Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 27 septembre 2015

Grand slam , grosse rame, à 2:11:39



Cyranez de Bergeronnes est un personnage extraordinaire. Il est né d'une vieille amitié . Très vieille, plus vieille encore que les années qui en bordent  le début et la fin . Dirons-nous éternelle amitié ? Oserons-nous défier les dieux et voir se perpétuer le mythe de Sisyphe , lequel mythe n'a besoin de personne pour toucher l'éternité.


Cyranez de Bergeronnes est un homme heureux. Heureux comme peut l'être celui qui pousse sur une roche qui ne cesse de revenir à son point de départ. Heureux comme l'homme qui manipule les mots et qui se rend compte du peu qu'il utilise et de toutes les possibilités qui s'offrent à sa plume et à ses dires.! Un travail sans cesse à refaire. à refaire  parce que pas un système n'épuisera le monde. Parce que pas une combinaison de son ne réduira le spectre des sons audibles à l'oreille de celui qui ne regarde plus. Parce qu'il faut parler . Parce qu'il faut vivre. Et parce que ce que l'on dit est entendu dans tous les sens .

Parle donc, Camus :

"Je laisse Sisyphe au bas de, la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux."

Fardeau des temps modernes, dire avec des mots, l'indicible.

Longue vie à Cyranez de Bergeronnes , ce vocable né pour unir ,et qui  devrait s'anéantir  avec le premier qui trépassera. À moins que les dieux ...



Corde à linges  corde à mots , on peut ben tout étendre, on peut ben tout sécher.

Dans la corde à linge de sa vie
Y’a des gilets coudes à coudes qui ont fait la guerre face à face
Qui ont des trous de balles à la place du coeur
Y’a des bobettes ceintures à ceinture qui ont fait l’amour fesse à fesse
Qui ont passé leur vie sans sortir du garde-robe
Y’a des camisoles sans manches qui ont travaillé même le dimanche
Qui sont grises d’avoir trop fumé, d’avoir trop toussé
Y’a des culottes jambe à jambe qui ont été patiné par le temps    
Qui se sont usé les genoux pour le bon dieu
Y’a des bas en laine d’habitant qui se sont gelés juste pour gagner leur vie
Qui  ont été volé à un mouton pour en habiller un autre !
Y’a des draps blancs , plus blanc que le ciel qui me font signe de pleurer
Comme des grands mouchoirs  évadés de l’asile , du crisse de chsld où toute la corde à linge est
en train de chalouper avec ma mère qui a bâti un pays solide qui lui fait manger du manger mou.

Riez pas tabarnac
Dans le dictionnaire de sa vie y’ont oublié un mot
Pas comme on oublie son lunch sur la table
Pas comme on oublie ses clefs sur le char
Pas comme on oublie la date d’une fête
Pas comme on oublie le nom d’une province
Pas  comme on oublie un numéro de téléphone
Pas comme on oublie une osti de réplique au théâtre
Pas oublier comme ça là !

Mais oublier comme oublier son nom
Y’ont oublier le verbe : « alzheimer » (é)
Comme alzheimer son adresse
Alzheimer son médicament
Alzheimer de mettre le four à off
Alzheimer de jouer de la musique
Alzheimer de manger pour dîner
Alzheimer de s’habiller en hiver
Alzheimer  de compter ,
Alzheimer de lire ,
Alzheimer d’écrire…
Alzheimer mon nom

Maman, es–tu encore maman ?
Même l’écho du couloir en face de l’ascenseur est vide.
Alzheimer à quoi ça sert une fourchette, une cuillère pis un couteau.
Pour le couteau, elle savait vraiment plus quoi faire avec
Pcq elle se l’aurait planté à la bonne place, juste pour sortir de la place,
Pour aller mourir dignement ailleurs comme un goéland au bout de son sang.

Pis un jour, délivrance , son défunt  mari est venu la chercher.
Ben non calisse : pensez vous que mon père l’aurait laisser sécher
pendant 7 ans , 7 ans ! 7 ans, c’est trop longtemps  sur une corde à linge !

   
Corde à linges , corde à mots , on peut ben tout étendre, on peut ben tout sécher.
Décrochez vot’cœur y commence à être sec en criss!



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire