Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

samedi 27 décembre 2014

LE POUVOIR DES PHOTOS (3) IMPOSTURE ?!

Midget, mars  1978, tournoi de Bergeronnes
Ô Capitaine ! Mon Capitaine !
Notre voyage effroyable est terminé
Le vaisseau a franchi tous les caps, la récompense recherchée est gagnée,
Le port est proche, j'entends les cloches, la foule qui exulte

(extrait , poème de Walt Whitman, 1865 )

Cette photo prise par mon ami le Cyclope est assez étonnante . Un inconnu dirait sans doute que ce jeune homme de 17 ans était  un joueur de grande qualité, un leader, un buteur de première classe. Il aurait à peu près tout faux. Dans mon journal ,j'ai exprimé maintes fois mon désir de devenir meilleur au hockey. J'avais un bon coup de patin, par contre  mes habiletés manuelles étaient plutôt limitées. Ce qui faisait de moi , selon mes copains, un Bob Gainey. Un touriste sur la patinoire. Je ne m'en suis jamais plaint parce que pour moi le hockey était une façon singulière de m'affirmer. Mon coach préféré de l'époque , Augustin Bouchard, dont j'admirais la grandeur d'âme , avait fait en sorte que je sois le capitaine de mon équipe. Il savait ce qu'il faisait. En appuyant ma candidature, il fouettait ses troupes, le message était clair : je n'étais pas le meilleur , loin de là, mais je travaillais avec coeur,  je pouvais grâce à mon coup de patin  faire  s'écouler deux minutes de punition et ainsi remettre mon équipe sur les rails. J'étais un joueur défensif. Mon leadership  se manifestait par ma fougue. Mon peu de connaissance du hockey était flagrant: je ne pouvais pas lire le jeu puisqu'en fait, le hockey ne m'avait jamais intéressé.Je n'ai jamais lu les pages sportives, ni les statistiques, je passais mes samedi soir loin de la télé ! Le hockey fut pour moi  un véhicule pour passer mon adolescence à me faire des amis. 

Personne ne doit savoir que je ne connais rien au hockey. Heureusement que mon frère collectionne les cartes (que j'apprends par coeur), il me sauve la vie sans le savoir, il fait de moi un être à part entière dans ce village de la Côte-Nord où l’aréna rythme la vie de tous les adolescents. Comment moi pourrais-je échapper au monstre, alors que tout le village ne vit qu’en fonction de cette idole ?
(Extrait de mon journal , 1974) 

Cette photo pourrait être celle d'un imposteur, une mise en scène, mais je vous le jure, mon étiquette de travailleur acharné justifie cette photo. Un plombier, finalement, ne fait pas beaucoup de finition, mais il est essentiel.

 Et grâce au hockey , j'ai appris à mémoriser des textes et à me mettre en scène. Ce qui est beaucoup. Merci hockey.

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