Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 29 décembre 2019

Comment Gendron répond au surintendant de l'Instruction publique



24 Juin 1949- L'abbé Gendron  au centre de la photo est flanqué à gauche par son Excellence Mgr Labrie et à droite  par le surintendant  de l'Instruction publique monsieur Omer-Jules Desaulniers. 


S'il est une allocution du curé Gendron dont il faut se rappeler, c'est celle qu'il livra en réponse à un invité d'honneur lors de l'inauguration du couvent en 1949. Sans être impoli, le curé de Bergeronnes est arrivé à définir les limites de l'idéologie défendue par le surintendant qui à l'époque servait de tampon entre le conservatisme du gouvernement Duplessis et la domination du clergé québécois en matière d'éducation.   En de telles occasions, les discours des invités étaient écrits à l'avance , on se basait pour ce faire sur des canevas dont les variations étaient circonstancielles. Le même message positif était donc véhiculé de part et d'autre de la provinces, d'une inauguration d'écoles à une autre minimisant les  risques de dérapage. En effet, selon Martial Dassylva du département d’histoire- UQAM : "  pour les cérémonies d’ouverture de nouvelles écoles, il s’appuie, par exemple, sur un canevas préfabriqué et improvise un laïus où il vante généralement la générosité du gouvernement.(...) Par définition, les interventions publiques du surintendant sont utilisées pour informer, motiver, persuader et, dans une certaine mesure, contrôler.  La culture catholique, Volume 62, numéro 3-4, hiver–printemps 2009. 

Mise en contexte

Pendant la durée de son mandat, de 1948 à 1964, le dernier surintendant de l’Instruction publique, Omer-Jules Desaulniers, s’est, à plusieurs reprises, porté à la défense du système éducatif public et privé du Québec. Il a même qualifié ce système de « parfait » et d’« idéal », voire de « meilleur système au monde ». Pareilles affirmations n’ont pas convaincu, il est vrai, les sceptiques et tous ceux qui, à la fin des années 1940 et au cours des années 1950, estimaient que cet enseignement ne répondait plus adéquatement aux besoins de l’époque, tant sur le plan culturel que sur le plan social, industriel et technologique. - (* Résumé de l'article consulté)-

Lors de son discours,  le surintendant exprime  l'importance de l'éducation et en profite pour lancer un message propre au gouvernement de Duplessis : il ne faut pas trop d'intervention du gouvernement dans le développement de la province de Québec. L'éducation est d'abord la responsabilité de la famille, de la religion et de la communauté. Tel est le message tenu par Desaulniers en 1949: 

"Nous ne voulons pas de l’étatisation de l’enseignement chez nous. À nous,donc, d’agir en conséquence. Incitons tous les contribuables à faire les sacrifices nécessaires, de sorte que l’État n’ait que sa fonction supplétive à remplir.

Nous savons les autorités très bien disposées à aider et nous nous en réjouissons,mais nous souhaitons vivement que les commissions scolaires puissent disposer, un jour, des revenus suffisants pour faire face à toutes leurs obligations."  Discours au congrès des commissions scolaires urbaines, 1949, ASN 2000, F273/D9/1, 2


Vous comprendrez en lisant la réponse du Curé Gendron que l'idéologie défendue par le gouvernement  semblait ne pas convenir à l'idéal des petites paroisses et des petites Commissions scolaires. En cela, Gendron , le politicien, présentait une certaine modernité dans ses idées. Il faudra la fin des années 50 , et la fin du règne duplessiste (1959) pour voir ce genre d'idées progressistes se répandre plus largement.











Tous les extraits sont tirés de L'Action Catholique
livraison du 29 juin 1949.





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