Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 5 juillet 2015

Patrick et Françoise

1976, Hotel Élan 

Cette photo de Patrick Gauthier et Françoise Gaudet-Smet n'est pas le cliché d'un fan auprès d'une vedette . Monsieur Patrick fut pour Bergeronnes l'émissaire obligé  de madame Gaudet-Smet. Cette rencontre est donc celle de deux vieux routiers qui en avaient vu d'autres.

Madame Gaudet-Smet a voulu toute sa vie faire des traditions quelque chose d'actuel. Elle  a fait passer l'artisanat du folklore à la modernité. Il n'est donc pas étonnant qu'elle fut de la première mouture de la Semaine du Patrimoine. Une semaine où non seulement -comme elle l'avait souvent expliqué- les Bergeronnais purent se rendre compte de tout l'héritage de leur passé, mais aussi des influences extraordinaires de ce passé  sur le présent. Simplement exprimé ,on disait à cette époque qu' il n'y avait pas de pays sans grand-père et madame Smet venait ajouter qu'il n'y avait pas de pays sans grand-mère ! 

En tant qu'agronome , Patrick Gauthier  avait certes  partagé les idées de cette dame. Les agronomes n'étaient pas seulement des commis de la Province de Québec. Ils étaient dans leur milieu des facilitateurs.

 

1922 : Patrick Gauthier est dans
la classe de dame Albani Gagnon
(Coll. Martine Imbeault) 

L'émancipation de la femme passait pour elle, en milieu rural, par les Cercles des Fermières, une place où enfin les femmes pouvaient échanger, construire, produire et casser l'isolement. Monsieur Gauthier fut comme beaucoup d'agronomes en milieu éloigné une courroie de transmission importante pour diffuser les idées "féminines"  de madame Gaudet-Smet . En aidant à la fondation des  Cercles  des Fermières , il contribua à  transfomer le quotidien des femmes de milieu rural.


Monsieur Gauthier était un homme d'un autre temps, pour moi qui avait 15 ans en 1976, entendre cet homme chanter en grégorien, ne ramenait rien à ma mémoire.  Si ma mère avait la mémoire en fête devant l'interprétation de Monsieur Patrick; j'étais, avec d'autres jeunes , devant la découverte , je faisais un saut dans le passé et je découvrais un patrimoine extraordinaire ! 

L'expression "y' a pas de pays sans grand-père" prenait là tout son sens !


Bulletin des Agriculteurs NOV. 1960

Patrick Gauthier est né en 1910, le 19 janvier en pleine froidure. Ce qui la neige une fois fondue, ne l'empêcha pas de s'intéresser à la botanique. Il fait comme tous les siens ses études primaires au village et complète son éducation au séminaire de Chicoutimi. Les études commerciales ne satisfont pas sa curiosité, il se dirige alors à l'École d'agriculture de Sainte Anne de La Pocatière. Il devient agronome. Il enseigne une année au sein de son alma mater et revient dans son village d'origine pour prêter main forte à Adélard Potvin comme assistant-agronome.

Le territoire couvert par les deux hommes  s'étend du Saguenay à la rivière Betsiamites. En 1938, il devient agronome dans un territoire couvrant toute la région ! Ce qui lui vaudra de participer à la fondation de la plupart des cercles des Fermières de la Côte-Nord. Certains furent institués par l'agronome Pierre Blouin.


 En 1975 ,il prendra sa retraite. On le retrouvera alors  auprès de sa compagne de vie, madame Aurore Maltais qui l'entraîne dans ses tâches commerciales ,  de la cantine à la salle de quille !  Il redevient un assistant! 

Il fut douze ans membres de la ligue du Sacré-Coeur . Un cercle cher au coeur du curé Thibeault et du père Maurice Ouellet. Il sera marguiller et prêtera sa belle voix à de nombreuses  cérémonies religieuses. Son engagement dans la Paroisse sera récompensé par la réception de la  médaille Benemerenti en 1959.




L'organisation des loisirs pour la jeunesse l'ont particulièrement intéressé: il n'hésitera pas à prendre la défense des jeunes qui se heurtent souvent à la rigidité des moeurs religieuses de l'époque. Le cinéma et la danse sont souvent mal vus par le clergé mais monsieur Gauthier sait se rallier le curé.

En 1949,il participe activement à l'organisation des pageants, spectacle grandiose qui rend honneur aux colons de 1844.

25 ans durant, il s'implique au C.A. de la Caisse Populaire du village.

Il recevra enfin l'Ordre du Mérite Nord-Côtier pour ses nombreuses activités .


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