Instant de vie chez les Bouchard

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Claude Mattheau, 2014

jeudi 8 décembre 2022

Architecture de l'église de Bergeronnes

 


Texte de vulgarisation 

Les plans de l'église de Bergeronnes ont été conçus par l'architecte Joseph-Pierre Ouellet (1871-1959). Il vaut la peine de regarder de plus près le travail effectué en 1903 et 1904 pour bien en saisir toutes les caractéristiques . 

    L’église actuelle a été érigée de 1914 à 1916 selon les plans de l’architecte  par les entrepreneurs Joseph-Hubert Morin et Joseph Saint-Hilaire au coût de 28 000 $. Elle est construite entièrement en bois et a été quelque peu  modifiée à l'intérieur depuis son érection. 

    Quelques changements 

    En 1949, on procède à la construction de la tribune arrière. En 1974 , l'église devient un centre communautaire. Des portes sont déplacés, les bancs enlevés et remplacés par des chaises. Du tapis recouvre désormais les allées de droite et de gauche.  


LA FIN D'UNE ÉPOQUE 

Il est mentionné dans le livre intitulé La fin d'une époque: Pierre-Joseph Ouellet , architecte que ce dernier est influencé par des courants américains et européens. Retenons d'abord que le faste hérité des ouvrages européen et le caractère monumental des constructions américaines  influencent toute l'architecture du début des années 1900. Les milieux où oeuvre l'architecte  Ouellet sont souvent très conservateurs et ne sont pas en phase avec la révolution industrielle qui tend à prioriser l'utilisation de l'acier et du béton pour ériger de nouvelles constructions. 



Aux Bergeronnes et à Sacré-Coeur, Pierre Ouellet , originaire de Saint-Fidèle , sera tenté par des innovations structurales. Même s'il privilégie une élévation de façade très classique , il accentue la tour centrale qui se dégage au dessus du pignon , par des fenêtres allongées . En 1904 ,il tente le coup à Ste-Méthode et reprend ce plan en 1912 à Bergeronnes. Cette reprise n'est pas une copie de sa propre oeuvre mais bien un avancement vers un style plus prononcé. 


Église de Sainte-Méthode (1903)

Le clocher est de type fronton complet  L'entablement à la hauteur du triangle de la toiture  supporte le clocher . Ce type de clocher est présent tant à Sacré-Coeur qu'à Bergeronnes.



Encore une fois, il s'agit d'allonger les lignes verticales. La flèche  de forme pyramidale accentue cette élévation .


Sacré-Coeur ,1908

Le plan de base de Saint-Méthode est refait pour Bergeronnes. J'ai pris la liberté d'en spécifier les principales composantes . 



À gauche plan original , à droite plan modifié par l'auteur pour fin de comparaison 

« Le chevet, composé d’un choeur de deux travées et d’une abside à trois pans égaux est greffé à un édifice rectangulaire de forme allongée. La tour unique fait une avancée en façade et le chœur est pourvu de deux sorties qui donnent accès à la sacristie. Pour assurer ce passage direct, Joseph-Pierre Ouellet utilise les deux espaces en forme de triangle libérés par les pans inclinés. Ces réduits donnent accès à la sacristie construite dans le prolongement du chœur. À Pointe-au-Pic, en 1917, il utilise le même procédé, cette fois sans édifier une sacristie à l’extérieur. »

 -Luc Noppen , architecte et historien de l'art in Noppen, Luc, Claude Thibault, Pierre Filteau. La fin d’une époque. Joseph-Pierre Ouellet architecte. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1973. 139 p.
 



On remarque que vu de l'arrière l'église de Bergeronnes se termine par un chevet qui se décline en trois pans  , ce qui n'est pas le cas de Sainte-Méthode . Le déambulatoire de l'église Notre-Dame de Bon-Désir compose toute la partie arrière (chevet) . Le hall est percé seulement au centre . Les portes menant du choeur au déambulatoire  qui n'existent plus aujourd'hui, sont placées en angle par rapport au rond-point plutôt que sur la ligne du mur latéral .  La voûte se poursuit jusqu’au niveau du chœur adoptant cette fois la forme d’un demi-cercle, surmontée d’une colombe au-dessus de l’autel central. 

1954 , Carpentier (BANQ)

Les portes menant au déambulatoire et de là, à la sacristie étaient toujours en place en 1954. Les bas-côtés reprennent des éléments de l’élévation centrale.




Le plan de Bergeronnes comporte quelques particularités , mais est très ressemblant à celui de Sacré-Coeur. On peut parler sur le strict plan architectural, d'églises jumelles. 





On rapporte également dans cette étude du travail de Ouellet, le fait que l'église de Bergeronnes a échappé à une organisation complexe de l'espace qui avait cours à la fin du XIX e siécle et qui préconisait de  répéter les ornementations dans toutes les structures.


ibid p. 58


L'architecte Ouellet choisit d'épurer ses plans. L'église Notre-Dame de Bon-Désir est tributaire de ce changement. On retrouve donc  une nef centrale aux travées symétriques et l'entablement est épaissi. La nef centrale ne s'intègre pas au choeur. On peut voir sur la photographie ci-bas,  l'asymétrie des travées qui s'élèvent au dessus du choeur , toutefois les  trois pans qui protègent le déambulatoire sont associés à trois pans verticaux qui séparent de façon symétrique la niche semi-circulaire (abside) . 

Patrimoine culturel du Québec 
La voûte se poursuit jusqu’au niveau du chœur adoptant cette fois la forme d’un demi-cercle, surmontée d’une colombe au-dessus de l’autel central.



La tribune à deux paliers sert dans certaines églises à dissimuler la sacristie (appelé sacristie basse) qui se retrouve alors au sol et est reliée par un escalier au choeur. L'église de Bergeronnes échappe à cette tendance grâce à une coupe qui permet de placer au même niveau les deux espaces. Le déplacement  des portes situées aux  pans arrières a eu comme conséquence d'annuler cet avantage. Un escalier relie maintenant ,contre toute logique architecturale , la sacristie au premier niveau de la tribune. Toutefois la rotonde , qui en fait n'est qu'un lieu-dit ,puisque l'église Notre-Dame de Bon-Désir  n'en présente pas véritablement les caractéristiques , profite de cette double tribune qui a dégagé le chevet et créé un espace convivial qui a beaucoup évolué selon les besoins religieux et profanes des communautés limitrophes.

Il est à noter que seule l'église de Pointe-au-Pic (construite en 1917 et révisée en 1936 par Ouellet)  a conservé toute son intégrité architecturale.  Serge Gauthier, historien émérite, rapporte que cette église pourrait vraisemblablement devenir un musée témoignant de l'immense oeuvre architecturale de Ouellet  qui est originaire de Charlevoix.

Photo Pierre Rochette, Charlevoix d'est en ouest


Chevet 
(photo : Patrimoine culturel du Québec)

1 commentaire:

  1. Très intéressant. Merci Robert de nous faire découvrir l’architecture de notre église et son architecte.

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