Je me sens malade et fatigué. Je veux simplement que
le tout disparaisse. Je ne vois rien d'agréable de discuter d’aucun des symptômes liés à
la colite . Je fais des analogies parfois: c'est comme être atteint d’une grippe. L’on se sent épuisé,
antisocial et malade. C’est comme avoir une indigestion alimentaire pendant des semaines, plusieurs fois par année. Le ventre gère mal toute boisson ou tout aliment ingéré – parfois même l’eau! Après avoir
subi une poussée active pendant quelques jours, on commence à se sentir fatigué
et grincheux. Donc, on s'isole.
Voilà pourquoi, je préfère consacrer moins d’énergie à
expliquer la colite et plus d’énergie à composer avec celle-ci.
Les
conséquences physiques et émotionnelles de la maladie .
La colite occasionne en moi une fatigue
émotionnelle. Les effets physiques sont assez évidents : perte de poids , épuisement, reflux, diarrhée liquide , constipation, crampes horribles, douleurs semblables à celle de la
grippe, (la vraie, pas un rhume !) déshydratation, sommeil perturbé, frissons ...
Ce sont cependant les effets émotionnels qui me
prennent par surprise et qui commencent à avoir un effet important sur ma
vie : le manque d’intérêt à socialiser ou à sortir prendre de l’exercice (je m'oblige à marcher trois fois par jour en dépit des symptômes pour garder la forme ) ,
les sautes d’humeur et les inquiétudes par rapport aux maudites sorties pendant
lesquelles il faudra trouver des toilettes en l’espace de quelques minutes ou dénicher un repas qui me convient ! Un trajet de deux heures en autobus pour me rendre aux ruines mexicaines ne me
paraît pas très alléchant ! Me réjouir pendant des jours à l’idée du temps magnifique prévu pour la fin de
semaine, propice pour une journée agréable à la plage et se
réveiller le samedi horriblement malade, obligé de rester à la
maison toute la journée ! On apprend à vivre au jour le jour et à apprécier une certaine sédentarité.
Le pied sur le brake et le coeur sur l'accélérateur
Il faut apprendre à ralentir et à me reposer davantage. J'ai pris ma retraite avec une pénalité importante mais puisque je ne risque pas de dépenser beaucoup comme touriste, j'investirai dans ma future résidence ! Il est plus important que je vive selon mes limites et heureux que dans une projection perpétuelle d'événements dont je ne verrai jamais l'aboutissement et qui me jette dans la déception.
Je trouve aussi
constamment de nouvelles façons de maintenir mes niveaux d’énergie et
d’intérêt: Je marche avec mon chien, j'entretiens mon Blog bergeronnais BB, je participe à la rédaction et à la recherche de documents pour enrichir ma connaissance du passé, j'écris des saynètes pour des troupes amateures de théâtre...
Retraite comme retrait ...
Depuis ma retraite , je suis également plus flexible en ce qui concerne la gestion de mon
temps et je me suis trouvé de nouveaux champs d’intérêts. Si je ne peux pas
sortir pour dîner , je renoue avec mes amis par téléphone (parfois) ou (plus souvent) par la magie des fenêtres sociales informatisées; une autre
journée lorsque je me sens plein d’énergie, je peux marcher avec Nicolavitch et jaser de tout et de rien. J'échange des livres avec mon ami Stef et des idées aussi ! J'évite également toutes les discussion oiseuses au sujet de ce que j'aurais pu, aurais dû et souhaiterais faire !
Si je suis cloué à la maison à certains moments, je m’assure d’avoir un bon livre avec qui jaser. Comme le personnage dans le roman Les enfantômes de Ducharme, je crois que les livres respirent. « Elle aimait les livres comme si c’était du monde. » Heureusement pour moi.
Si
je sais que je ne peux pas manger de crème glacée pour dessert, alors je
trouve quelque chose que j’aime et que je peux manger, comme une tarte aux pommes faites maison par ma conjointe Chantal. Il est toujours possible de
trouver de la joie dans la vie, peu importe les difficultés rencontrées . La colite est également associée à des problèmes de mobilité causés par des maladies auto immunes, l'arthrite rhumatoïde et la fibromyalgie , par exemple.
Mon mode de vie a changé à cause de cette maladie, mais on peut préserver notre joie de vivre. Il suffit de savoir prendre ses distances et de ne pas importuner les autres avec nos limites et de ne pas se laisser importuner par les "j'aurais donc dû" . Ainsi, les avancées de chacun autour de moi ne sont pas entravées et me procurent d'autres plaisirs: mes filles peuvent me rapporter leurs expériences de vie et j'en profite pour me réjouir de leur épanouissement.
Changer de trottoir
Je n'hésite plus maintenant à varier mes itinéraires de vie, devant l'impossible compréhension des autres (prends-toi en main !) , je traverse la rue et prend un autre chemin. Dans mon mémoire en théologie , j'avais utilisé la figure emblématique de Moïse pour illustrer le fait que certains parcours, ceux dans le désert par incidence, ne mérite pas toujours qu'on y perde notre temps. Le résultat peut être le même pour qui sait s'éloigner afin de voir la montagne sous un autre angle. Déplacer les montagnes n'aura jamais été aussi simple, au premier abord. Le seul moyen d'endurer tous ces symptômes est de trouver des portes de sortie : menu approprié, repos, lectures, soins personnels, aide et suivi médical ... chaque petites victoires est un pas de plus vers l' acception d'un quotidien perturbé.
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