Les portefeuilles de nos pères et les artéfacts

Récemment mon voisin qui a passé le cap des 70 ans m'a demandé de faire le ménage de son portefeuille. Je l'ai aidé. Beaucoup de cartes d'affaires inutiles, des cartes de membres, celles-là, plus significatives: l'âge d'or, le CAA, le centre bénévole le Nordest; apparaissent aussi des cartes essentielles : la carte soleil, le certificat d'immatriculation, le permis de conduire,  et finalement des découpures de journaux. Et aussi cette carte désuète: un permis délivré par le ministère des Terres et Forêts attestant que monsieur est un mesureur de bois attitré et diplômé. Cette carte devra faire partie des cartes essentielles. Elle définit un homme. 

En aidant mon voisin, j'ai donc appris beaucoup sur lui. J'ai pensé à l'explication de Serge Bouchard concernant l'anthropologie: 

"...l'anthropologie, c'est l'archéologie de tout. Nous sommes des fabriques à souvenirs, nous multiplions les débris, les artéfacts, les antiquités,nous sommes des traces dans des traces." (Je suis l'anthropologue, février 2008 in C'était au temps des mammouths laineux, Boréal, 2012, 226 pages)

C'est dans le portefeuille de mon père que  j'ai trouvé la" piasse de René Lévesque , cet objet de propagande anti-péquiste est apparu en plusieurs versions  dans divers comtés dès 1970 et a été "amélioré" en 1976. On prétendait à l'époque qu'un gouvernement mené par Lévesque serait un désastre économique.  On connait la suite. Mon père aimait  sortir l'arme du camp ennemi et répéter que le 25 novembre 1976, le jour où son René Lévesque et son Lucien Lessard ont prêté serment , le dollar canadien était à parité avec le dollar américain ! Il préparait à sa façon le premier référendum ...