Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 3 avril 2016

Bravo Cyranez de Bergeronnes!

Photo:Patrick Simard , Chic Slameur ,Saguenay 
Cyranez de Bergeronnes en France

Heureux moments pour mon ami Stéfane Guignard.


 Cyranez de Bergeronnes a remporté la deuxième édition du concours SLAM-POÉSIE Québec-France et ira représenter le Québec dans une tournée de performances sur les scènes  françaises en mai prochain. Cette tournée promotionnelle en France est d'une durée d'une semaine. Les slameurs, véritables ambassadeurs de la Belle Province, auront à coeur de promouvoir la diversité de la langue française et de participer au rayonnement de la francophonie.


Cette deuxième édition avait lieu à Saint-Jean sur le Richelieu en ce samedi 2 avril 2016;  plus de 13 slammeurs choisis par le jury ou qualifiés par une association régionale se sont rencontrés et ont livré leur poésie .


 Deux textes ont été défendus par Stef : Je suis un gars de la Côte-Nord et Corde à linges , corde à mots. Le projet Cyranez de Bergeronnes est issue d'une longue collaboration entre Stef et moi . Pour arriver à un slam qui sonne, il faut des oreilles pour écouter, une voix qui porte les mots et parfois des événements qui viennent bousculer nos vies. C'est ainsi que le Slam Corde à linges , corde à mots dédié à ma mère ,Madeleine Sirois , victime de la maladie d'Alzheimer, est ma paye pour avoir appuyé Stef dans son travail de création. Je salue une fois de plus  le talent de cet ambulancier et comédien au grand coeur !  



À  Madeleine Sirois, disparue au bout de sa mémoire
Sur la corde à linge de sa vie
Y’a des gilets coudes à coudes qui ont fait la guerre face à face
Qui ont des trous de balles à la place du coeur
Y’a des bobettes ceintures à ceinture qui ont fait l’amour fesse à fesse
Qui ont passé leur vie sans sortir du garde-robe
Y’a des camisoles sans manches qui ont travaillé même le dimanche
Qui sont grises d’avoir trop fumé, d’avoir trop toussé
Y’a des culottes jambe à jambe qui ont été patinées par le temps     
Qui se sont usées les genoux pour le bon dieu
Y’a des bas en laine d’habitant qui se sont gelés juste pour gagner leur vie
Qui  ont été volé à un mouton pour en habiller un autre !
Y’a des draps blancs , plus blanc que le ciel qui me font signe de pleurer
Comme des grands mouchoirs  évadés de l’asile , du crisse de chsld où toute la corde à linge est
en train de chalouper avec ma mère qui a bâti un pays solide qui lui fait manger du manger mou.

Riez pas tabarnac
Dans le dictionnaire de sa vie y’ont oublié un mot
Pas comme on oublie son lunch sur la table
Pas comme on oublie ses clefs sur le char
Pas comme on oublie la date d’une fête
Pas comme on oublie le nom d’une province
Pas  comme on oublie un numéro de téléphone
Pas comme on oublie une osti de réplique au théâtre
Pas oublier comme ça là !

Mais oublier comme oublier son nom
Y’ont oublié le verbe : « alzheimer » (é)
Comme alzheimer son adresse
Alzheimer son médicament
Alzheimer de mettre le four à off
Alzheimer de jouer de la musique
Alzheimer de manger pour dîner
Alzheimer de s’habiller en hiver
Alzheimer  de compter ,
Alzheimer de lire ,
Alzheimer d’écrire…
Alzheimer mon nom  

Maman, es–tu encore maman ? 
Même l’écho du couloir en face de l’ascenseur est vide.
Alzheimer à quoi ça sert une fourchette, une cuillère pis un couteau.
Pour le couteau, elle savait vraiment plus quoi faire avec 
Pcq elle se l’aurait planté à la bonne place, juste pour sortir de la place,
Pour aller mourir dignement ailleurs comme un goéland au bout de son sang.

Pis un jour, délivrance , son défunt  mari est venu la chercher. 
Ben non calisse : pensez vous que mon père l’aurait laisser sécher
pendant 7 ans , 7 ans ! 7 ans, c’est trop longtemps  sur une corde à linge !

   
Corde à linges , corde à mots , on peut ben tout étendre, on peut ben tout sécher.
Décrochez vot’cœur y commence à être sec en criss!



À  Madeleine Sirois, disparue au bout de sa mémoire
Dans la corde à linge de sa vie
Y’a des gilets coudes à coudes qui ont fait la guerre face à face
Qui ont des trous de balles à la place du coeur
Y’a des bobettes ceintures à ceinture qui ont fait l’amour fesse à fesse
Qui ont passé leur vie sans sortir du garde-robe
Y’a des camisoles sans manches qui ont travaillé même le dimanche
Qui sont grises d’avoir trop fumé, d’avoir trop toussé
Y’a des culottes jambe à jambe qui ont été patinées par le temps     
Qui se sont usées les genoux pour le bon dieu
Y’a des bas en laine d’habitant qui se sont gelés juste pour gagner leur vie
Qui  ont été volé à un mouton pour en habiller un autre !
Y’a des draps blancs , plus blanc que le ciel qui me font signe de pleurer
Comme des grands mouchoirs  évadés de l’asile , du crisse de chsld où toute la corde à linge est
en train de chalouper avec ma mère qui a bâti un pays solide qui lui fait manger du manger mou.

Riez pas tabarnac
Dans le dictionnaire de sa vie y’ont oublié un mot
Pas comme on oublie son lunch sur la table
Pas comme on oublie ses clefs sur le char
Pas comme on oublie la date d’une fête
Pas comme on oublie le nom d’une province
Pas  comme on oublie un numéro de téléphone
Pas comme on oublie une osti de réplique au théâtre
Pas oublier comme ça là !

Mais oublier comme oublier son nom
Y’ont oublié le verbe : « alzheimer » (é)
Comme alzheimer son adresse
Alzheimer son médicament
Alzheimer de mettre le four à off
Alzheimer de jouer de la musique
Alzheimer de manger pour dîner
Alzheimer de s’habiller en hiver
Alzheimer  de compter ,
Alzheimer de lire ,
Alzheimer d’écrire…
Alzheimer mon nom  

Maman, es–tu encore maman ? 
Même l’écho du couloir en face de l’ascenseur est vide.
Alzheimer à quoi ça sert une fourchette, une cuillère pis un couteau.
Pour le couteau, elle savait vraiment plus quoi faire avec 
Pcq elle se l’aurait planté à la bonne place, juste pour sortir de la place,
Pour aller mourir dignement ailleurs comme un goéland au bout de son sang.

Pis un jour, délivrance , son défunt  mari est venu la chercher. 
Ben non calisse : pensez vous que mon père l’aurait laisser sécher
pendant 7 ans , 7 ans ! 7 ans, c’est trop longtemps  sur une corde à linge !

   
Corde à linges , corde à mots , on peut ben tout étendre, on peut ben tout sécher.
Décrochez vot’cœur y commence à être sec en criss!

Je suis un gars de la Côte-Nord

Entendre la performance en   France 
À mon ami, mon frère , Robert

Je suis un gars de la Côte-Nord et j’ai de l’eau salée 

Qui me sort des pores  ,qui me  fait m’envaguer 

Le matin ma vie coule, elle le fait d’est en ouest 

Le soir venu  la lune s’écroule, elle  s’ endort  et sa lumière reste 

Elle dessine sur l’eau , des images qui brillent

Et mon destin en photo, sur mes yeux se pupille !

Le bleu du fleuve  sans le vent se détend 

À l’oreille,  il me souffle  et c’est elle que j’entends

Cette fille  toute coquille  qui me quille jusqu’au quai 

Parce qu’elle  souhaite sans cesse m’enlacer 

Au nigger head  de son cœur 

Sur la terre ferme de ses ardeurs 

Je ne peux répondre à son chant fol

Je suis  le Marius de Pagnol,

L’Ulysse d’Homère , 

Capitaine,je t’Hacab 

Voilà , je te perd

Je pars en Colomb

Vers d’autres horizons, Je sais je Cabotine,

Je joue sur les Némo et me voilà perdu dans l’écume des Moby Dick

Et je pars et puis le vent me dit : Foc.

J'ai épongé son oeil

Mouillé mes draps d'envie

Ramasser son corps d'écueil

Qui traînait au lit

L'ai prise dans ma gueule

Comme un petit tas de

L'ai renvoyé au fleuve

En croyant que quelqu'un

L'enterrera

Des baisers

dont je ne L'aurai honoré

En ce doux été  



d'un solstice de juin.



5 commentaires:

  1. J'aime beaucoup, mais j'ai dû relire plusieurs fois pour comprendre!!! Je ne suis pas poète mais dans l'âme OUI!!!

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  2. J'aime beaucoup, mais j'ai dû relire plusieurs fois pour comprendre!!! Je ne suis pas poète mais dans l'âme OUI!!!

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  3. J'aime beaucoup, mais j'ai dû relire plusieurs fois pour comprendre "le gars de la côte Nord!"Je ne suis pas poète mais dans mon cœur OUI!!!

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  4. J'ai perdu la mémoire!

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  5. Tellement beau tous ces mots Mr Stephane .Merci !

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