Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

mardi 6 septembre 2016

Chronique saumon.

Bergeronnes -   René Gagnon -1969

Je suis un saumon. C’est du moins ce que mon père disait. Il avait aussi baptisé une  de mes sœurs « petit ours » parce qu’elle fouillait dans la jarre à biscuits avec avidité...


Je suis un saumon parce que j’aime revenir aux sources. Et aussi parce que je les respecte.


Dans une conversation à bâtons rompus avec une vieille connaissance de la région des Escoumins  – que je ne nommerai pas ici par respect- nous en sommes arrivés à une constatation commune : les « anciens » qui nous visitent pendant la saison estivale ont souvent des commentaires négatifs à  l’égard de leur région d’origine.


Même s’ils ont été élevés dans le même village que ceux qui sont restés, même s’ils partagent la majorité des valeurs reçus pendant  l’enfance , même si ils y reviennent année après année , ils trouvent le moyen de dénigrer leur milieu d’origine. « Moi, je ne reviendrais pas vivre ici ! » 


Jusque là, pas de problème ,c’est un choix bien exprimé. « Je me demande comment vous faites pour vivre ici ? » 


J’ai déjà harangué quelques connaissances à ce sujet , je fus moralisateur à souhait.  Je leur ai  expliqué que Boucar Diouf n’aurait pas été le même s’il n’était pas né au Sénégal, s’il n’avait pas étudié dans le Bas-Saint-Laurent,  s’il n’avait pas animé des jeunes à l’École de la mer de Bergeronnes  , s’il n’avait pas  travaillé dans la métropole… 

Boucar  est un modèle d’intégration  qui n’a surtout pas oublié ses origines, ni les diverses expériences qui l’ont construit. 


Nous pouvons tous - à notre mesure, et selon notre singularité -, nous pouvons tous donc,  devenir des ambassadeurs  au lieu de démolisseurs . Cela ne veut pas dire de taire notre esprit critique, cela ne signifie pas qu’il soit interdit de porter des jugements sur ses origines … Cela veut juste dire qu’on ne peut pas à la fois prétendre avoir la réponse et poser la question ! 


 « Je me demande comment vous faites pour vivre ici ? » Nous nous demandons  la même chose , sauf que nous , on a trouvé la réponse !  


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