Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

vendredi 12 août 2016

Deixei mihaterra

Sur son île . 

 J'ai entendu et j'ai écouté. Moi quand quelqu'un part sans avertir, j'ai des larmes. Beaucoup . À renverser les marées. À noyer les baleines. 

J'ai entendu et j'ai écouté . On a tous une histoire de départ précipité à raconter. On a tous un traumatisme  à évacuer. Moi, je pleure. Je sanglote, j'ai la gorge nouée. Un noeud à faire virer le vent, un noeud à m'attacher au tronc d'un arbre , un noeud qui me la  boucle. 


J'ai entendu et j'ai écouté. Elle est venue mourir sur sa naissance. Tout d'un coup . Un coup fatal. Un coup qui fait mal. Un coup comme  un poing au coeur. 


J'ai entendu et j'ai écouté. J'ai perdu le souffle pour ses soeurs , pour ses frères , pour ses enfants, pour ses petits-enfants, pour son amoureux. J'ai perdu le souffle  pour sa famille d'ici et de là-bas. Et je la connais à peine. À  peine mais assez pour entendre et écouter. Des villageois  qui cherchent  une raison.


La raison n'y est pour rien, pas de vérités ni de règles , juste la vie qui continue. C'est assez.


Assez pour me taire et penser à mon père et regarder, à  mon contentement,   mes enfants qui penseront à moi.

Pour la suite du monde, dit-on ici. 











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