Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

dimanche 13 décembre 2015

Légende: Le 1er arbre de Noël bergeronnais .

Quand Champlain s’arrêta au large de la Baie des petite  Bergeronnes en 1603, il vit de son navire, La Bonne Renommée,  des champs qui lui paraissaient être apparentés à ceux de sa contrée d’origine. Il aperçut des herbes qui semblaient de loin être trop près de la mer pour ne pas être salées ! 

Il ordonna  que dix hommes d’équipage se rendissent à terre et fassent une évaluation  des dites herbes.  Originaire de Brouage, petit port de Gascogne, où le sel était la monnaie d’échange, Champlain  vit là une occasion de récolter des herbes et de les faire sécher dans de grands bacs pour en retirer l’or blanc. Le sel était non seulement gage de prospérité, mais c’était aussi  la seule façon de conserver les viandes.

Mais voilà, qu'au retour des hommes, un matelot  manquait à l’appel.  Champlain ne pouvait attendre plus longtemps avant de lever l’ancre, la marée ne lui étant pas favorable. On abandonna l’homme à son sort.

Scots Ross, un Irlandais, avait fui l’Écosse à cause de toutes ces guerres de religions qui n’avaient cesse de bouleverser son pays d’origine. En s’embarquant avec Champlain, il savait ce qu’il faisait. Quand  il avait mis le pied à terre dans les champs salés de  Petites-Bergeronnes, il s’était  vite éclipsé dans la nature. Il savait au fond de son cœur que ce pays-ci serait désormais  le sien. Et il ne voulait avoir pour lui, ni roi, ni religion, ni loi.  La liberté seule était maintenant son maître.

Il devenait ainsi un Robinson. Mais il ne fut pas longtemps solitaire. 

Repéré par les indigènes, il fut  d’abord capturé, mais ceux-ci ne voyant en lui aucune acrimonie, ils  le firent défaire de ses vêtements par le sagamo et l’habillèrent à leur façon. On lui donna une fille à aimer. 

L’amour fut fécond. Ross accepta de vivre à la manière des sauvages et voulut rapidement avoir une descendance. Quand l’enfant vint au monde, il avait la peau pâle de l’Européen et  les yeux rieurs des Montagnais . Toute la tribu vint le voir. La curiosité se transforma vite en joie puisque l’enfant était né dans la nuit la plus longue. Ce qui voulait dire selon les  aînés, qu’il verrait  dans le noir comme un renard. 

Même s’il avait fui la religion, Ross se souvint que son père  décorait un arbre pour rendre hommage à la source de vie. Il demanda au Sagamo de lui rendre ses vêtements de toile, il les déchira en longs rubans, les tendit sur les branches d’un bouleau et  il mit en feu les dites guirlandes. 

Il célébra ainsi la naissance de son fils et son métissage. Le feu ayant consumé ce qu’il lui restait de son passé, Scots Ross pouvait maintenant se tourner vers l’avenir.  Depuis ce temps, la tribu célèbre la nuit la plus longue avec l’arbre de feu.                                  

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