Commerçant à l'écoute

Je ne sais pas si le monde tourne du bon coté. J'imagine que oui. Reste que je revois passer devant mes yeux des réalités qui existaient déjà et qu'on présente comme des nouveautés. 

La récupération ? Mon père, Ovila,  ramassait les pintes de lait vides pour les retourner à la laiterie. 

La livraison à domicile ? Sur cette photographie,  Monsieur Laurent est à prendre une commande qu'il livrera à domicile. Et pas un logiciel n'égalisera la décision qu'il prendra s'il ne peut  livrer de la farine Five Rose,  en la remplaçant par de la Robin Hood! Le logiciel n'aurait affiché qu'un B.O. ! Tant pis pour la dame qui veut faire des  gâteaux ! 

Le crédit ? Dans un village où le taux de chômage atteignait périodiquement  un niveau élevé, les commerçants devaient faire preuve de patience. Et aussi de diplomatie. Les critères pour avancer de l'épicerie, n'étaient pas  basés sur le score d'Équifax,  Laurent comme d'autres, devait tenir compte de la capacité saisonnière du client, la situation familiale passagère (un nouveau-né, un malade...) Il devait être empathique. 

Le placement publicitaire ? De nos jours, les entreprises prennent leur place en accolant leur nom à une réalité sociale:  McDo commandite les Olympiques et se retrouve avec le monopole des fast-food au stade .  Dans le temps , on portait un chandail de hockey au couleur de l'épicier L.Bouchard Ltée. Croyez-vous vraiment que cette publicité avait de l'impact sur les ventes  ? Je crois plutôt que Laurent comme d'autres, s'impliquait dans le village et n'espérait pas de monopole en retour ! 

Même si on croit le contraire, les villages ont toujours été en phase avec leur époque, à la différence des centres urbains , les réalités avaient, dans une petite communauté, une valeur affective. Être désolé, de ne pas livrer la bonne marque de farine s'accompagnait d'un sourire  au lieu de la simple mention  "back order" sur une facture.