Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 23 décembre 2018

La leçon du cordonnier

Je fis la connaissance de monsieur René Simard, le cordonnier du village de Bergeronnes, que lorsqu'il fut devenu un vieillard. J'avais eu l'occasion de le voir sans le connaître en  assistant mon père pendant la run de lait. Son épouse Vitaline  me faisait la conversation , le temps que l'un ou l'autre vérifie au réfrigérateur les besoins du jour. Il était question de la santé de ma mère, de mes résultats scolaires et aussi de ma ressemblance avec mon oncle Rosaire qui était habile à manier l'alêne et qui parait-il, aurait pu devenir un fameux cordonnier. C'était là un échange poli comme j'en avais dans la plupart des maisons du village. 

Le cordonnier faisait partie de la vie du village depuis 50 ans;   les bottes de drave, les souliers à talon, les escarpins, les cuirs équestres et même les fermetures éclairs des sacs à main portaient chez les aînés,  la touche magique de René Simard . Pour nous les jeunes, nés avec le prêt à porter , le soulier jetable et les modes passagères , monsieur Simard était une curiosité. Nos équipements de hockey restaient le seul lien tangible avec l'atelier du vieil homme.

C'est en 1974 -j'avais 12 ans- que je pénétrai pour la première fois dans son échoppe. Ce petit atelier était séparé de la maison par un couloir qui menait à la cuisine, une porte placée directement en  face de la porte d'entrée veillait sur le labeur de l'artisan et étouffait les bruits de la boutique. 

Ce jour, je tenais en mes main  mes gants de hockeyeur, des pièces d'équipement de qualité qui portaient les couleurs du Canadien et qui présentaient, performance oblige, des  paumes dont le cuir était rongé par la sueur. 

Je les voulais pour quand m'avait-il demandé . J'aurais pu lui répondre "pour hier" qu'il n'en eut  pas été plus étonné !

-Demain, dis-je. Je joue demain.

Je jouais à chaque fois que l'aréna était libre. Le congé des Fêtes était une pause pour le hockey mineur et junior  et le temps de glace se multipliait. Nous étions des dizaines de jeunes à vouloir en profiter. 

-Tu veux que ce soit bien fait.  

Il s'arrêta une minute. Posa son regard   myope au dessus de ses lunettes de cornes noires et me regarda sans trop lever la tête.

-Si tu  les veux demain , je vais devoir briser la tradition. 

Je n'eus pas à montrer mon ignorance au sujet de la tradition. Il continua.

-J'ai appris ce métier de ma grand-mère, qui elle-même en avait hérité ... Bien faire mon travail, c'est prendre le temps pour. Si je colle, demain ce sera prêt . 

Je lui ai dit de coller. Ce n'était peut-être pas la solution la plus solide, mais c'était la plus rapide. 

-Mon père va vous payer lorsqu'il viendra sur sa run. 

***

Le lendemain, quand  j'entrai dans l'atelier, monsieur René Simard  me reçut avec bonhomie. Il était généreux avec tout le monde. Il  n'hésitait-il pas à donner des conseils à qui voulait de lui-même tenter de réparer un harnais ou les sangle d'un sac d'école. Il était 15 heures trente et déjà les murs blancs de l'échoppe luisait d'une lumière jaune que diffusait une grosse ampoules qui  habillait le plafond d'ombres aux formes indéfinissables.

Le cordonnier me posa les mêmes questions qui meublaient nos politesses quand je livrais le lait dans sa cuisine. Je lui refilai les mêmes réponses.  Je sentais qu'il était un peu mal à l'aise parce qu'il n'écoutait pas vraiment .

-Hier, tu m'as dit que ton père me paierait pour le travail. Je ne t'ai posé aucune question. Je connais ton père, je sais à quelle heure son camion vert se stationne devant la maison. Et quand ton père est en retard, Vitaline prend le téléphone et appelle  ta mère, Madeleine, pour se rassurer.  

-Elle est inquiète ? interrogeai-je. 

-On  s'inquiète toujours des gens qui font bien leur travail. Si l'horaire de ton père est  brisée, c'est que quelque chose est arrivée. C'est sa tradition.

Le vieil homme me faisait une pirouette à la Pagnol pour me dire que mes gants seraient réparés selon la tradition. 

***
Deux jours plus tard, je revis mes gants .Une pièce de cuir habilement cousue et travaillée y suivait le tracé des doigts, du pouce et de la paume . Au revers, les gants gardaient la marque des coups de bâtons et des rondelles, témoins vivants des minutes passées sur la patinoire du Centre Civique. 

J'avais du neuf rempli de vie ! La tradition.

_______________________________________________

*Dorine Pednault mariée à François -Xavier Simard  (Escoumins 2 mai 1861)  , mère d'Évelyne Simard, était cordonnière et elle a enseigné son métier à son petit-fils René Simard.


La descendance de Michel PEDNOT  

https://www.genealogy.com/ftm/g/o/u/Pierre--Goulet/GENE3-0002.html


EXTRAIT 





mercredi 20 juin 2018

1979: Les élans de chaleur!

Affiche originale fabriquée sans traitement de texte !!!
Pendant que l'été tape à fond sur le claboard blanc de 12 pouces de large des maisons bergeronnaises rénovées grâce au  programme fédéral  PAREL , -ce qui fait dire à Tonton que les belles maisons des années 1900 du village ressemblent maintenant à des boîtes à souliers toutes pareilles- des artisans , amis.es de l'Hotel Élan, accouchent d'un spectacle de variétés qui fera courir les gens de toute la Haute-Côte-Nord :LES ÉLANS DE CHALEURS . En 1979 , les billets se vendaient : $2.50 !!! Le salaire minimum étant à $4.25, peut-on en une culbute mathématique , croire que 40 ans plus tard, ces mêmes tickets se vendraient 7.50 ?   


Photo: affiche originale

Vous pouvez reconnaître: 1 ere rangée: Lydie Bouchard,Marie Bouchard,Nicole Bouchard et Marie Hervieux. 
2 ième rangée: Lyne Caron, Jeannine Deschênes , Jacques Gagnon, Chantal Michaud ,Gaston Larouche et Gervais Michaud. 
3 ième rangée:  Marc Gagnon,Luc Hervieux,Gaétan Boucher,Jean-Eudes Caron, Germain Bouchard, Nathalie Ross.

Absent.e.s: Michel Michaud et Josée Savard 



À plus de six pieds du sol, le "Sol Caron" des Élans de chaleur peut s'exclamer: " C'est vertigineux tous les applaudissemanteaux que j'ai  trop reçus, marvoulleux! " 

La visite ... 33 étés ont passé.













1  ère rangée en haut: Léna Bouchard, Martin Gagnon, Jean-Eudes Caron, Eve Simard, Julien Maltais, Jeannine Deschênes, Bertrand Maltais, Natacha Maltais, Luc Jean-Gagnon , Lydie  Bouchard, Stéfane Guignard. 


2 ième rangée: Nathalie Girard, Lyne Caron, Hélène Guay 



3 ième rangée: Bernard Gauthier, Roger Gagnon, Marianne Otis  


Quelques textes rognés dans le défunt Plein-Jour de juin  1985. Une aventure théâtrale intéressante. L'auteur Michel-Marc Bouchard, à moins que  je ne me trompe, était même venu constater le travail de la troupe des Bergely  sur place ! Un premier théâtre d'été sur la HCN : je salue le cran de ces pionniers . Fallait le faire .











Des commentaires unanimes





Photo officielle de la troupe Bergely

dimanche 22 avril 2018

Tristesse bergeronnaise.



Charnier : petite chapelle où sont gardés les morts en attendant
que le dégel du sol permette qu'on  creuse les fosses.












IL n'est pas de pays qui ne se construise que sur des événements festifs , il arrive tôt ou tard, que soit perturbé l'équilibre des jours. Est balancé dans le vide, notre perception que tout va durer toujours. Je porte en mon coeur la fragile  beauté  de ma communauté d'origine , je la porte prudemment comme on porte une délicate porcelaine héritée  d'une vieille tante. 

Je vous livre donc en cette chronique, un collage de quelques événements qui ont bouleversé la vie des Bergeronnes. Village, où les marées montantes poussent le frais et l'odeur du salin  jusqu'à l'autel qui trône au milieu de la vieille église de bois couleur du vent où nous fûmes pour la plupart, baptisés sans le savoir. Selon l'ordre des choses, tel qu'on le concevait jadis.  





18 juin 1986



11 09 1979


1925




1974.
Janvier 1968

30 mai 1941 
Adjutor Ratté (Simone Morin) , père de 9 enfants, 
Paul Cléo Sirois et Simon Lapointe
12 avril 1938
25 août 1953
31 mars 1959




Le Soleil 17 mai 1960







1938








Le Soleil 15 décembre 1931



L'Action 10 nov. 1964 (tragédie arrivée le 8-11)


Le Soleil, 16 juillet 1959
(L'accident est arrivé le dimanche , 13 juillet, erratum: Il faut lire Adrien Guay au lieu de Lionel  )










Le Soleil, 9 décembre 1932






Progrès du Saguenay, le 9 mars 1950



Progrès du Saguenay 26 octobre 1950


Le Soleil , 20 nov. 1972