Instant de vie chez les Bouchard

Instant de vie chez les Bouchard
Claude Mattheau, 2014

mardi 11 avril 2023

Le don de Robert

 

Je ne sais ni pourquoi ni comment exactement, mais Robert Larouche avait reçu un don. 

Je devais avoir neuf ou dix ans quand je me suis retrouvé dans une file de motocyclettes qui se dirigeait vers les terres des Simard en longeant la route 15 . Cette gang de petits motocyclistes qui ne devait pas, -même en additionnant leur âge et les centimètres cubes de leur mini-moto-, dépasser les 500 cc, paraissait être les chefs de l'accotement ! Dirigés par Robert,  notre moniteur d'un été trop court, nous nous apprêtions à aller vider la petite rivière qui traverse les champs d'Albert Simard ... La journée fut mémorable. 

Ce même été, le premier champ d'aviation de Rodolphe Pagé, situé sur l'actuel emplacement de la route 138, accueille de jeunes campeurs excités. Nous  dormirons dans d' immenses tentes de pionniers. Le sommeil ne nous accueillera que tard dans la nuit, après que Robert ait raconté une histoire abracadabrante dont la fin ne sera dévoilée que conditionnellement  à notre reddition : il fallait aller dormir, quitter le feu rassembleur et oublier les potentielles guimauves dont nous aurions pu nous empiffrer encore et encore... La nuit fut mémorable.

Tôt le matin, en une guirlande colorée, de jeunes adeptes du terrain de jeu marchent vers le cran du chemin de la croix. Du haut de ce promontoire, Robert nous fait voir le fleuve, la savane coupée en deux par un chemin de terre qui mène au quai et le foyer tout neuf qui accueille, pour plusieurs,  nos grands-parents. Sur ce territoire, disait-il, avait eu lieu la rencontre de nos ancêtres avec des indiens (les mots amérindien, autochtone ou Innu ne faisaient pas partie du vocabulaire en 1970). On  croyait notre moniteur sur parole. La croix érigée sur la petite montagne nous fascinait, ce n'était pourtant que l'union de deux petits bouleaux jaunes attachés avec de la corde à paquet . Mais nous l'avions fabriquée. Ce fut une matinée mémorable encore...

  Je déteste le dire, mais ni le camping ni la pêche ni le bricolage ne font partie de mes passions. Mais à quoi ont bien pu servir toutes ces activités organisées avec coeur et bienveillance par Robert et ses collègues du terrain de jeu ?

Je le répète, Robert avait un don, il savait partager avec enthousiasme de petits moments qui devenaient de magiques événements. Ça, oui, j'en garderai le souvenir. Le reste était accessoire.

Merci,  monsieur Robert.

5 commentaires:

  1. Beau témoignage, merci Robert ! Ce soir j’ai voyagé jusqu’à mon village !

    RépondreSupprimer
  2. Moi aussi j'ai voyager jusqu'à mon village que de beau souvenirs💞

    RépondreSupprimer
  3. Bon voyage mon ami , oui il avait un don , celui d’aimer , de comprendre et de ne jamais juger son prochain . Bon voyage mon ami

    RépondreSupprimer
  4. Comme toujours, tu sais bien raconter les événements, merci Robert…

    RépondreSupprimer
  5. Mon oncle Robert, toujours prêt à nous faire vivre des émotions. Émotions qui se traduisent très souvent en souvenirs.

    RépondreSupprimer