Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

samedi 10 octobre 2020

Les hockeyeurs du grand B - Saison 69-70-Champions de la Ligue du Saguenay

 

Photo retouchée

Haut: Jacques Gagnon, Marc Brisson, André Savard, Jean-Guy Marquis, Pierre Hervieux, Jean Gauthier, Yves Larouche, Gérard Ross Irénée Tremblay, Pierre Brisson, Pierre Savard, Michel Larouche et Lévis Ross.
Bas: Guy Brisson, Jean-Phillipe Gagnon, Robert Larouche, Pierre Gauthier, Langis Simard, Viateur Noël , Viateur Savard


Fait d'armes rapporté par Pierre Hervieux: cette équipe a gagné le championnat de la ligue contre Forestville qui avait dominé le classement pendant toute la saison.  La ligue comptait six équipes: Tadoussac, Les Bergeronnes, Sacré-Coeur,  Les Escoumins, Sault-au-Mouton et Forestville.

 
Gagnants 

Cette photographie a trôné pendant des années sur un des murs de stucco gris et blanc du hall du Centre civique de Bergeronnes. Elle y avait été encadrée dans un format démesuré pour l'époque, je dirais 3 PIEDS x 5 PIEDS.  Tous les amateurs de hockey du village se sont  arrêtés un jour, pour les nommer un à un. Et aussi pour admirer ce chandail qui portait une lettre, elle aussi, démesurée! Ce devait être dans l'air du temps, la fin des années 60 était porteuse de grandes transformations sociales et semble-t-il que ce phénomène s'inscrivait dans les moeurs. Peu importe, il reste que cette photographie était un défi aux autres équipes locales qui trancheraient à leur tour la glace crépitante de l'aréna. 

Je revois cette photo en 2020, et je pense à la célèbre scène des photographies du film La Société des poètes disparus,  scène où le professeur Keating fait découvrir à ses élèves le sens de l'expression carpe diem en présentant aux élèves des clichés d'élèves des promotions passées.

Adaptons  la scène

L'entraîneur a réuni toute son équipe devant la fameuse photographie. 

-En latin, on exprime ce sentiment en disant : carpe diem . Qui en connait la signification ? demande l'entraîneur.

-Saisir le jour, répond un joueur.

-Saisir le jour, saisir l’occasion. Cueillir lorsque l’occasion se présente. Pourquoi l’auteur a-t-il écrit ça ?

Un autre joueur, hésitant : « Parce qu’il était pressé ? » 

-Non! Parce que nous sommes de l’engrais pour vers de terre. Pensez ce que vous voulez mais seulement, personne n’en réchappe. Tous autant que nous sommes, nous cesserons de respirer, nous nous refroidirons et nous mourrons.

Puis le coach  en désignant la photographie des joueurs de l'équipe intermédiaire de la ligue du Saguenay demande aux jeunes  de s’approcher.

" J’aimerais que vous approchiez un peu  et que vous regardiez attentivement cette vieille photographie, vous êtes passés devant très souvent, mais je ne crois pas que vous l'ayez examinée de près. 

Au fond , ils ne sont pas si différents de vous, non ? Mêmes coupes de cheveux, plein d’hormones, tout comme vous, invincibles, le monde leur appartient ! Ils croient qu’ils sont destinés à de grandes entreprises. Tout comme beaucoup d’entre vous, leurs yeux brillent d’espoir.  Alors, auront-ils trop attendu pour réaliser ne serait-ce qu’un iota de ce qu’ils étaient capables ? Parce que voyez-vous messieurs ces gars-là passent leur temps aujourd'hui à regarder du hockey. S'ils  tentaient de reproduire leurs exploits du passé ,ils constateraient que  leurs os sont devenus des cages et que leurs muscles se sont affaiblis. 

Derrière le groupe , l'entraîneur se mit à chuchoter pour saisir toute l'attention des joueurs .

" Mais si vous les écoutez, vous allez les entendre .Ils vont vous communiquer leur héritage. Tendez l'oreille, approchez vous, retenez votre souffle, vous entendez ... 

L'entraîneur change de ton et prête sa voix aux joueurs de la photographie. 

" Carpe diem , sautez sur  l'occasion, les gars ! Donnez à votre vie un sens extraordinaire !" 

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