Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

mercredi 19 mai 2021

Chemin de Damas avec l'abbé Richard Staniforth au volant.

        

Photo tiré de  Prêtre de Service ,
 disponible sur You Tube

J'avais écrit dans un numéro du  Maillon que Dieu  nous avait envoyé un Yvon Deschamps pour dire la messe à l'église paroissiale. C'était presque vrai. Il faut  avoir entendu l'abbé Richard Staniforth pour comprendre toute l'étendue de ses talents de communicateur. 

En ce qui me concerne, Richard Staniforth m'aida à trouver ma voie. C'était au printemps de 1980, le 3 avril,  la date exacte est facile à retenir puisqu'il s'agissait du Jeudi Saint . Je fréquentais alors le collège de Hauterive et il m'arrivait de chercher un pouce pour faire la route jusqu'aux TGB . Ma mère qui était alors marguiller, m'arrangea  le voyage, elle était bien contente que je puisse être présent pour son 51 e anniversaire de naissance . 

Ce fut toute une descente, l'aiguille du compteur ne voyait que rarement le 90,   je dois dire que l'abbé Staniforth connaissait la route par coeur  puisque  depuis le 10 décembre 1978 , il roulait chaque vendredi et lors des temps forts, de Baie-Comeau à Grandes-Bergeronnes. Trajet qu'il fit jusqu' au 29 juin 1980. 

Roulant sur les trois chiffres, on discutait de choses et d'autres. 

Qu'appris-je ce jour sur sa vie ?

L'abbé Staniforth avait été ordonné en 1966 et avait rejoint la Côte-Nord presqu'aussitôt. Et chose assez étonnante , lui qui travaillait pour la Défense nationale avait eu droit à un congé de deux ans pour fréquenter le Séminaire, car personne ne croyait à sa vocation. Tous le revoyaient revenir à son travail sur les radars et la télégraphie.  Même pendant tout son séjour au Petit et au Grand séminaire , on lui déconseilla de continuer , sa vocation prétendaient ses supérieurs, ne semblait pas assez solide...  




La Presse, 18 mai 1966

Pourtant qui donc ayant fréquenté ce prêtre pourrait prétendre ne pas avoir constaté son engagement ? Sa singularité en fera un personnage inoubliable. 



À son arrivée dans la région, l'évêque en poste est Mgr Couturier , sans ambages , le jeune prêtre lui raconte les doutes qui pèsent sur son cheminement et le prélat décide de  lui faire confiance. Destiné à être un prêtre itinérant, le jeune homme se verra confier des tâches variées : pastorale jeunesse, pastorale des vocations, pastorale scolaire...  Il sera appelé à tenir le fort dans les paroisses de toute la région. C'est de cette façon qu'il se retrouve au village , à la Paroisse Bon-Désir, et découvre la vie  Bergeronnaise. 



Est-il pour autant , un prêtre classique ? Pas du tout. Sa force réside dans son accueil et un sens de l'humour particulier. Il a l'art de raconter la vie avec un grand V et aussi celle avec un petit v. Il est vite apprécié par tous les paroissiens même si ses passages au village se font à vitesse grand V. 

Il a aussi le sens de la formule , lors de funérailles célébrées à la suite d'un événement tragique arrivé sur la route de Sacré-Coeur et qui décimera une famille , il trouve les mots justes pour inviter les fidèles  à se recueillir.








Qu'appris-je ce jour sur ma vie ?

Tout au long du parcours entre Hauterive et Forestville, je n'avais pas cessé d'observer le tableau de bord. Il connaissait la route, et il me semble que la route lui rendait bien, malgré l'eau ruisselante sur une chaussée aux ornières prononcées , jamais la voiture ne fut déstabilisée. À mon grand étonnement, le prêtre si pressé d'arriver à Bergeronnes, fit une halte au restaurant Le Forest ! Plus rien ne pressait, il fallait manger. 


Restaurant  Le Forest, propriété de David Berher  - 1980

 Lors du repas, je demande à  Richard Staniforth s'il a toujours trouvé facile de s'exprimer en public . En guise de réponse, il me raconte qu'il est aussi  enseignant . Pendant 18 ans , il enseignera la religion à la polyvalente de Hauterive , lui qui pourtant s'était juré de ne jamais  toucher à cette profession.  Il me précise que les adolescents sont un public extraordinaire qui ne demande qu'à être conquis. 

C'est à ce moment-là que je comprends qu'il me faudra moi aussi trouver mon public. Je me savais alors attiré par les communications mais le domaine était si vaste que je n'arrivais pas à mettre le doigt sur le bouton qui me propulserait dans la vie. 

En sortant du restaurant, alors qu'intérieurement je me demande si l'abbé sera à l'heure pour la cérémonie du Jeudi Saint, le prêtre me regarde et me dit en me voyant regarder ma montre " Tu vas voir, on ne sera par en retard, la messe commence jamais avant que le curé arrive. " 

Et effectivement, la messe débuta à son arrivée. Il me fit servant de messe sans me demander mon avis et je l'assistai, histoire de payer mon passage ! 

Quand je suis devenu enseignant, que j'ai eu trouvé mon public , après avoir comme l'abbé, changer d'orientation par trois fois, j'ai vite compris que ma vie ne pouvait pas comme la messe, commencer sans moi ! 


Quelques faits d'arme de l'abbé Staniforth

2012 -Le Manic


Le Soleil, 30 octobre 1996



Le Soleil, 18 mai 2006


Son travail auprès des vivants à l'heure de notre mort 

Un rapport paru en 2000 où Richard Staniforth se confie au sujet de
son approche "à l'heure de notre mort".  







 








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