Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

mercredi 3 août 2016

Facture et fracture de 1928 !

23 octobre 1928  coll. Famille Alphonse Tremblay



































Quand en  1894,  Hélène Lapointe,18 ans ,  fille de Théophile Lapointe  convole en juste noces avec Louis Brisson (25 ans), fils de Gédéon Brisson  elle est loin de se douter qu'elle sera un jour à la tête d'une entreprise .  Nazarin, le frère d'Hélène était formel sur ce point , sa soeur ne croyait pas perdre son mari si jeune et sans le travail combiné de son fils et de son épouse ,elle aurait failli à la tâche. Et cela même si ma tante Hélène est vaillante comme le sont tous  les Lapointe ! C'est du moins ce que ma mère m'a  rapporté , et elle le tenait de sa tante Rosalie Lessard ...  Louis Brisson , donc, décède prématurément, ce qui fait d'Hélène,  la première  marchande générale du village! Fort  heureusement son fils Edouard s'intéresse aussi à l'affaire et secondera sa mère jusqu'à devenir à son tour maître des lieux. Il sera secondé  par son épouse Clémence Gauthier, efficace partout , de la mercerie à la grocery en passant par l'arrangement des vitrines!


Edouard ,fils d'Hélène Lapointe et Louis Brisson





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L' objet qui m'intéresse ici, est cette facture datée du 23 octobre 1928. Elle est en soi un héritage féministe et communautaire  intéressant puisqu'il y est question du Couvent . En 1928, l'oeuvre des religieuses du Bon-Conseil venues de Chicoutimi à l'initiative du petit curé Louis Mathieu, était plus qu'importante, l'éducation étant entre leurs mains. Elles seront présentes aux TGB jusqu'en  1981, elles y enseigneront, accueilleront des pensionnaires au Pavillon Françoise-Simard , assisteront le personnel laïque du Foyer Mgr Gendron, et ce tout en participant à la vie liturgique de la Paroisse.


 Focus historique  La Commission scolaire de Bergeronnes est née en 1927 et fait face à une population pas toujours intéressée par l'éducation. Ce qui  pour les Bergerronnais d'aujourd'hui , j'en suis persuadé, est une fracture terrible ! Le paradigme selon lequel Bergeronnes a toujours été un milieu où l'éducation trônait au haut de la liste des valeurs est ici un peu malmené! Il ne s'agit pas de la Guerre des éteignoirs de 1846 mais quand même , certaines écoles sont négligées, les taxes tardent à être payées et  des parents retirent des enfants de l'école beaucoup trop tôt.

Ces extraits du livre  La traversée du Saguenay de Denise Robillard :

1928: Grandes-Bergeronnes 

En février 1928, le conseil général avait refusé la demande de la municipalité de Saint-Ambroise en alléguant qu'il lui fallait augmenter"  le personnel de certaines missions où le besoin est urgent". toutefois, deux mois plus tard, il accepte une nouvelle mission sur la Côte-Nord à Grandes-Bergeronnes. La supérieure générale se rend sur place le 27 mai et à la fin du mois d'août , les soeurs de Betsiamistes s'embarquent au quai de Chicoutimi avec les trois soeurs désignées pour la nouvelle fondation. Elle débarquent à Tadoussac où les attend le commissaire Charles Lapointe (le frère d'Hélène)  avec qui elles font le voyage  en auto.

Le lendemain de leur arrivée ,elles rencontrent le curé Louis Mathieu et visitent le jardin et le couvent qu'elles pourront occuper le 15 septembre, dix jours après l'ouverture des classes.La supérieure générale viendra constater sur place leur installation à la fin de septembre. Le 19 octobre, les soeurs font la  connaissance du nouveau curé, Joseph Thibeault, qui présidera cette communauté paroissiale pendant vingt ans. Une séance organisée en mars 1929 pour marquer sa fête patronale permet aux soeurs de recueillir soixante dollars avec lesquels elles se procurent une machine à coudre et d'autres objets utile pour la maison. 

(...)
Le nombre des enfants inscrits dans les quelques classes de Grandes-Bergeronnes de 1930 à 1948 connait une croissance erratique, mais passe de 81 à 160 enfants  dans trois , quatre et six classes.Un nouvel édifice est mis en chantier en septembre 1934,obligeant les soeurs à aménager au presbytère et à enseigner à la salle publique jusqu'au 6 novembre: " Nous avons souffert du froid  à l'église et au presbytère à en être malade (...)"

La bénédiction du nouveau couvent a lieu le 20 octobre 1935 en présence des parents et des bienfaiteurs; le curé en profite pour convaincre les parents de l'importance de l'éducation.(...)Mais l'état de l'édifice n'est pas à la hauteur des ambitions du curé .  De juin 1938 à à juillet 1941 , les soeurs sont retirées de leur poste, le temps d'effecteur des réparations majeures au couvent. (..) 

Pendant ces années-là, des cas de diphtérie, d'oreillon, de scarlatine, de rougeole et de grippe   sont déplorés. Des problèmes d'hygiène et d'alimentation sont décelés dans notre village. Non, la vie n'est pas dans ce passé relativement récent,à l'image des récits de La petite maison dans la prairie ou du feuilleton Anne et la maison aux pignons verts.! La vie est rude et difficile.









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