tu préfères.


 Je vais te raconter l'histoire de Rosa Rioux . C'est ton arrière grand-mère. Une femme forte, vaillante et instruite.

Elle est née en 1892 , le 13 mai, ce qui correspond au début des semailles à Trois-Pistoles. Son père Joseph est un cultivateur, les terres là-bas du coté Sû , comme disait les vieux sont plus propices à la culture , les villages sont mieux organisés et les institutions scolaires sont aussi beaucoup plus développés et accessibles.Pour faire une comparaison , la terre de ton grand-père Rosario fut défriché par Odina lessard , Rosario en était le deuxième occupant .En 1922 Bergeronnes existe depuis 78 ans !  Trois-Pistoles est ouvert à l'agriculture depuis 1696. En 1844 une trentaine de personnes habitent les Bergeronnes , Trois-Pistoles comptent déjà 2,525 habitants.
BANQ 



Déclaration de Nicolas Riou (Rioux), propriétaire de la moitié du fief de la Rivière-des-Trois-Pistoles et du neuvième de l'autre moitié dudit fief, quant à une lieue de terre de front sur deux lieues de profondeur en la censive du Domaine du Roi, lequel emplacement étant situé au bord du fleuve Saint-Laurent du côté du sud et ledit front tenant du côté du nord-est aux terres non concédées du Domaine de Sa Majesté et du côté du sud-ouest audit fief de la Rivière-des-Trois-Pistoles

La colonisation de la seigneurie de Trois-Pistoles a débuté en 1696 quand messire de Vitré cède le territoire à Jean Riou, époux de Catherine Leblond, en échange de terres à l'Île d'Orléans, près de Québec.
Riou, second seigneur du lieu, fut l'une des premières personnes à s'y établir. Avec Catherine, il eut huit enfants. 

La valeur la plus importante des Rioux est l'honneur. Juste ça ! Être honorable. Un idéal que tes ancêtres ont très souvent atteint.  L'honneur,  c'est  le sentiment du devoir  accompli .
À à 23 ans , armé de son diplôme supérieur de l'École Normale de Rimouski , Rosa traverse sur la rive nord  du Fleuve pour enseigner. Elle le  fera quelques années près du  village des Escoumins.À chaque été , elle retournera chez sa mère Clarina (Morin) . Puis un jour, elle rencontre Rosario Sirois, fils de Napoléon Sirois dit Cléo , c'est le grand amour. Ils vivront aux Escoumins dix années , le temps de  donner naissance  à Maurice, Paul, Marthe, Véronique, Rosaire et Yolande .Les six premiers enfants d'une famille qui à son terme en verra onze. Onze qui courront, joueront travailleront sur la terre,  et qui  à leur tour feront des enfants ...

La maison au-dessus du point blanc est celle où habiteront Rosa et Rosario pendant un temps.
-Les Escoumins vers 1920-






La première maison de Rosario est située juste en face du fleuve aux Escoumins (l'ancienne pharmacie Essaim) , ce qui pour Rosa est une bénédiction. Le Grand Fleuve  a toujours été sous ses yeux depuis qu'elle est petite et de se voir si loin des siens la torture un peu. Le fleuve est son Internet, les bateaux font la navette entre son village natal et Les Escoumins au moins trois fois par semaine l'été.  C'est comme un cordon ombilical qui la soutiendra...et qui l'aidera à  s'adapter à son nouveau milieu. Le transport du bois vers  Trois-Pistoles s'explique par la présence du chemin de fer qui rejoint les villes du sud du Québec

Son mariage en 1917  sera une rupture avec sa profession d'enseignante. À cette époque , une  femme devait faire un choix entre sa profession et le mariage. Toutefois, une certaine pénurie de diplômées lui ouvrira les portes de l'école no 2 de Bergeronnes .

 Il faut comprendre qu'à cette époque ,il y a deux façons de devenir enseignantes; la plus facile  être reconnue par  Bureau central des examinateurs catholiques. Les institutrices privilégient en grande partie les brevets de ce bureau au moins jusqu'en 1939, date de son abolition, les obligeant toutes à passer par les écoles normales. La deuxième façon est plus compliquée: fréquenter pendant deux ans l'École Normale . Pour les examens du bureau, les candidats étudient par eux-mêmes les sujets au programme et se présentent aux examens. Néanmoins, il demeure 78 que ces brevets accordés ne peuvent que reconnaître aux récipiendaires une connaissance minimum des matières apprises à l'école primaire et ne sont, en aucune façon, une attestation d'aptitude à enseigner. La qualité des diplômes de l'école normale réside surtout dans le fait que les étudiantes reçoivent non seulement une formation se rapportant aux matières à enseigner, mais aussi des cours de pédagogie et des stages d'application . Cependant, plusieurs raisons contribuent à expliquer la résistance des jeunes filles à la poursuite d'études plus approfondies. L' accessibilité à l'école normale présuppose une scolarité de base terminée, c'est-à-dire d'avoir soit la 6e, la 7e, la 8e ou la 9e année. A l ' école il est parfois difficile de compléter ce cycle. complété de rang, Aussi, des jeunes filles étudient seules, aidées de leur maîtresse , et n'ont d'autres choix que de tenter leur chance aux examens du Bureau central. D' un autre côté , la question des finances familiales joue un rôle déterminant . L'école normale représente non seulement des frais pour les parents mais aussi un manque à gagner. De plus, les écoles normales sont situées dans les villes et les centres régionaux, et il arrive que les parents refusent que leur fille s 'éloigne de la maison.







C'est en  1927 que Rosario abandonne les chantiers (il était jobber) et décide d'acheter une terre dans le rang Saint-Joseph. Ce sera pour Rosa Rioux une période difficile. Madeleine, ma mère, ta grand-mère , en parle dans ses petits carnets aux feuilles toute jaunies par le temps. Madeleine savait-elle en les écrivant qu'elle laissait derrière elle un trésor plus grand que le geste d'écrire...
 



Signature de Rosario Sisois en 1918 

"Ma mère (Rosa Rioux)aimait l'eau et elle trouvait que  la concession était loin du village (Bergeronnes)  et quand elle s'est installée sur la terre ,elle regrettait beaucoup Les Escoumins , elle se trouvait loin de Trois-Pistoles. Elle avait du travail en masse et elle était vaillante, comme ça , elle s'ennuyait moins."





La vie était beaucoup plus tranquille dans le Rang Saint-Joseph qu'aux Escoumins qui était à cette époque un village industriel. Les goélettes, le moulin, le flottage du bois et le fait d'habiter en face du fleuve, au centre du village, était une situation qui n'avait rien à voir avec le calme pastoral de la terre.



Scierie  vers 1900, Les Escoumins
 "Ma mère travaillait fort. Elle se levait à cinq heures du matin tous les jours. Elle s'occupait de l'étable et ensuite elle préparait les repas. Elle filait la laine. Tricotait des vêtements pour garder toute la famille au chaud. Ma mère avait le coeur plus gros que ses forces. C'était une personne qui pensait aux lendemains. On ne manquait jamais de rien. Pour l'école, elle nous a toujours encouragé, c'était important pour elle. Notre maison était très propre. Ma mère chantait en travaillant, sa préférée c'était : "Qu'il pleuve, qu'il grêle qu'il tonne j'aime , j'aime toujours mon bonhomme! " Même si elle était très sévère , elle aimait nous faire rire avec ses chansons rimées."

Tu vois ma fille , les siècles passent mais certains traits de caractère ne s'effacent pas. Le bagage génétique est un troublant sac à surprises ! L'héritage culturel est aussi parfois surprenant ! Rosa en traversant le fleuve, n'aurait jamais au grand jamais cru qu'elle mettrait au monde ton histoire et  la mienne et qu'elle te léguerait le goût d'être honorable. Juste ça !

Ton père qui t'aime ,
RB




Enfants de  Rosario Sirois (1890-1968) et Rosa Rioux (1892-1970):  

Maurice (1918-2009) (Rita Tremblay (1926-2020), Paul (1920-1941), Marthe (1921-2006) (Augustin Bergeron, 1912-1981), Véronique (1922-2013) (Rodolphe Harvey, 1920-2004), Rosaire (1923-1996) (Irène Vallée, 1928-2018),  Yolande  (1925-2017) Vincent Tremblay (1925-2019) Gérard (1927-1963) (Cécile Lapointe, 1931-1988), Madeleine (1929-2015) (Ovila Bouchard, 1926-1981), Anthime (1931-2010) (Gaby Tremblay, 1938-2006) Guy (1933-2019) (Rose-Aline Savard, 1933-2017) et Victoire (Paul Glazer, 1930-2006)


Signature de Rosa Rioux en 1918 (26 ans) 

mardi 12 janvier 2016

L'électricité aux Bergeronnes












En 1926 déjà, le moulin à scie de Charles Lapointe fournissait une partie du village en électricité. C'est la première compagnie productrice d'électricité reconnue de Bergeronnes.Le lundi avant midi, le père Charles envoyait de l'électricité aux femmes pour le lavage.  Il faudra attendre les années 40 pour voir Bergeronnes être enfin doté d'un véritable levier de développement dans le ce domaine : la Coopérative d'électricité de Bergeronnes .


Photo : Office provincial de publicité

Un peu d'histoire 
La création de la Coopérative d'électricité du village Bergeronnes s'inscrit dans le vaste mouvement d'électrification du monde rural québécois instauré par le gouvernement de Maurice Duplessis dans les années 1940. Ce dernier voulant réduire au minimum les interventions de l'état dans la gestion de l'électricité opta pour une approche coopérative. Il s'agissait en fait de permettre aux collectivités locales d'organiser elles-mêmes la distribution de l'électricité par l'entremise de coopératives. Celles-ci étaient supervisées par une instance gouvernementale, l'Office de l'électrification rurale, qui pouvait leur fournir une aide financière, juridique et technique. Les coopératives avaient le mandat de construire et d'administrer des lignes électriques. La Coopérative d'électricité du village Bergeronnes a été fondée en mai 1946 avec comme principal mandat de gérer la distribution de l'électricité dans la région de la Côte Nord située entre Tadoussac et Les Escoumins.

Un développement trop coûteux 

Toutefois ce n'est qu'en 1948 que celle-ci commence à fournir de l'électricité .Voici ce qu'en dit la chercheuse Marie-Josée Dorion *.




Prenons le cas de Village Bergeronnes, car il est un excellent exemple d'inadéquation des capitaux en regard des coûts de l'électrification rurale. Fondée en 1946, la coopérative recueille auprès de ses membres les sommes nécessaires à l'obtention d'un prêt de l'OER, qui sera suffisant pour ériger le réseau de distribution ainsi que les installations de transport (ligne et sous-station de 600 kVa). Ces infrastructures ne sont toutefois pas suffisantes pour compléter l'électrification de son territoire; située entre Tadoussac et Les Escoumins, la coopérative n'a pu trouver de producteur (car il n'y en a aucun) en mesure d'assurer son approvisionnement. La coopérative devra donc aussi aménager une usine de génération d' électricité. Les calculs effectués par les comptables de l'Office pour déterminer les capitaux nécessaires à la construction d'une centrale hydroélectrique révèlent un problème majeur: les parts sociales seront tout simplement insuffisantes (il n'y a que 110 membres en 1948) pour couvrir les coûts reliés à la construction d'un tuyau d'amenée, de deux barrages, d'une usine de génération, d'un chemin d'accès et d'un local abritant la salle des commandes.


L'Aquilon , 16-08-54

L'affaire Bergeronnes : cold case  ? 

Journal L'aquilon 16 août 1954

En juin 1952, il sera décidé que l'OER s'occupera de la production  et que le coopérative sera responsable de la distribution. 

La construction d'un complexe fournira (une possibilité jamais atteinte) de l'électricité jusqu'à Saint-Luc de Laval (Forestville nord)  et Ragueneau. On semble alors comprendre qu'il sera impossible pour une petite coopérative d'assumer les coûts  reliés à la production d'électricité, les parts sociales sont insuffisantes!  (les parts valent $100.00) -Beaucoup de ses parts  sont vendues à des membres qui ne seront jamais reliés au réseau.- En 1948, il existe un amendement permettant ce genre de dérogation.


(...)l'amendement apporté en 1948 à la Loi de l'électrification rurale qui permet à l'organisme (NDLR: OER) de produire de l'électricité, avec tout ce que cela implique: acquérir des « pouvoirs hydrauliques », et y construire barrage et centrale, puis, des lignes de transmission, postes de transformation et lignes de distribution (article 12 e)*
Mais au Bergeronnes , l'affaire devient un cas. L'OER au lieu de passer par cet amendement décide de se reférer à un article plus ancien:


(...) l'article 12 a) de la loi originale de l'électrification rurale, qui stipule que l'OER peut «acquérir et posséder tous les biens meubles et immeubles qui peuvent lui être utiles pour ses entreprises. Pourquoi avoir recours à cette partie de la loi? Est-ce une ruse administrative? Un moyen de parvenir à ses fins sans inquiéter le gouvernement, qui ne souhaite peut-être pas faire de l'OER un producteur d'électricité? *

Madame Dorion n'apporte pas de réponse définitive à cet imbroglio, elle tente cependant une hypothèse:


Mais peut-être que la centrale de Village Bergeronnes, avec ses possibilités de développement apparaît-elle une initiative menaçante? Nous n'avons pas de réponse définitive à ce sujet, mais cela nous paraît plausible. Une chose est certaine : l'OER semble travailler fort pour venir en aide à certaines coopératives qui doivent produire leur énergie. 

S'agit-il là d'un cas de débrouillardise du milieu ? En tout cas, le résultat est probant , Bergeronnes est pendant un temps le plus important fournisseur d'électricité de la région Haute-Côte-Nord.  Toutefois, il ne couvre pas la région complète, loin de là, Saint-Paul-du-Nord et une infime partie de Rivière-Portneuf auront accès à quelques HP.  

En 1951 une demande avait été faite auprès de Maurice Duplessis pour changer les règles de financement des coopératives d'électricité. Cette demande ne reçut pas de réponse avant 1952. 

Attendu que certaines coopératives d'électricité trop
éloignées des grandes centrales hydroélectriques sont
obligées de produire elles-mêmes l'énergie électrique
qu'elles distribuent à leurs membres : c'est le cas des
coopératives d'électricité de Bonaventure, de Gaspé-Sud,
du Golfe St-Laurent, de Village Bergeronnes, de Sept-
Îles, de Petit Saguenay et l'Anse St-Jean; Attendu que
ces coopératives doivent faire des dépenses beaucoup
plus considérables que celles qui achètent leur énergie
d'une compagnie; Attendu que leurs sociétaires peuvent
difficilement souscrire plus de cent dollars ($ 100.00) en
parts sociales; Attendu que dans la plupart des cas la
densité de leurs membres dépasse six (6) au mille et que
l'Office ne peut pas, d'après la Loi actuelle, leur avancer
plus de soixante-quinze pour cent (75 %) du coût de
construction de la centrale et des lignes; Attendu qu'il
suffirait de porter ces avances à 85 % pour stabiliser la
situation financière de la plupart des coopératives qui
produisent leur propre énergie électrique; EN
CONSÉQUENCE : il est résolu de demander à l'honorable
Procureur Général [Maurice Duplessis, en l'occurrence)
d'amender la [Loi de l'électrification rurale) en ajoutant
après les mots: • lorsque cette densité est inférieure à
six par mille de réseau " les mots . ou aux coopératives
qui produisent elles-mêmes l'énergie électrique qu'elles
distribuent, [ ... ) .45*
<
(Le Devoir, 4 octobre 1952)


L’Office de l’électrification rurale a obtenu du conseil des ministres de la province l’autorisation de dépenser $120,000 pour la construction d’un barrage et d’une usine génératrice dans le village des Grandes-Bergeronnes, comté de Saguenay, pour l’usage de la Coopé­rative d’électricité de l’endroit.

(Le Devoir, 4 octobre 1952)


Présidée notamment par Alexandre Bouchard, Thaddée Gagnon et Joseph Lavoie, la coopérative sera  achetée en 1964 par Hydro-Québec. Une fois l'achat complété, celle-ci en confia la gestion à une de ses nouvelles filiales soit la Quebec Power Company.











L'ingénieur, décembre  1959.
Possibilité en chevaux-vapeur de la région 






__________________________________________________________________

*MARIE-JOSÉE DORION « LES COOPÉRATIVES ET L'ÉLECTRIFICATION RURALE DU QUÉBEC, 1945-1964 Université du Québec à Trois-Rivières









lundi 4 janvier 2016

Douze mille et un verbes

Corde à linges  corde à mots , on peut ben tout étendre, on peut ben tout sécher.

Dans la corde à linge de sa vie
Y’a des gilets coudes à coudes qui ont fait la guerre face à face
Qui ont des trous de balles à la place du coeur
Y’a des bobettes ceintures à ceinture qui ont fait l’amour fesse à fesse
Qui ont passé leur vie sans sortir du garde-robe
Y’a des camisoles sans manches qui ont travaillé même le dimanche
Qui sont grises d’avoir trop fumé, d’avoir trop toussé
Y’a des culottes jambe à jambe qui ont été patiné par le temps  
Qui se sont usé les genoux pour le bon dieu
Y’a des bas en laine d’habitant qui se sont gelés juste pour gagner leur vie
Qui  ont été volé à un mouton pour en habiller un autre !
Y’a des draps blancs , plus blanc que le ciel qui me font signe de pleurer
Comme des grands mouchoirs  évadés de l’asile , du crisse de chsld où toute la corde à linge est
en train de chalouper avec ma mère qui a bâti un pays solide qui lui fait manger du manger mou.

Riez pas tabarnac
Dans le dictionnaire de sa vie y’ont oublié un mot
Pas comme on oublie son lunch sur la table
Pas comme on oublie ses clefs sur le char
Pas comme on oublie la date d’une fête
Pas comme on oublie le nom d’une province
Pas  comme on oublie un numéro de téléphone
Pas comme on oublie une osti de réplique au théâtre
Pas oublier comme ça là !

Mais oublier comme oublier son nom
Y’ont oublier le verbe : « alzheimer » (é)
Comme alzheimer son adresse
Alzheimer son médicament
Alzheimer de mettre le four à off
Alzheimer de jouer de la musique
Alzheimer de manger pour dîner
Alzheimer de s’habiller en hiver
Alzheimer  de compter ,
Alzheimer de lire ,
Alzheimer d’écrire…
Alzheimer mon nom

Maman, es–tu encore maman ?
Même l’écho du couloir en face de l’ascenseur est vide.
Alzheimer à quoi ça sert une fourchette, une cuillère pis un couteau.
Pour le couteau, elle savait vraiment plus quoi faire avec
Pcq elle se l’aurait planté à la bonne place, juste pour sortir de la place,
Pour aller mourir dignement ailleurs comme un goéland au bout de son sang.

Pis un jour, délivrance , son défunt  mari est venu la chercher.
Ben non calisse : pensez vous que mon père l’aurait laisser sécher
pendant 7 ans , 7 ans ! 7 ans, c’est trop longtemps  sur une corde à linge !

 
Corde à linges , corde à mots , on peut ben tout étendre, on peut ben tout sécher.
Décrochez vot’cœur y commence à être sec en criss!

vendredi 1 janvier 2016

Alain Imbeault, de nounou à clown.

J'ai toujours eu besoin d'Alain Imbeault. Et ce, malgré moi. Tout a commencé à la salle paroissiale de l'école Bon-Désir.


Retour en arrière: 1972-73  Je suis en sixième année avec madame Madeleine Gauthier, juste en face de la classe de madame Fafard. Madame Gauthier-Imbeault avait choisi de nous faire monter de petites scènes que nous présentions aux  deux classes de sixième année . Nous nous inspirions de tout : livres, émissions pour enfants, B.D. ... Un jour, nous présentons : L'avare de Robert , j'avais lu sans tout comprendre le texte de Molière, mais j'en avais saisi l'essentiel. 


On retient notre saynète pour une soirée de la Fête des mères. Je me retrouve donc sur scène avec : Germain Tremblay (Paul-Eugène), Jean-François Bouchard (Welleston)  et Dany Deschênes (Léo). Mon avare est un mélange de Séraphin, de Sol et d'Harpagon . L'un des gags consistait à faire sonner le téléphone, lequel était caché dans ma robe de chambre. Juste avant d'entrer en scène , plus de trace du téléphone ! Panique ! Trac décuplé!


Et voilà qu'Alain Imbeault , la nounou des Noir et or, me fabrique un téléphone avec un cintre en  bois et un morceaux de corde jaune en nylon ... Comme ça,  à la dernière minute.  Ce fut mon premier contact avec lui.


Sur les panneaux derrière les comédiens ,
 une fleur de lys dans laquelle  s'imbrique une baleine, oeuvre de Patrice Bouchard. 

Désormais, celui qu'on surnommait  Bouboule, reviendrait dans ma vie sporadiquement et toujours à des moments très imprévus !


Quelques années plus tard,1977, Semaine du Patrimoine: "J'ai la mémoire en fête" , première présentation du Gala des Arthur :  j'ai écrit une petite entrée où deux clowns doivent réchauffer le public . La situation est simple : Alain doit me menacer avec un bâton de baseball en plastique pour m'obliger à raconter des histoires drôles, et quand j'ai épuisé mon répertoire ,il me court après. C'est alors que je me réfugie dans les coulisses, et afin de me permettre d'enfiler mon costume , Alain amuse la foule en faisant mine de  me chercher ... je reviens déguisé en dame. Le clown  ne me reconnaît pas et il  file ...je me promène donc  de table en table pour chanter la pomme aux hommes dans la salle ! Rien de compliqué , un mélange de motifs provenant  du slapstick, du  burlesque et de l'art clownesque. 


 Ce soir-là , juste avant d'entrer en scène ,on ne retrouvait pas le faux  bâton ... Alain est donc monté au rez-de-chaussée de l'hôtel Élan , il est entré dans le bureau de Lévis Ross, et en est revenu  avec un tube en carton. Une fois de plus, il sauvait la mise ! 


Alain était un débrouillard. Il avait été à la bonne école, son rôle de soigneur et de nounou (on disait mascotte à l'époque) dans le junior B , l'avait blindé contre toutes les situations inimaginables.







Cent ans que sonne en si monsieur Léon Jean ...

Photo: Christian Girard à Jacques,à Léon  ( vers 1980)
À tous ses fidèles lecteurs, Blog Bergeronnais BB  souhaite en cette année 2016 : Chaleur, Santé et Curiosité !


Parlant curiosité, sachez qu'il y aura cent ans cette année que monsieur Léon Jean aura hissé et fixé  la croix au sommet du clocher de l'église du village . Sans doute ignorait-il tout du vertige ! ?

Pour le payer de sa peine,  une des trois cloches fut baptisée  de son nom . Cette cloche pèse 600 livres et sonne en si ! 
Une aquaraelle , signée Tid       tidillustration.over-blog.com