Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 7 juin 2020

2005 Théâtre au Bord du monde- Tadoussac-

Quel bel été. Je ne sais pas pour les comédiens mais pour le metteur en scène, une fois que la pièce est lancée , on regarde grandir et on ne s'inquiète pas trop. Jessyka s'inquiétait des commentaires de certains spectateurs qui trouvaient le tout amateur !  D'autres étaient ravis. À la longue on s'y fait. Personnellement, je n'entendais plus rien depuis très longtemps. J'étais sourd à la critique comme à la louange. Pour répondre aux  angoisses de cette créatrice ,j'ai juste affiché un texte de Qohélet dans la coulisse.

Un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ;
un temps pour planter, et un temps pour arracher.
Un temps pour tuer, et un temps pour guérir; 
un temps pour détruire et un temps pour construire.
Un temps pour pleurer, et un temps pour rire ;
un temps pour gémir, et un temps pour danser.
Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour les amasser ; 
un temps pour s’étreindre, et un temps pour s’abstenir.
Un temps pour chercher, et un temps pour perdre ;
un temps pour garder, et un temps pour jeter.
Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire, et un temps pour parler.
Un temps pour aimer, et un temps pour ne pas aimer ;
un temps pour la guerre, et un temps pour la paix. (3, 2-9)

Ça a peut-être marché.


Stéfane Guignard et Jessyka Malatais-Jean  (photo Éric Maillet)

Stéfane avait d'autres soucis: la salle de bal de l'hôlel Tadoussac ne se remplissait pas toujours.Même les billets donnés aux clients de l'hôtel ne prenaient pas preneurs. Explication simple: un touriste de passage pour voir des baleines ne veut pas nécessairement se coucher tard ni voir une pièce qu'il ne comprend pas,surtout  s'il est Asiatique . En redoublant d'ardeur, les deux comédiens  font de la promotion dans les rues et finissent par trouver un public. 




Le Soleil, juillet 2005

L'éclairage fabriqué avec très peu de matériel est sous la supervision de l'ineffable  Martin Gagnon (fils de Claude et Julienne Boucher) qui s'avère un efficace technicien. Le son et l'éclairage sont entre bonne main. À chaque fois que j'en ai l'occasion , je me rends à Tadoussac et Martin profite de ma voiture. La conversation tourne autour de quelques-uns de ses démons ! Le travail l'en libère. Martin est un artisan respectable.



Liste dépassée. Tout change.

Je suis étonné par le nightlife de Tadoussac. Un soir, je reste prendre une bière, façon de parler puisque je ne bois plus depuis 1996, et je constate à quel point ce village est devenue tout sauf un village . Tous les vices de la terre y sont concentrés pendant les mois d'été. De vieux villageois me confient ne pas vivre pendant l'été. Le village appartient aux autres. Eux ,ils travaillent pour gagner leur vie et n'ont pas le temps de vivre. Certains s'excusent de ne pouvoir venir voir la production du Théâtre au  bord du monde parce qu'ils doivent rester près du téléphone.



Googlez  le nom de cette artiste.tout un parcours depuis...

Je vis à Forestville depuis maintenant 15 années et ne vient aux Bergeronnes que pour visiter ma mère , Madeleine, ou mon beau-père, Alfred Anctil. Un jour, j'entreprends de donner quelques billets à des gîteurs du village... la dernière fois où j'ai été si mal reçu, c'était en 1980 quand le gouvernement Lévesque avait coupé le salaire  les fonctionnaires et que je tentais de vendre des cartes du PQ ! La chanson est toujours  la même : on n'enverra pas les gens à Tadoussac ! Je lève les yeux au ciel et dans ce village comme ailleurs,  le clocher me fait un clin d'oeil !


52 ans en 2020 . Tu joues?  
Stéfane continue de jouer. Il sera de la Coupe de la ligue de  Slam de France en 2016. Cyranez de Bergeronnes (une bête à deux têtes) fait son chemin jusqu'à Rennes, mais juste avant il y avait eu le Chic Slam de Saguenay, le Lion d'or à Montréal et le Slam de De Quilles à la Salle De Quilles de Bergeronnes !



Généreux Stéfane





Ça m'a pris quelques années à comprendre qu'il fallait écrire Stéfane avec un F et pas avec un PH  ! C'est comme le fameux débat autour du nom d'Adolf avec un F et d'Adolphe avec un PH qui est au centre de la pièce Le Prénom de Mathieu Delaporte . J'ai adapté la fameuse chicane au sujet de ce prénom démonisé   pour 15 voix dans une classe d'art dramatique de troisième secondaire. Quel plaisir!


Le théâtre réparateur ou Un livre par jour éloigne l'ignorance pour toujours. 


Le théâtre a-t-il réparé ma vie ? Je n'en sais rien. Je dois tout de même souligner qu'il l'a beaucoup occupée , comme les Allemands occupaient Paris, mais j'étais un résistant, c'est-à-dire que je ne me suis jamais laissé happer complètement par cet art. Je le trouvais envahissant et pas très payant... Demande- t-on à un plombier de travailler pour un salaire de misère ? Je refuse de solder l'art en échange de reconnaissances futures  ! 

 Aurais-je pu suivre mes compagnons qui se sont lancés dans le métier? Non. J'avais un besoin de sécurité pareil  à celui d' Harpagon. Je suis avare. L'avarice commande la stabilité des revenus. Viande à chien ! Je m'assume.  Je 'ai aucune gêne à parler d'argent. Tout travail mérite salaire.        


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