Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

jeudi 28 avril 2016

Du pays Robert Bouchard (TVR7)


Slam:  Du pays  

Ne me parlez plus des mines de la Côte-Nord 
De son vent tiède de juillet
De ses plages froides décalifornisées
De sa mer de Champlain 
De ses paysages rêches
Ne me parlez plus de la terre de Caïn
Ne me dites plus jamais qu’on se développera.

Nous sommes les exploités des exploités
Nous sommes en 1960 en 2000
Nous sommes en perdition
En constante désillusion

Lâchez-moi avec votre camp dans le bois
votre chalet au bord du lac
 vos expéditions naïves
les orignaux que vous abattez
Ce n’est qu’illusion
Et tribut du pauvre

Regardez plutôt les fils, 
Nos eaux harnachées ,
Qui éclairent Montréal
Qui réchauffent Québec
Qui fuient avec les sueurs de nos pères 
Qui passent au–dessus de nos têtes

Nous n’existons nulle part
Nous ne sommes que plans de redressement
Rapports tablettés
Hôtes pour  les soirs d’élection 
dJob de passage : fly in-  fly out !

Parlez-moi des CLSC  sans m.d.
Des patients qui se vident de leur vie
Des usines qui se démantèlent 
Des villages qui se meurent
Des dépanneurs qui vivotent
De notre droit à la culture
De ce que nous ne savons pas lire
De ce que nous ne pouvons pas faire
De ce que les jeunes pensent d’eux-mêmes  
Du trou que nous avons laissé creuser au centre de leur cœur

Ne me parlez plus en mal de ce pays qu’ont habité les miens
De Julien à Barnabé exploités par la Hudson Bay,
De Barnabé à Jean-Charles
Exploités par les Price 
De Jean-Charles à Ovila
Exploités par la Consolitaded Barthurts  
De Madeleine à Robert
Exploités par l’Anglo Canadian Pulp
De Robert à Coralie 
Exploités par la Kruger

Ne me parlez plus de ce pays 
Dans le pays
Laissez-moi crever de souvenirs 
De nostalgies
De rêves inassouvis
Laissez-moi au moins ça!

Laissez-moi avant que ne se ferme l’œil 
De l’homme fatigué
Voir s’écrouler les rêves de René Lévesque
Sous le poids de la nonchalance
De notre négligence 
De notre silence

Nous n’aurons bientôt plus rien
Rien que des patchs subventionnés
Sur nos plaies 
Laissez-moi me cacher , loin
Comme le font nos chiens malades
Pour me soustraire aux regards compatissants 
Des politiciens 
Des poètes
Des opportunistes

Laissez tomber Jos Monferrand
Gommez Jack Monoloy de vos mémoires
Et ouvrez l’œil  comme on a ouvert vos rivières 
Et videz vous le coeur comme on a vidé  vos forêts
Et criez votre rancœur 
Car mon pays ,ce n’est pas mon pays       /
Ce fut trop de fois celui  des autres !

3 commentaires:

  1. Que de vérité, dans tous ces mots.

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  2. Wow! c'est vraiment puissant et remplie de vérité. J'ai bien aimé discuter avec toi tout en faisant tes gouttières, LOL

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