Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 5 novembre 2017

Comment l'amour vint à Gérard Lessard à Joseph

Gérard Lessard et Marie-Mance Champagne
Le mot " représailles" et le petit r roulé   lancés par madame  Gérard Lessard , m'avaient vraiment impressionné. J'avais la certitude  d'avoir entendu une langue étrangère s'élever au-dessus de tous les babillages prononcés autour de la table de cuisine. C'était vers 1971  , quelques employées du foyer Mgr Gendron s'étaient réunies  à la maison familiale pour parler des conditions de travail qu'elles souhaitaient voir s'améliorer. Ma soeur Lynda, nouvellement diplômée en soins infirmiers, avait gracieusement offert le local de réunion... 


Après le départ de ces revendicatrices, j'avais demandé à ma mère d'où venait madame Gérard Lessard. À cette époque, toutes les femmes d'un certain âge  portaient le nom de leur époux. Souvenez vous : madame Charles-Edmond Lessard, madame Laurent Bouchard,,madame Ovila  Bouchard, madame Patrick Gauthier, madame Camille Boulianne , madame Toussaint Larouche, madame Philias Savard, madame Victorien Maltais  ... C'était ainsi.  



Ma mère m'apprit donc que cette dame portait le nom de Marie-Mance Champagne et qu'elle avait été éduquée par les religieuses.  D'où cette accentuation portée sur les r et ce langage châtié. Là, s'arrêta ma curiosité. De toute façon ma mère n'en savait pas plus. 




Les mémoires de Gérard Guay, colligés par son neveu Pierre-Julien Guay à Marcel  à Victor, ajoutent aujourd'hui à nos connaissances.  


Extrait 


"En avril 1940, le contracteur Éthier ne veut plus avancer de l'argent pour que les colons (de Colombier)  se procurent des marchandises. À l'assemblée coopérative, il est décidé que j'irai avec Omer Boudreault à Québec en m'embarquant sur le Bergeronnes Trader, une goélette de 75 tonneaux, pour essayer d'obtenir des avances. Nous visitons A. Simak qui avait l'habitude d'acheter du bois à Bergeronnes et Escoumins.
 Nous n'avons aucun trouble pour obtenir 5000$ et nous embarquons des provisions pour ce montant. 

Au couvent de Saint-Laurent de l'île d'Orléans, Marie-Alice avait connu sœur Sainte-Laure. Comme elle allait avoir un autre bébé, elle lui avait demandé d'essayer de lui trouver une orpheline assez grande pour l'aider un peu dans la maison. Après que nous avons fini nos affaires, j'appelle sœur Sainte-Laure et, dans l'après-midi, je vais au couvent où l'on me présente Marie-Mance Champagne de l'orphelinat de Rivière-du-Loup qui a accepté la proposition et qui veut bien venir avec moi pour essayer si on peut, elle nous rendre service et nous, lui servir de foyer. 


En descendant, la goélette s'arrête à Bergeronnes pour débarquer des marchandises. J'en profite pour visiter mes parents et ma famille et Marie-Mance m'accompagne. Nous rembarquons le soir même et le 8 mai, nous sommes à Sainte-Thérèse. Marie-Alice accouche cette même nuit de France et, pour faire plaisir à Marie-Mance, nous lui donnons aussi le nom de Ghislaine, sa sœur aînée."



Puisque la coopérative forestière et agricole de Colombier n'arrive pas à payer le salaire de son secrétaire ,  Gérard Guay et son épouse Marie-Alice Gauthier  seront de retour aux Bergeronnes avec leurs enfants , au printemps de 1941 . Marie-Mance Champagne qui fait toujours figure d'aidante familiale dans la famille de monsieur Guay, rencontrera Gérard Lessard, fils de Joseph ... et à la suite des hasards de la vie, vinrent:  Berthe, Jacqueline, Jacques, Betrand, Elizabeth, France, Francis et Serge . Une belle continuité pour la famille Lessard , au grand bonheur de madame Joséphine.   



Merci spécial à Carol Guay à Adrien à Victor, un ancien Bergeronnais  à la mémoire imparable.

Un événement qui ne fut pas sans bouleverser la vie des Lessard  (le Soleil, 12 mai 1983) 








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