Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

vendredi 15 janvier 2021

Le maire du village d'à-côté

1957

Il sera maire jusqu'au 5 novembre 1979 
22 ans !  * Le Progrès du Golfe, 08-1957


1955

La longue administration de Charles-Edouard Boucher fut pour Les Escoumins, un passage qui lia l'époque bénie des Paroisse-Village au recul net des influences religieuses sur le développement local. il en fut de même aux Bergeronnes, le clergé n'était jamais bien loin quand il s'agissait de  promouvoir un projet auprès des instances locales et nationales. De 1950 à 1961, Charles-Édouard Boucher est très impliqué chez les ligueurs.  Cette association est loin d'être fortuite,  elle est un support important pour les politiciens locaux qui y trouvent des contacts intéressants. De plus, les idées défendues par la Ligue du Sacré-Coeur  sont souvent un excellent guide en ces temps où la religion occupe une place prépondérante dans les moeurs des citoyens. De plus, l'éloignement favorise une certaine homogénéité quant au partage des valeurs défendues par la ligue et les politiciens régionaux, ce conservatisme est à l'abris des revendications "laïcisantes" qui ont cours dans la région métropolitaine et chez les intellectuels de l'Université Laval. 




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1961


En 1961,le jeune maire du village des Escoumins partira "en guerre" contre les marchands locaux qui désirent obtenir un permis de vente d'alcool (de la bière principalement et du cidre) , défendant l'idée que l'organisation des terrains de jeux (OTJ) a souvent  été le mandataire en ce domaine et y trouvait son financement. Pour les maires de plusieurs petits villages, ce monopole sera longtemps une source de revenu et pour les prêtres , cette main mise sur la vente de la bière représente aussi une façon de maintenir un certain ordre dans les limites de la paroisse . Cet aspect des choses n'est pas sans échapper au maire du village, c'est pourquoi Charles-Edouard Boucher défendra cette idée en ayant en tête un plan B qui assurerait aux Escouminois, l'octroi de sommes allouées directement à l'OTJ par le gouvernement provincial. Il pliera si le gouvernement plie. 


La Presse, Montréal,  8 août 1961



On ne peut mieux illustrer comment les intérêts communs de la municipalité et de la paroisse sont à cette époque, imbriquées. Deux ans avant son élection, monsieur Boucher fut l'organisateur principal d'un grand congrès des Ligues du Sacré-Coeur tenu aux Escoumains  (graphie reconnue à l'époque) . 1952, sera pour cet homme une année charnière, l'intérêt pour les ligueurs pourrait être comparé à l'implication actuelle des politiciens dans les organismes régionaux ou locaux , ce sont des tremplins qui permettent d'établir sa crédibilité et de créer des liens avec divers niveaux de gouvernance, et dans les années 50 , soutenir l'Église était un passage obligé,  incontournable même. La gouvernance civile ne saurait être séparée radicalement de l'influence du religieux, les liens entre les politiciens et les institutions dirigées par les congrégations religieuses fait du Québec paroissial , le Tibet de la religion catholique (Paul Claudel).  Même si à partir de 1961, les citadins désertent les églises, ce mouvement est beaucoup plus lent dans la région. Les petites communautés de la Côte-Nord sont souvent redevables aux effectifs religieux dans la plupart des domaines (éducation, santé, loisirs, affaires sociales...) , ce qui n'est pas sans mettre un frein à une laïcisation qui promeut de nouvelles valeurs qui viendront bousculer l'agenda politique de maires du coin. Il leur faudra devant ce nouvel état de chose, trouver de nouveaux interlocuteurs !   

Collection Micheline Boucher, Studio Sores, Forestville.

1971

La dernière lutte menée par Charles-Edouard Boucher au plan provincial, en 1971,à titre de directeur régional de l'Union des conseil de comté,  sera dirigée contre les fusions forcées du gouvernement Bourassa; les maires des villages ruraux du Québec se prononceront alors contre la disparition ou la fusion de villages , ce sont 150 municipalités qui étaient  alors visés. ce branle-bas de combat ne passe pas inaperçu et  mènera à la création d'une nouvelle bête politique par le gouvernement Lévesque :  les Municipalité régionales de comté (MRC) . Voilà qui donnera aux ruraux plus de pouvoirs, plus de poigne sur les décisions locales. Ce qui ne sera pas sans déplaire aux politiciens de la génération de monsieur Boucher qui ont longtemps oeuvré à revendiquer plus d'autonomie pour les petites communautés .  

1970: la décennie aréna 
Le centre Sportif Charles-Edouard-Boucher est constitué d'anciens locaux de l'OTJ
 auxquels fut ajouté une patinoire couverte. Forestville fera de même deux année plus
 tard (en 1972)  en ajoutant un aréna à son édifice de l'OTJ. 



 


 




1979


Mais malheureusement pour lui, le maire Charles-Edouard , dont certains en étaient venus à croire , qu'il était propriétaire du village et de l'Hôtel de ville , se verra évincer du pouvoir en 1979. Le maire Boucher sera battu ainsi que tous ses équipiers par une jeune relève dirigée par Jean Tremblay, dans cette formation, la redoutable Emérentienne Bouchard-Maltais se distinguera et sera quelques années plus tard, une autre maire-phare du village d'à-coté... Mais ça, c'est une autre histoire!  




Le Soleil, 7 novembre 1979, par Denis Gauthier


Lire aussi au sujet du Début d'un pôle d'attraction, 1967  au sujet du village de Les Escoumins.


La maison familiale des Boucher