Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

samedi 30 juillet 2016

L'ostensoir ostentatoire du curé Thibeault



L'ostensoir du curé Thibeault  . 1947-Construit en 1938 par Rodolphe Pagé. 
 (photo coll. Famille Alphonse Tremblay)












L'ostensoir du curé Thibeault était situé sur le haut de la Côte-à-Bouleaux , de l'autre coté de la route 15, en face de la maison de la famille de François Xavier Gagnon. Madame Nicole Gagnon qui habitait juste en face se souvient que le site était accessible facilement et qu'elle allait y jouer .


Eucharistique.

      Selon la Liturgie l'hostie était présentée aux fidèles au terme d'une procession  qui devait avoir lieu 60 jours après Pâques .Donc, les Bergeronnais devaient gravir la côte et ensuite se rendre près de l'ostensoir où le curé déposait une Hostie, symbole de la présence de Dieu dans la Paroisse de Sainte-Zoé-des-Bergeronnes. 


Le curé  lisait  Le Devoir ,  Le Soleil
et l'Action Catholique .

Les dévotions des Bergeronnais d'alors étaient donc l'objet de diverses prières. Il ne faut pas oublier que le curé Thibeault était un remarquable organisateur et un développeur tenace. En plus d'être abonné à tous les journaux disponibles de son époque , le curé avait reçu une éducation solide . Originaire de les Éboulements où il est né en 1888, le curé n'était pas en terre étrangère, la mentalité "charlevoisienne " des Bergeronnais correspondait bien à son tempérament. Durant  la crise économique , il a soutenu le village dans ses initiatives et après  après la Guerre de  39-45, à l'aube de 1948, il a quitté le village . Il avait 60 ans et laissait derrière lui  un parcours extraordinaire accompli en des temps très tourmentés. 






Lisez cet extrait publié par le Panthéon de l'aviation du Québec :

Intronisé au Panthéon le 18 Avril 2006. Natif de Notre-Dame-des-Éboulements, l’abbé Joseph Thibeault fut entre 1928 et 1948 curé de Sainte-Zoé-des-Bergeronnes (aujourd’hui Municipalité de Bergeronnes, 24 km à l’est de Tadoussac). Sorte de « curé Labelle » de la Côte-Nord, l’abbé Thibeault marqua profondément sa région, multipliant les initiatives pour la moderniser (conférences sur l’agriculture, ferme modèle, école technique, etc.). Six décennies après son départ, les aînés parlent encore de lui.
 

La région était à cette époque pratiquement dépourvue d’infrastructure routière, laissant les communautés livrées à elles-mêmes en hiver. Seul un service de « snowmobiles » desservait tant bien que mal certains villages. Jugeant cette situation inacceptable, l’abbé Thibeault fit ouvrir un terrain d’aviation à Grandes-Bergeronnes (grâce à un tracteur transporté de Chicoutimi sur une barge) et opéra entre 1937 et 1948 un service aérien innovateur à vocation principalement humanitaire destiné à venir en aide aux communautés isolées de la côte.

Prenant peu à peu des allures de véritable compagnie aérienne, le service assurait désormais le transport d’arpenteurs, bûcherons, etc. Il en coûtait 8$ pour traverser le fleuve. La compagnie offrait une rare opportunité de travail à plusieurs jeunes aviateurs talentueux appelés à marquer plus tard l’aviation québécoise, tels Gilles Simard, Charles Fortin, Lucien Lavigueur, Pierre Queneau. 

Interrompu pendant la guerre contre le Nazisme, le service repris dès 1945 avec des pilotes aguerris, c'est le cas de le dire. 



De cette période, Gilles Simard dira plus tard : « Le curé Thibeault nous aimait tellement. Il nous engueulait tout le temps, mais il nous prenait pour ses enfants. Ce n’était pas une question d’argent. Pour lui, c’était le secours à la population […] Prendre trois jours pour se rendre à Chicoutimi quand on faisait ça en 35 minutes avec l’avion… Alors après Dieu, je pense bien que c’était les pilotes ». 

 


mercredi 6 juillet 2016

Trottoirs et autres considérations


Il passe le balai sur les trottoirs de la ville. Il passe le balai dans la rue. On l’appelle le balayeur  de la lumière, le balayeur des 4 chemins, le balayeur bénévole. Un jour, on écrira l’histoire de Forestville, et peut-être raconterons-nous cet homme.

Peut-être aurons-nous le chic d’en parler. Ce n’est quand même pas banal, un homme qui prend le temp  d’être fier d’un trottoir ou d’un bout de rue. La fierté se trouve souvent dans les petites choses  de la vie...

On la trouve aussi dans les grandes...La fierté est à l’origine de la journée consacrée aux  Patriotes, il y a dans le même ordre de pensée, une journée pour le Québec, une autre pour  le Canada une autre consacrée aux Vétérans, une journée pour les Travailleurs … C’est bien. Très bien même !

Toutes ces fêtes sont une question de fierté, et la fierté ça se cultive. Moi par exemple, j’adore marcher sur les trottoirs. Malheureusement, quand ils ne sont pas sous la neige, ils sont envahis par le gazon. Bon, me direz-vous, le gazon doit bien pousser quelque part et de toute façon la rue est si large ! Mais alors, pourquoi faire des trottoirs si c’est pour les laisser se perdre sous le gazon ?

C’est pareil pour la petite histoire de la région : on en parle de moins en moins. On la laisse faire l’école buissonnière. On la laisse se perdre dans nos vieux qui partent... Dans les écoles, il faudrait qu’elle soit au programme. Pourtant, il paraît que de parler d’un passé qui  nous concerne, de lieux que nous habitons et que nos ancêtres ont habités, est motivant pour les jeunes. Quand dans ma classe, j’explique aux ados l’origine du nom de la ville de Forestville, ils ont les yeux ronds et le sourire aux lèvres : Forestville n’est pas une traduction mal foutue de Forest city ?! Quand je leur parle de Grant Forrest, ils se demandent tous ce qu’il est venu faire ici ? Ils trouvent aussi assez extraordinaire d’apprendre que l’église Saint-Luc n’a été pendant un temps qu’un sous sol sans nef! La corde sensible : le passé, leur passé.

Question fierté, l’année dernière, j’ai aidé un trottoir à respirer ! Inspiré par le balayeur de la 138, j’ai accompli ma B.A. de l’été. J’ai dégagé 150 pieds linéaires de trottoirs. Ce n’est pas grand-chose, mais j’en étais fier ! J’étais le gars de la 13ième rue qui retrouve un trottoir perdu! Normand Bratwaithe tirait de sa présence à l’émission Qui êtes-vous ? , un constat éloquent : « J’ai découvert d’où venait, ma famille. Eux, ce ne sont pas des mauvaises critiques qu’ils recevaient … On leur coupait des bouts de doigts ! »

Certains seraient assez étonnés de constater tout comme Brathwaite, que nos ancêtres ont fait preuve d’un courage hors du commun lors de l’ouverture de la région à la colonisation, ou encore que l’histoire des communautés autochtones est liée à la nôtre. C’est bien de savoir qu’il y a eu un Crash boursier en 1929, mais quel fut pour les gens d’ici l’impact de cette période de décroissance ? C’est bien de savoir qu’il ya eu de l’électrification rurale, mais comment s’organisaient les gens d’ici avant que ne court le courant ? Des thèmes comme ceux-là, abordés localement, ouvrent des fenêtres sur l’histoire nationale. Ce sont comme les trottoirs, des trésors en voie de disparition.

Je répète ma question : si les trottoirs sont des trésors, alors pourquoi laisse-t-on ce béton qui a coûté une petite fortune aux payeurs de taxes, mourir sous le gazon ? Certains, envahis par la verdure, sont passés de 3 pieds de large à 24 pouces! Et c’est sans compter sur les craques de trottoirs qui sont envahis par des guirlandes vertes assez touffues ! De quoi se cogner le nez si on est imprudent et se mettre dans l’ambiance de Noël ! The big red nose walker!

Ne rêvons pas, ma nouvelle chanson ne délogera pas de sitôt Le petit renne au nez rouge ! De même, l’histoire régionale ne sera pas au programme du ministère de l’« aiducation » de sitôt! Mais rien ne nous empêche, en HCN de se lancer dans l’aventure.

Le moyen le plus onéreux pour arriver à dégager tous les trottoirs, c’est de se dire : « Que la municipalité s’arrange avec ça ! » Le plus simple c’est de se répéter le proverbe chinois suivant : « Que chacun balaie devant sa porte et la ville sera propre. » Ce que l’homme de la 138 pousse avec son balai ce n’est pas du sable, c’est de la fierté.

Une Journée consacrée à La Haute-Côte-Nord serait un début intéressant pour faire connaître aux jeunes le passé.

On pourrait aussi sauver un trottoir en voie de disparition devant chez soi, juste pour montrer à l’homme des 4 chemins qu’il n’est pas seul.