Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

vendredi 31 juillet 2015

Je veux le 34.

Thermomètre en Fahrenheit 
Aux Bergeronnes , avant 1957 lorsqu’un abonné du Bell décrochait l’acoustique , c’est madame Vitaline Lapointe responsable de la centrale téléphonique qui répondait (épouse de l’illustre  cordonnier  René Simard).  Il suffisait alors de lui indiquer le numéro qu’on voulait rejoindre. Et si vous aviez oublié le numéro de votre correspondant, elle le trouvait rapidement, elle les savait tous par cœur ! Ainsi, pour faire une commande chez Victor Guay ,on demandait le 34.  

Selon la Revue d’Histoire du Bas-Saint-Laurent, les compagnies reconnaissaient
« l'importance du secret des conversations téléphoniques puisqu'un règlement exige (alors ) d'assermenter à cet effet deux personnes à chaque central. » (NDLR : on disait un central téléphonique .)  

Pour établir une communication, il fallait décrocher le récepteur et tourner la manivelle située sur le côté de la boîte. L’opératrice établissait la communication.

Picasa V. Quinn : collection famille Simard
Selon la  Chronique un Brin d’histoire ,  «  il arrivait très souvent  que des abonnés se partagent la même ligne téléphonique, et chacun avait son code. (…) Bien entendu, tout le monde savait qu’il y en avait qui écoutaient les conversations des autres, aussi les gens prenaient-ils mille et un détours verbaux pour parler de choses graves, du genre :
  «Tu sais la jeune fille dont je t’ai parlé l’autre jour? Eh bien, elle est partie en vacances chez sa tante à Québec, pour six mois»,
 -Tu m’en diras tant!
 Et elles étaient tout heureuses de croire qu’elles étaient les seules à se comprendre. »  

Quoi qu’il en soit le téléphone fut pour nos ancêtres, l’internet de cette époque . Imaginez : on pouvait sans quitter son domicile savoir si le marchand du coin avait en stock ce que l’on désirait. Et les nouvelles allaient plus vite ! Pas aussi vite qu’avec les réseaux sociaux…mais tout de même certains secrets étaient vite passés sur le fil qui parle !  

Jusqu'à preuve du contraire...

1 commentaire:

  1. Merci pour la photo de l'objet qui me rappelle de bons souvenirs. J'ai aussi un cendrier publicitaire pour le même numéro 34 bergeronnais. Dans ma collection de chroniques bergeronnaises, ma tante Émilienne Guay parle du TSF :

    "Plusieurs la prénommaient «Mémère Clarisse» mais pour maman et moi, elle était «Madame Clarisse». Elle mentionnait «Maltest» et non «Maltais» pour son nom.
    Elle était télégraphiste de son métier et notre famille était amie de la sienne qui se limitait à son mari, Eugène Gauthier, beaucoup plus âgée qu'elle. On nous racontait qu'il l'avait épousé alors qu'elle n'avait encore que treize ans et que quelquefois, au tout début de leur mariage, rentrant du travail aux champs ou de l'étable, il la trouvait jouant à la poupée.

    Les grandes personnes s'attablaient dans la salle commune et s'amusaient à jouer au cartes la plupart du temps, le jeu était ce qu'il nommaient le «whist» tandis que nous nous amusions à regarder l'appareil de T.S.F. qui crépitait, mais n'enregistrait pas car la réserve de papier semblait contrôlée.

    Mme Maltest Gauthier courut à son appareil de T.S.F. pour le mettre en marche le ruban. Elle revint s'asseoir et chacun but son «petit sec» tout en commentant ces dernières nouvelles mondiales fraîchement reçues.

    Les hommes, après s'être bien restaurés attelèrent les chevaux et ce fut le retour dans ce que nous appelions le «quatre roues». Les genoux bien recouverts d'un châle de laine quadrillé, nous regardions, dans un fort vent du nord, voler les feuilles mortes accompagnées de brins de neige, annonçant que bientôt notre paroisse serait isolée pour un hiver entier. Les chemins n'étaient pas entretenus et ce qui nous reliait tous, c'était les appareils sans fil de Mme Clarisse et celui de la mère «Quette». Je crois que c'était une madame Savard, mais je n'en suis pas certaine. Cette Madame habitait avec son époux chez sa fille et son beau fils dans la maison de Ulysse Bouchard, bâtie à l'entrée de la rivière Grandes-Bergeronnes. Étant donné l'éloignement de papa et maman de leur famille respective, toutes les nouvelles concernant les leurs passaient par ces deux personnes."

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