1980: s'opposent l'envie de faire et l'envie de garder ses acquis. |
"C’est pour contrer ce silence que mon père s’est abonné au journal Le Jour. René Lévesque va y écrire des chroniques, Ovila n’est pas très instruit , mais il sait que le Québec change et il ne veut rien manquer. Surtout, il veut comprendre. Quand il s’assied après souper dans sa chaise de cuir orangé, qu’il s’allume une cigarette et se plonge dans les pensées de René, je voudrais interrompre sa lecture et lui confier mon désarroi. Je me demande si mon père comprendrait qu’à onze ans déjà, je puisse m’inquiéter de mon avenir. Au lieu de cela, j’observe la fumée de sa du Maurier qui décrit des circonvolutions avant de se perdre sous l’abat-jour jauni du salon. Si le Québec change, est ce que je ne pourrais pas moi aussi changer avec lui ? René est très fort : mon père laisse sa cigarette griller, il est ailleurs, en pleine révolution et il essaie de comprendre; déjà je savais que génétiquement parlant, ma curiosité intellectuelle venait de mon père. Dans sa réflexion, il partage sans le savoir, mes inquiétudes, sauf que lui, il a déjà sept enfants à charge, trois qui terminent leurs études, et que ses pensées comme la fumée de sa cigarette sont fugitives car il ne peut se payer le luxe d’intellectualiser la vie. Il a les deux pieds dedans, la révolution. Ses enfants seront plus instruits que lui, mieux éduqués, plus ouverts au monde, mais seront-ils pour autant plus heureux ? "
Mon père croyait à un pays. Pas à un pays confortable qui se fait sans heurts et sans souffrances. Un pays où on met l'épaule à la roue, un pays sans filet , pas le pays waltdisneyiser que nous présente depuis deux décennies les leaders souverainistes ... C'est pourquoi j'écris parfois des lettres au quotidien Le Soleil...J'écris avant que le papier disparaisse, avant que la pensée ne fout le camp dans un tweet de 100 mots et que les spotted et les sondages ne tiennent lieu de programme politique. J'écris avant qu'on oublie que René Lévesque était un démocrate avant d'être un séparatiste à tout prix . De voir Landry tourner aurour de PKP comme un corbeau autour d'un poteau, me désole.
«INDOCTI DISCANT ET AMENT MEMINISSE PERITI»Que les ignares s'instruisent et que ceux qui savent, se souviennent
20 aout 2015 , Le Soleil. |
Il n'y a pas de pays autre que celui de ceux qui y vivent, et ceux qui y vivent ne sont pas ceux qui s'en servent, qui l'utilise comme on utilise un slogan de bière. Avec un slogan de bière, soit-il présenté à la sauce hollywoodienne, on ne vend que de la bière !
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