Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

mercredi 23 décembre 2015

Made by Arthur Simard

Une pose typique à cet homme .
Coll. Stéphanie Simard- Guay FB

Si vous habitez au Bergeronnes , il y a de fortes chances que vous ayez devant les yeux un édifice, une maison, un chemin ,un  aqueduc qui devrait porter la mention : Made by Arthur.

J'avais pour monsieur Arthur Simard (à Henri et à Lumina Bruyère) , un respect infini... Respect que je garde encore aujourd'hui au fond de mon coeur et de ma mémoire. J'admirais son sens de l'observation, et surtout  l'esprit de répartie qui en découlait. Avec ou sans humour selon les cas, monsieur Arthur arrivait en  une phrase bien sentie à nous faire comprendre une réalité beaucoup plus complexe !

Je lui ai rendu visite alors qu'il était malade et diminué.J'étais accompagné de mon oncle Maurice Sirois. J'avais là, deux hommes qui avaient du passé à se raconter. Ils ont construit des quais, des maisons, des HLM , des bureaux de poste...Deux hommes à l'hiver de leur vie, deux hommes qui comme beaucoup d'autres ont gagné leur vie à la verticale. Je n'ai pas beaucoup parlé cette fois-là  et j'ai pu constater l'ampleur des ouvrages de mes prédécesseurs.


Made by Arthur , 1972.
Un jour, en 1993, monsieur Arthur entre chez-moi à Forestville. Il  était venu assister à une réunion des camionneurs artisans.Je lui demande s'il a facilement trouvé mon adresse. Il m'explique alors en regardant  par la fenêtre que la maison verte  à droite et l'autre en face, c'est lui qui les a construites.Et il m'apprend que ma maison est aussi son oeuvre ! Il est en terrain connu. Il avait creusé dans le coin. "Ta maison ,c'était un plan compliqué, des maisons à toit cathédrale, il y en avait pas beaucoup..." C'est comme ça que j'apprends que j'habite une maison  made by Arthur , 1970.

Cette journée-là,  il me dit au sujet du Québec : " Y'a pu d'enfants, Robert !|  Pour faire vivre sa terre, mon père, y' avait besoin d'un troupeau! " Arthur , vous voyez, ne creusait pas seulement dans le sol. Il était démographe.

Il a transporté du sable,du gravier,de la pierre, du bois, de la neige.Il a serré, soudé, peinturé, cloué , coulé. Et il a aussi certainement beaucoup aimé: 9 enfants , 6 filles et 3 garçons.



1975, Le Soleil


Dans le milieu des années  70, l'entrepreneur refait le réseau d'aqueduc dans le village de Bergeronnes. Un jour, il est au beau milieu de la fosse , un trou de 10 pieds de profondeur , et il se fait heurter par une immense rétrocaveuse. Résultat: clavicule brisés, côtes brisées, sternum fêlé et un bras immobilisé. Non seulement n'a t-il pas voulu rester à l'hôpital de Chicoutimi plus que le temps nécessaire à la mise en place du plâtre, mais le lendemain ,il trouvait le moyen de redescendre dans le trou pour diriger les travaux . Il était tellement engagé dans ce projet qu'il mangeait  sur place, son épouse Yolande lui apportait son lunch. Un homme consciencieux.


Un extrait d'un travail universitaire signé Anne -Marie Anctil, fille de Jacynthe , petite fille de Arthur,de Henri et puis de Joseph ...


"Contremaître c'est mon métier, je rêve même d'avoir ma propre compagnie et j'y arriverai. J'ai fini par construire la plupart des bureaux de poste que l'on retrouve sur le territoire de la Haute-Côte-Nord. Devant l'accomplissement grandissant de son mari, Yolande continue de faire la lessive."Le quotidien des amants" Anne-Marie Anctil (2011)
Arthur était un entrepreneur. Certains disaient même qu'il tenait du roi Midas, que tout ce qu'il touchait se changeait en or ! C'était peut-être un peu exagéré mais il faut quand même admettre que monsieur Arthur avait du flair .
Arthur et deux de ses  fils : Guy  et  Dominique . Les autres : Charles Lessard,
Augustin Bouchard et sur le quai improvisé , Alain Samson.
















J'en étais assez fier. D'abord , je suis un Bergeronnais qui habite une maison construite par un Bergeronnais , puis j'ai toujours eu beaucoup d'estime pour tout ce qu'il faisait , un respect tel que je lui ai volé son nom pour créer le Gala des Arthur. Pierre Rambaud croyait que je lui avais volé son nom de plume...Pas du tout ! 

 En signant Arthur dans Le Maillon (Le journal communautaire  du village), je signais pour les gens ordinaires, même chose pour le Gala , c'était destiné à des gens ordinaires. Pas aux magistrats ni aux notables, juste à ceux qui ont contribué à construire un pays en commençant par leur village, et qui souvent ne sont pas reconnus à leur juste valeur.

Voilà qui est fait en ce qui concerne monsieur Arthur, mon professeur de quincaillerie.





Voilà la cie !





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