Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

vendredi 24 juin 2016

Saint-Jean d'hier et d'aujourd'hui

Ah! que j'étais jeune. 15 ans ou 16 ans. Disons 15 et 6 mois ... La Saint-Jean allait devenir la Fête Nationale .Nous n'y étions pas encore .Les nationalistes attendaient le grand soir qui vint le 16 novembre 1976. Et cela se fit. Notre petit Lucien devenait ministre, notre René disait de nous que nous étions quelque chose comme un grand peuple. N'était-ce pas extraordinaire ?
Francine Harvey,Claudette Hovington et Jeannine Deschênes
De vrais chars allégoriques avec des fermières  engagées.
 Aux TGB l'atmosphère était à la fête ,le village était peuplé de jeunes ménages qui s'apprêtaient à peupler le village à nouveau, la Baie-James emplissait les comptes gérés par monsieur Charles-Edmond, l'école primaire était pleine, la polyvalente toute neuve débordait d'enthousiasme et la cantine faisait des affaires d'or!


Des clowns: Francine Lapointe et Gianna Bella
 accompagnées d'Oriane, de Nadia et et Nadine.

Têtes heureuses! disait mon père Ovila en me voyant partir avec mes chums pour le feu de la St-Jean .Vêtus de  nos jeans à pattes d'éléphant et armés de notre effronterie juvénile, nous avions convaincu monsieur Marc Tremblay de nous vendre de la bière. 


Le  Je me souviens proposée par Lise Payette était désormais la devise qui apparaissait sur les carrées de tôle  des plaques d'immatriculation. Patte d'éléphant et mémoire . 

Mémoire en fête disait-on !   Geneviève,Clément  et sa gang de cégepiens , et je nomme :Gervais, Lydie,une Larouche ( dont j'oublie le prénom) allaient nous sortir des greniers de tout le village: les rouets, les barrates à beurre, les  pelles en bois, les fers à repasser en fonte, les jouets sculptés , les toupies, les berçantes, les bers, les tissages, les catalognes... On allait se souvenir tous ensemble du passé bergeronnais . Ce fut fait et avec brio.


Des majorettes dirigées par Guylaine Bouchard et Gina Deschênes

Nommer tous les participants me donnerait le tournis. Je souhaite seulement que ces photos vous remémorent  quelques moments de ces fêtes qui rassemblaient tout un village ...ou presque . Ovila avait raison : Têtes heureuses ! Vous ne connaissez pas votre bonheur. 

dimanche 19 juin 2016

Fête des pères partis trop tôt ?

Ovila et Madeleine ,au pintemps de leur fréquentation.
Quand suis-je né ? Naît-on à partir du moment où nos parents se rencontrent et qu'il se forment entre eux cette complicité qui les fera vivre ensemble pour le reste de leurs jours? Sur cette photo prise à Forestville en 1948 , on peut apercevoir l'église anglicane construite la même année sur les terrains de la chaufferie de la cie Anglo . 

Les anglophones  fréquentèrent ce lieu de culte jusqu'en 1979. 
Puis la Trinity church  connut un autre sort. Le 7 juillet 1994 , on inaugurait le Musée de la Petite Anglicane. La Société Historique de Forestville, présidée par madame Rachel Saint-Louis,  y a tenu diverses expositions  dont les deux plus importantes à ce jour: les télécommunication en forêt et le contrôle des feux forestiers ; la vie au village de Labrieville pendant la construction des barrages B-1 et B-2 sur la rivière Bersimis . 

Si le temps avait la faculté de contraction , ma fille Gabrielle, guide au musée de la Petite Anglicane, pourrait apercevoir son grand-père et sa grand-mère, il suffirait que ceux-ci se tournent pour la saluer. Mais le risque que le souvenir soit changé en statue de sel est trop grand.



Photo: Ville de Foretsville
 Voyez comment s'allonge le passage des pères partis trop tôt. Et ce, juste avec quelques mots, une photo et des croisements improbables ! 

J'ai donc eu trois naissances: ma naissance probable lors la rencontre de mes parents en 1948; ma naissance physique :le 4 janvier 1961 et le 26 octobre 1981, ma naissance traumatique  lors du décès de mon père.

Selon Boris Cyrulnik , apparaît  lors d'un traumatisme ,une crypte de l'âme. C'est là dans le coeur profond de l'homme, que se construit des chimères qui  apaisent la peine. Mais la réalité n'est pas une invention, en confrontant le réel et mes écrits, j'ai pu voir la part d'inventés , cette  cuirasse qui m'a permis de passer à travers un deuil qui m'a fait très mal et que  le village de Bergeronnes me rappelait sans cesse. Et me voilà à Forestville , avant le deuil. Avant que je n'existe.

Ma tête est un musée peuplé des images d'un père parti trop tôt, des images recomposées parce que la mémoire est infidèle et  qu'elle sait parer les coups. 
1961: mon père a 35 ans et 5 enfants . 

« Chaque personne éprouve un événement à sa manière. Il y a un socle commun inamovible mais, autour, on agence les blocs de mémoire comme bon nous semble, explique Cyrulnik.(...)La manière de réagir montre leur faculté à goûter le monde. Si on est serein, le monde a un goût doux comme du champagne. Si on est dépressif, insécurisé, le même monde aura un goût amer. »



CHAMPAGNE ! C'est ta fête papa!