Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

lundi 5 octobre 2020

Le Plein-Jour, un tabloïd est né!

Archive Plein-Jour 

Longtemps , le Plein-Jour fut le média écrit des tremplins. Je me souviens d'excellents articles signés par Denis Gauthier , des  bizarres hybrides d'Etienne Gagné où dans un 5w standard se profilait tout d'un coup l'opinion du journaliste...Je n'oublie pas non plus les articles de Paul Pygeon  et Michel Joncas qui était plus conformes à la méthode AFP ! Les BD de Camille Bouchard et les dossiers fouillés de Pierre Rambaud ont également marqué les lecteurs. 

Puis le temps passa et le journal perdit un peu de son lustre. Les années 80 furent l'âge d'or des journaux communautaires, le PJ passait en second dans les localités où le journal produit par les gens de la place s'imposait. Le patron du journal, Paul Brisson eut l'occasion de se plaindre des subventions accordées aux médias communautaires, il ne les blairait vraiment pas. 

Non pas que l'assiette publicitaire toute maigre de la HCN aurait pu lui échapper mais quand de bons journalistes comme Pierre Rambaud ou Denise Fournier fouillent un dossier, l'étoile des médias écrits conventionnels ne peut que pâlir, d'autant plus que pendant l'ère Québécor, le journal de Brisson faisait de plus en plus dans le catalogue. Non pas que les articles aient été moins nombreux , juste que les articles étaient devenus de plus en plus vides. Le journal Haute Côte-Nord tel un Phoenix, retoucha aux vaches sacrées : la MRC, les municipalités et les politiciens eurent à répondre de quelques dossiers ... ce fut hélas ,un vol bref ! 

Marcotte,Philippe, La qualité du journalisme vue par ceux qui le pratiquent, Juin 2008
Centre d’études sur les médias Pavillon Casault (5604) Université Laval



La disparition du service de l'information à CHME vint démontrer hors de tout doute que les  nouvelles et la survie des médias, furent-ils communautaires,  devenaient un amalgame impossible !  Après tout la MRC et les maires sont vites devenus devant l'imminence de la disparition des journaux papiers, les vaches à lait des hebdomadaires. Alors, pas trop de questions et pas trop de critiques, comme me  disait jadis le  proprio: "On ne mord pas la main de celui qui nous nourrit !" Je suis resté maigre...mais pas sans sens critique. 

Aujourd'hui le retournement de situation est assez extraordinaire, les médias font des représentations auprès des gouvernements pour être subventionnés! Tout comme les médias communautaires qu'on dénonçait dans les années '90 ! La main qui nous nourrit est parfois beaucoup plus pressante à trouver qu'on ne pourrait le croire. 

Après la disparition temporaire des Brisson dans le domaine de l'édition, disparition , résultat d'une débâcle financière qui entraîne le congédiement de Luc et Paul Brisson par Québécor,  le Plein -Jour en Haute-Côte-Nord prend la relève du Plein- Jour sur le Saguenay . Publié par Rive Nord Média, ce nouveau Plein-Jour se démarque. Paul Pygeon et Éric Maltais forment un tandem de journalistes qui couvre l'actualité avec sérieux. De plus, des chroniques régulières offrent aux lecteurs  un  petit coté magazine qui encourage la découverte des réalités régionales et des intervenants qui animent le milieu. La qualité graphique, le montage plus dynamique et le rendu des photographies atteignent un niveau professionnel.

Les archives du journal produit par Brisson  restent tout de même intéressantes à bien des égards. Elles rapportent avec objectivité (Claude-Jean de Virieux  parlait d'une objectivité impossible) quelques pans de l'histoire de mon village, ce qui n'est pas rien. Pas beaucoup d'analyse, mais au prix que coûtent le journalisme d'enquête, il faudra une autre trâlée de subventions pour y revenir !  Le human interest est plus facile d'accès et moins préjudiciable...

Les journaux communautaires avaient leur place. Ne serait-ce que pour  le rôle social et éducatifs dont ils furent les tenants, leur formule me semblait pertinente et le serait encore...mais pas sur du papier! 

Les hebdomadaires traditionnels même s'ils ont une tendance à mettre en évidence leur rôle social ont souvent des impératifs qui échappent au seul traitement de l'information. Et ce sera devant la disparition du papier, encore plus évident. La liberté des lecteurs apparut grâce à Internet sera une occasion de remettre en question leur pertinence...

Marcotte,Philippe, La qualité du journalisme vue par ceux qui le pratiquent, Juin 2008 
Centre d’études sur les médias Pavillon Casault (5604) Université Laval




 
Plein-Jour sur le Saguenay 27 09 1993

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