Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

jeudi 5 mars 2015

Le docile, l'initiateur, le progressiste et le politicien.

Mon titre est simplificateur. Mais il serait hasardeux de parler de chacun de ces prêtres et de penser tout dire. Si je ne retiens ici qu'une facette de leur personnalité, c'est pour faire oeuvre utile.

Si je tournais  un film, je choisirais le curé Thibeault comme héros. Ce curé était un progresssite. Dans la séquence d'ouverture on l'entendrait dire aux Bergeronnais assemblés pour l'inauguration du Couvent , lequel il avait  fait agrandir pour les Soeurs du Bon-Conseil:

"Un couvent c'est grand, le bienfait de l'éducation est primordiale." Puis, un fils de cultivateur, un grand fouette de six pieds, lui demanderait, un peu gêné : "Primordiale , ça veut dire quoi, monsieur le curé ?! " 
-Que l'école arrive , si j'ose dire, avant l'église.
Tout le monde rirait. Du grand fouette bien entendu mais pas du curé qui vient de gagner leur confiance.
La scène est réelle , elle s'est passée le 20 octobre 1935.

Les scènes de ce type se succéderaient: le curé qui convainc Pagé de venir avec son aéronef desservir  un village isolé pour aider à l'évacuation des malades ou pour transporter des denrées essentielles...Bref, pour que la vie ici  se passe dans la dignité.
-Y'a pas d'aéroport monsieur le curé .
-On va en faire un. On va s'acheter un bulldozer pis on va tracer une piste.
Thibeault voyait loin. Un jour, il dira à un jeune homme d'arrêter de marcher au Catéchisme.
-Tu le sais quasiment tout au complet. Va donc étudier: on a besoin d'un avocat . Apprendre des lois , c'est pas plus compliqué que le Catéchisme!
Ce serait un film extraordinaire. Avec des scènes d'action dans l'avion de Pagé, des scènes spectaculaires d'amerrissage d'urgence  sur le lac Gobeil, des scènes aux émotions très fortes où le curé voit brûler le poulailler coopératif. Stéphane Guignard serait le le curé Joseph Thibeault ou Rodolphe Pagé.
Un rêve.

Si je voulais écrire un roman , je m'inspirerais du curé Louis  Mathieu. Il a été vicaire dans tant de paroisses  du Saguenay et de Charlevoix que chacun de ces déménagements* pourrait faire l'objet d'un chapitre.C'est aux Bergeronnes qu'il aura sa première cure à 39 ans (1921 à 1928). Ce prêtre est un initiateur. Il serait sans doute intéressant de connaître sa pensée pédagogique et de découvrir son point de vue sur les villageois qu'il rencontre sur sa route.Il  a enseigné au Séminaire de Chicoutimi, et de ce fait , il travailla sans relâche pour que des éducateurs se manifestent dans chacune des paroisses où il résida .Il est reconnu pour avoir accueilli trois  religieuses de la Congrégation de Notre-Dame du Bon-Conseil qui s'installèrent aux Bergeronnes. Et ces religieuses on le sait se dévouèrent corps et âmes dans les domaines de la santé et de l'éducation. Le titre du roman: L'étincelle. 

Si je voulais présenter un profil  socio économique des oeuvres éducatives de Bergeronnes du temps où le ministère de l'Éducation s'appelait le Département de l'Instruction publique, je voudrais lire ce qu'en a pensé le curé Desmeules. En bon curé docile, Desmeules acceptait toutes les charges qui lui étaient dévolues ce qui en fit un bon gestionnaire. Le Cardinal Villeneuve, le considérait comme un éducateur zélé et un prêtre docile. Le journal quotidien des écoles étant alors une obligation pour qui les administrait, tout historien devrait  en principe, retrouver des traces de son passage. La Biblothèque des archives nationale du Québec dispose d'une   masse documentaire de plus de 2 300 m de documents textuels, de photographies, de films, de plans et d’archives sonores  pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’éducation, voire à l’évolution culturelle du Québec.Quel bel ouvrage en perspective.


Si j'avais à créer un jeu questionnaire, je me baserais sur la vie du curé Donat Gendron. Son passage aux TGB contient  à lui seul une mine d'informations dont on pourrait disposer pour  nourrir un quiz. Quand Gendron arrive en 1948 , il se consacre à l'éducation. Pour mémoire, en 1946, le Québec ne comptait que 500 bacheliers  francophones , en 1962, 54 % des adultes de plus de 25 ans n'avait pas dépassé la sixième année ! "C'était tout un défi de renverser la vapeur à Montréal ",confiera Jacques Parizeau dans ses mémoires, imaginez sur la Côte-Nord !
Alors, voici ce jeu:

Instruisons avec Gendron . 


1. Par quel fidèle Donat Gendron a-t-il déjà été pris à partie  pendant un sermon ?
2. Quel rôle a joué le curé Gendron dans la construction de l'Académie  Bon-Désir ?
3. Quels sont les pays que ce prêtre a visités?
4. En quelle année, Donat Gendron participe-t-il à l'inauguration du Foyer qui porte son nom ?
5. Quel était le nom de la dame qui fut sa fidèle ménagère pendant 47 ans ?
6. À qui a-t-il vendu sa voiture pour 1 $ ?
7. Quelle fonction occupait-il dans les Forces armées canadiennes?
8. Quel était le nom de son cousin qui était député ?
9. Qui accompagne le curé lors du recrutement de garde Mailloux ?
10. À quel endroit le curé Gendron a-t-il célébré la messe le 4 mars 1973 ?
11.Avec qui le prêtre a-t-il commenté le film sur le centenaire de Bergeronnes ?
12. Quel Cardinal l'a ordonné prêtre?
13. Pourquoi porte-t-il le titre de Monseigneur ?
14. Vrai ou faux , les lettres AMDG moulées dans le bois devant l'église  signifie "À Mgr Donat Gendon."?
15. Quel grand projet le curé Gendron abandonne-t-il pour plaire à l'évêque , lequel pense qu'il en mène trop large dans la région ?
16. Quel projet de  Mgr Gendron  a créé une controverse dans la population dans les années 70 ?

 Le curé Gendron, c'est le politicien . Il l'a avoué plus d' une fois à des intimes: il aimait la politique. . Il en faisait parce que le pouvoir du clergé existait. C'était un curé Labelle pas un curé d'Ars. Et n'oubliez pas que ce curé qui aimait le titre de Monseigneur était un homme de pouvoir qui a eu l'occasion  de voir  le déclin de l'Église politique  et le triomphe de l'État providence: deux postures qu'il pouvait très bien comprendre puisqu'il en fut.

Quand il devait aborder le monde politique, il ne le faisait jamais seul. il savait s'entourer des meilleurs et ne perdait pas pied facilement quand il était question de se battre pour sa population. On pourrait dire qu'il fut un temps comme un mandarin de l'État et que les maires étaient bien contents de pouvoir compter sur ce conseiller. Ce fut vrai au moins pendant 20 ans, puis vinrent les années '70: l'éducation était maintenant une affaire d'état, il en était de même pour les hôpitaux et les les centres d'hébergement, ces secteurs autrefois occupés par les religieux furent  envahis par une horde de  jeunes diplômés , la population  n'avait  plus à compter sur les luttes des curés pour obtenir une infirmière pour tout un village!

Le monde avait  évolué et c'était  tant mieux. Gendron savait plus que tout autre que l'éducation changerait la vie des gens et comme le disait René Lévesque," ça allait vite en maudit", et c'est à cette vitesse que  changea aussi sa vie. La vie d'un prêtre qui avait consacré 30 ans à un village. Désormais, les curés s'occuperaient uniquement de leur paroisse!  Pour Donat Gendron ce dut être  un dur coup, mais , il avait atteint la soixantaine et son oeuvre était derrière lui, remodelée certes, mais toujours présente.

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** Le 15 septembre 1955, Maurice Desmeules est nommé vicaire aux Grandes-Bergeronnes et principal du Collège Dominique-Savio des Bergeronnes; le 10 avril 1957, desservant (vicaire-économe) des Bergeronnes; le 6 juillet 1957, curé des Bergeronnes, en 1968, membre de la Commission diocésaine des constructions, consulteur diocésain et curé de Portneuf.
  Source:Fédération de généalogie


*Arrivée de l'abbé Louis Mathieu nommé à la cure de Saint-Louis de l’Isle-aux-Coudres. Il est le l9e curé de la paroisse depuis 1748. Né à Saint-Jérôme, le 17 avril 1882, fils de Cléophas Mathieu, cultivateur, et d'Anne Néron, ordonné prêtre par Mgr Labrecque, dans l'église de Saint-Dominique de Jonquière, le 26 avril 1914. I1 fit ses études au Séminaire de Chicoutimi. Postes occupés : Professeur au Séminaire de Chicoutimi de 1914 à 1916. Vicaire à Saint-Alphonse-de-Bagotville de 1916 au 15 juin 1918. Vicaire à Normandin, du 15 juin au ler octobre 1918. Vicaire à Notre-Dame-de-Roberval de 1918 à 1921. Curé des Bergeronnes de 1921 à 1928 Curé de Saint-Louis de l'Isle-aux-Coudres de 1928 à août 1932. Curé de Saint-Urbain de 1932 à 1938. L’Orage-Alexis-de-Grande-Baie en 1938 où il a fait restaurer l'église. En 1943, il confia aux Frères de Sainte-Croix l'école des garçons. Source: Le Phare, volume 14 no 2, 2014


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