Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

lundi 27 mars 2023

Partie de hockey à Bon-Désir * Texte: Renée Lessard

Je suis retournée dans les bras de la nostalgie. Une simple image a fait naître en moi quelque chose qui s'apparente à un serrement de coeur. Obnubilée par cette image, je dus me rendre à l'évidence, je me devais d'écrire l'histoire de ces enfants. Turbulents ou sages. Un peu rebelles ou obéissants. Tous cependant, avaient un point en commun. Celui de faire partie de cette petite communauté appelée Bon-Désir.


Un univers en soi. En réalité, quelques maison le long de la route principale. Et pourtant...

ET C'EST LE BUT!  On entendait la voix imaginaire du commentateur qui décrivait ce match enlevant. Quelle passion dans la voix de mon petit frère ! Mon frère Yvan et son meilleur copain de l'époque, Dany Lessard. Un petit cousin faisant partie de notre fratrie, comme nous, nous faisions partie de celle des Ti-Dollar. Nom qui a fait époque. 

Comme tous les jeunes des années 70 et 80, Yvan et Dany  vouaient au hockey une passion démesurée. Tous les soirs, tout l'hiver durant, sous l'éclairage des tinques à gaz et de l'enseigne de la pétrolière Esso, les deux amis se distribuaient les rôles du gardien et du joueur. Changeant d'identités, ils devenaient  selon l'humeur du moment, Doug Wikenheiser, Guy Lafleur, Yvan Cournoyer ou Ken Dryden. 

Quand mes cousines ou mes amies étaient présentes, les garçons nous invitaient à participer à leur game. Pas facile pour les filles, nous n'avions que notre détermination et notre orgueil pour palier à notre inexpérience .  L'ardeur que nous mettions à compter un but ne fut pas récompensée. Juste une fois ! Au moins ...Et bien non, de toutes les parties que nous avions disputées contre les gars, aucune ne fut LA partie. 

Pour nous tous, par contre, un souvenir indélébile: des enfants joyeux et libres, des fillettes  déterminées qui s'accrochent malgré le peu de résultats. 

Les joueurs du CH étaient nos idoles. On les regardaient gagner à la télé, c'était l'âge d'or du club. Je ne pouvais m'imaginer que cela finirait un jour. Mes idoles ne pouvaient être que des champions à vie. Heureusement , tout passe.  Malgré la réalité, les rêves des fillettes seront toujours aussi grands que ceux des gars. L'enfance ne nous quitte pas, elle vit au fond de nous. Une image issue du passé et elle sort de l'ombre. Refont surface , la naïveté, la fougue, des images de rêve. Une simple partie de hockey de rue, -rien d'exceptionnel peut-être-, a semé dans ma tête une quantité innombrable de moments que je chérirai jusqu'à ma mort. 

En regardant une image, je suis tombée KO, uppercut au coeur ! Je suis tombée. Sur le chemin des souvenirs, je me suis égarée, et pendant un instant, j'ai voulu y rester. Puisque tout le monde a le droit de jouer au hockey, je reviendrai  pour compter le but des filles.

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