Un homme marche.
Le dernier. Les autres sont disparus. Il s’est levé et a pu se rendre compte qu’il
était seul. La banque n’est pas ouverte, la lumière verte à l’intérieur est
éteinte. Le centre des loisirs est désert. L’église n’a plus de portes. Pour y
entrer, il faudrait qu’il grimpe sur la toiture et qu’il marche sur l’arête jusqu’au
clocher.
Impossible!
Un homme
marche. Ses pas le mèneront à l’épicerie. C’est ouvert. Le caissier lui explique
que rien ne lui sert de courir là ou encore là. Puisque plus rien ne bouge, il a tout son temps !
Un autre
client, un vieillard aux lunettes en corne noire , lui raconte que tout n’est pas disparu du jour au
lendemain. Un dimanche, il y avait une personne ou deux de moins au temple. Une
autre fois, ce fut quatre. C’était presque
imperceptible mais lui, le vieux, il avait eu tout son temps pour observer et faire le compte.
Il constata
le même phénomène au centre civique. Et à la banque, on se réjouissait de ne
plus avoir à faire la file. « Bientôt, dit-il, je savais que je pourrais
avoir l’aréna pour moi seul. Mais, on ferma la glace du centre avant que
ce jour n’arrive. »
Ce que le vieux trouvait bizarre, c’est que parfois ,des citoyens se plaignaient de ne pouvoir utiliser tous ces services quand bon leur semblait. Une ou deux fois par année, un souffle de colère traversait le village , mais ça ne durait pas, même la colère n'arrivait pas à survivre dans le village.
Un homme
marche. Le dernier. Les autres ont disparus avalés par la colère qui fut elle-même avalée par l'apathie.
L’homme qui
marche se dit qu’un jour, un autre marchera avec lui, et qu’à ce moment-là, ils
pourront ensemble, voir ce qu’il y aurait à faire de nouveau avec toutes ces portes
barrées et ces lumières éteintes .
Deux hommes marchent. Le vieillard aux lunettes aux montures de corne a décidé qu'il pouvait marcher encore un peu.
Et leurs pas faits ensemble furent le début de l’avenir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire