Prologue
Si vous n'avez pas connu Dollard Gillbert , n'avez pas jasé avec Pruno, ne vous êtes pas caltaillé avec cet homme fort ,c'est que vous avez quitté Bergeronnes et que son garage appartenait encore à Laurent Brisson et qu'on y vendait des Ford ! Ou vous étiez mort au moment de sa naissance en 1936.
Première histoire de Pruno
Pruno est un Bergeronnais spécial pour moi. Je l'ai connu alors que j'étais tout jeune. Forcément puisque je connaissais ses fils , Miquette, Saucisse et Richard ! C'était les trois premiers ; Criquette,Gino et Luc vinrent par la suite ... Je les appelle ici par leur surnom comme si cela était tout à fait naturel ! Ce l'était , mais ma mère n'aimait pas beaucoup que Fancis, Michel ou Éric soient ainsi nommés. Mais elle ne se gênait pas , elle, pour dire monsieur Pruno ! Mais je dois avouer qu'elle le disait avec beaucoup de respect. Et ce parce que Pruno était un coeur d'or . Je fais une courte liste :
Quand le hockey mineur ramassait des bouteilles , Pruno était le plus grand donateur.
Quand le camionneur de de la Laiterie Notre-Dame de Trois-Pistoles , Monsieur Romuald Larivée, décidait de rester une soirée de plus à Bergeronnes pour voir une game des Noir et Or, c'était Pruno qui offrait le gîte à son camion dans son garage pour éviter que le lait ne gèle ! Le premier bed and breakfast du village !
Quand mon père est décédé , Pruno a eu beaucoup de peine. Il aimait bien "Vila" , même si celui-ci achetait du Dodge! Reste que ma mère avait droit à chaque printemps à ses truites, gracieuseté de Pruno ! Une couronne de fleurs qui faisait chaud au coeur de Madeleine.
Quand il s'agissait d'accueillir, Dollard et Jeanne n'hésitaient pas . Ainsi Madeleine Lessard, Marlène et Monique Gagné , ont pu profiter de la vie bergeronnaise dans une famille hospitalière.
Dans les années 60 quand Garde Mailloux avait besoin d'aide pour intervenir auprès d'un accidenté, Pruno y était ! Si vous n'avez pas lu le livre Rita Mailloux ,infirmière de colonie,de Claire Andrée Leclerc, vous ne connaissez pas la grandeur d'âme de Dollard et son humilité devant les actes qu'il a posés avec beaucoup de sang-foid. Un extrait :
Deuxième histoire de Pruno
Un jour, je devais avoir 14 ou 15 ans : Pruno engage à peu près tous les flos du voisinage pour asphalter le devant de son garage. Ingénieux, il s'était fabriqué un brûleur à l'huile et réutilisait la vieil alsphalte que la pelle mécanique d'Arthur Simard avait arraché en creusant dans le village afin de refaire l'aqueduc.
Et avec Pruno, je vous jure , qu'on ne chômait pas . "Raidissez vous les poignets ,les flos ! " disait-il (assaisonné de deux ou trois ...prières) pour nous encourager à aller à la même cadence que lui. Pruno alimentait la tub, poussait la brouette, donnait un coup de râteau de temps à autres et dirigeait le rouleau à bras emprunté chez Welleston. Nous on faisait le reste, quand il nous en donnait le temps!
Le lendemain, jour de paye, je me rends chez Pruno. Cet argent serait vite dépensé, puisque avec mes chums l'Oignon (Germain Gagnon )et Bardarot (Dominique Bouchard), on prendrait la direction des Escoumins pour participer à une soirée , jouer au pool et à la machine à boules ! Des jeux qui ne sont plus à la mode ! Par contre mes jeans à pattes éléphant sont de retour en 2015! Je les portais donc avec fierté. Un jeans délavé ,très pâle, les ancêtres des jeans troués! En arrivant au garage , je me dirige vers le bureau de madame Jeanne (Gagné) , c'est elle le banquier! Elle me donne mon argent et Pruno arrive ! "T'es chic à soir ..."aboit-il, taquin ! Et il me prends à bras le corps et réussit à graisser mes jeans ! Son chien Tico est mort de rire , mais madame Jeanne prend ma défense : "Voyons Pruno..." Mais moi je ris ! Je ris parce que je me trouve tout à fait imbécile ! J'aurais dû y penser !
Troisième histoires de Pruno
Un jour , monsieur Imbeault, propriétaire des autobus scolaires , fait face à un problème important: l'indiscipline des élèves lors du transport entre Les Bergeronne et Les Escoumins. Disons que certains élèves en mènent large , ils dérangent le conducteur, ils se déplacent d'un banc à l'autre , se lèvent debout et entonnent la fameuse chanson : "Conducteur, conducteur, pesez donc sur le gaz , pesez donc sur le gaz , ça marche pas , ca marche pas ! " Sympathique ? Pas quand 40 jeunes l'entonnent dans un espace somme toute réduit ! Il fallait un remède de cheval. Surprise , alors que nous attendions l'autobus comme chaque midi devant la maison de monsieur Victor Desbiens , Jean-Francois Bouchard, Denis Brassard , Dominique Bouchard , Jacques Saint-Laurent et moi avons été saisis : Pruno était au volant du vieil International jaune ! Le party venait de prendre fin. Dollard Gilbert avait ce qu'il est convenu d'appeler une discipline naturelle. Il faut dire que les prouesses de Pruno contre les lutteurs qui s'arrêtaient au Centre Civique lors des tournées de la lutte Grand Prix , nous avaient fortement impressionnés ! Et personne dans l'autobus ne se prenait pour les Poudrés d'Hollywood!
Épilogue
Bref, pour les enfants du crain *, ce monsieur était un des personnages colorés de notre enfance. Quand nous arrivions de l'école, les grosses portes bleues du garage étaient la plupart du temps ouvertes et rien ne nous empêchait d'entrer au paradis de l'huile et du gaz où sous l'oeil bienveillant de madame Jeanne, nous pouvions rêver en regardant les motos ...
Le secteur où j'habitais était extraordinaire: garde Mailloux, Pruno, Marc Tremblay et ses pétards, Monsieur Raymond, le casse-croûte et ses machines à boules... Quel univers extraordinaire pour grandir et si on tient compte du cimetière, ce fut aussi , pour Dollard et les autres , un bel endroit pour reposer en paix. Tout ça dans moins d'un kilomètre carré.
* Le cran : c'est ainsi que l'on nommait ce secteur du village. (Source : Jean-Marc L:apointe , qui me disait vers 1991 , à mon arrivée à Forestville: "Vous étiez tough le monde sur le crain, vous étiez habitués aux vents!" - Et oui !
Si vous n'avez pas connu Dollard Gillbert , n'avez pas jasé avec Pruno, ne vous êtes pas caltaillé avec cet homme fort ,c'est que vous avez quitté Bergeronnes et que son garage appartenait encore à Laurent Brisson et qu'on y vendait des Ford ! Ou vous étiez mort au moment de sa naissance en 1936.
Première histoire de Pruno
Pruno est un Bergeronnais spécial pour moi. Je l'ai connu alors que j'étais tout jeune. Forcément puisque je connaissais ses fils , Miquette, Saucisse et Richard ! C'était les trois premiers ; Criquette,Gino et Luc vinrent par la suite ... Je les appelle ici par leur surnom comme si cela était tout à fait naturel ! Ce l'était , mais ma mère n'aimait pas beaucoup que Fancis, Michel ou Éric soient ainsi nommés. Mais elle ne se gênait pas , elle, pour dire monsieur Pruno ! Mais je dois avouer qu'elle le disait avec beaucoup de respect. Et ce parce que Pruno était un coeur d'or . Je fais une courte liste :
Quand le hockey mineur ramassait des bouteilles , Pruno était le plus grand donateur.
Quand le camionneur de de la Laiterie Notre-Dame de Trois-Pistoles , Monsieur Romuald Larivée, décidait de rester une soirée de plus à Bergeronnes pour voir une game des Noir et Or, c'était Pruno qui offrait le gîte à son camion dans son garage pour éviter que le lait ne gèle ! Le premier bed and breakfast du village !
Quand mon père est décédé , Pruno a eu beaucoup de peine. Il aimait bien "Vila" , même si celui-ci achetait du Dodge! Reste que ma mère avait droit à chaque printemps à ses truites, gracieuseté de Pruno ! Une couronne de fleurs qui faisait chaud au coeur de Madeleine.
Quand il s'agissait d'accueillir, Dollard et Jeanne n'hésitaient pas . Ainsi Madeleine Lessard, Marlène et Monique Gagné , ont pu profiter de la vie bergeronnaise dans une famille hospitalière.
Dans les années 60 quand Garde Mailloux avait besoin d'aide pour intervenir auprès d'un accidenté, Pruno y était ! Si vous n'avez pas lu le livre Rita Mailloux ,infirmière de colonie,de Claire Andrée Leclerc, vous ne connaissez pas la grandeur d'âme de Dollard et son humilité devant les actes qu'il a posés avec beaucoup de sang-foid. Un extrait :
Monsieur Dollard Gilbert est souvent impliqué dans l’aide à apporter aux accidentés : il a une remorqueuse et c’est lui qui s’occupe de libérer les blessés des autos vu que les pinces de désincarcération n’existent pas encore, du moins dans la région. Il travaille souvent de concert avec garde Mailloux et il a beaucoup d’admiration pour sa compétence et son attitude sur les lieux d’un accident. Il est volubile quand il s’agit de raconter les exploits de la garde (...)
Deuxième histoire de Pruno
Un jour, je devais avoir 14 ou 15 ans : Pruno engage à peu près tous les flos du voisinage pour asphalter le devant de son garage. Ingénieux, il s'était fabriqué un brûleur à l'huile et réutilisait la vieil alsphalte que la pelle mécanique d'Arthur Simard avait arraché en creusant dans le village afin de refaire l'aqueduc.
Et avec Pruno, je vous jure , qu'on ne chômait pas . "Raidissez vous les poignets ,les flos ! " disait-il (assaisonné de deux ou trois ...prières) pour nous encourager à aller à la même cadence que lui. Pruno alimentait la tub, poussait la brouette, donnait un coup de râteau de temps à autres et dirigeait le rouleau à bras emprunté chez Welleston. Nous on faisait le reste, quand il nous en donnait le temps!

Troisième histoires de Pruno

Mai 1979, Journal Le Plein-Jour |
Bref, pour les enfants du crain *, ce monsieur était un des personnages colorés de notre enfance. Quand nous arrivions de l'école, les grosses portes bleues du garage étaient la plupart du temps ouvertes et rien ne nous empêchait d'entrer au paradis de l'huile et du gaz où sous l'oeil bienveillant de madame Jeanne, nous pouvions rêver en regardant les motos ...
Le secteur où j'habitais était extraordinaire: garde Mailloux, Pruno, Marc Tremblay et ses pétards, Monsieur Raymond, le casse-croûte et ses machines à boules... Quel univers extraordinaire pour grandir et si on tient compte du cimetière, ce fut aussi , pour Dollard et les autres , un bel endroit pour reposer en paix. Tout ça dans moins d'un kilomètre carré.
* Le cran : c'est ainsi que l'on nommait ce secteur du village. (Source : Jean-Marc L:apointe , qui me disait vers 1991 , à mon arrivée à Forestville: "Vous étiez tough le monde sur le crain, vous étiez habitués aux vents!" - Et oui !